mardi 27 septembre 2011

Max de Marande


  • Historiettes de la cour et de la ville / Max de Marande.- Paris (27, rue Saint-Sulpice) : A la Cité des Livres, MCMXXV [1925].- 75 p. ; 20 cm.- (Fantaisies littéraires ; 2).
    • Ce livre, achevé d'imprimer le 18 décembre 1925 par Paillart à Abbeville, a été tiré à 1050 exemplaires : 5 exemplaires numérotés de 1 à 5, sur Japon ancien à la forme ; 15 exemplaires numérotés de 6 à 20, sur grand Hollande ; 100 exemplaires numérotés de 21 à 1020 sur vergé d'Arches ; et 30 exemplaires numérotés de I à XXX, hors commerce, sur papiers divers. Exemplaire n°10.


AU LECTEUR

J'ai la fortune de tenir d'héritage, rangés en bel ordre dans mon Cabinet de livres, dix Sottisiers manuscrits du dix-septième siècle et du dix-huitième. En ces cahiers in-quarto, demeurés brochés, et recouverts de leur vieux papier marbré, des générations ont noté au jour le jour les propos légers, réparties plaisantes, anecdotes galantes, que se contaient les courtisans de Versailles aussi bien que les bourgeois de Paris.

Les amis qui me font l'honneur de me venir voir sans façon, au moment que je suis occupé d'écrire et n'ai point loisir de causer avec eux, connaissent le coin des Sottisiers et ne manquent point d'y mettre le nez afin de se divertir par la lectures de ces historiettes. L'amusement qu'ils y prennent me donne envie d'y convier un plus grand nombre de lecteurs, car on ne doit point en ce monde être avare de ses richesses, mais en faire largement profiter la multitude.

Ma bibliothèque est malheureusement trop exiguë pour que le public y vienne fureter à loisir. Je me vois donc obligé de l'aller trouver chez lui, par le moyen de ce petit livre, butiné dans l'un de mes Sottisiers.

Chaque historiette formant un tout, il me paraît superflu de les ordonner suivant le temps, le genre, ou le personnage. On n'en lira guère que quatre ou cinq à la fois, au hasard des circonstances, dans les endroits où l'on a quelques instants à perdre et où il est loisible de s'abandonner à la gaieté, propre à notre nation et salutaire à notre nature, suivant le précepte de Rabelais, qui fut aussi bon médecin que conteur, et dont l'enseignement peut se résumer ainsi :

Mieux est de ris que de larmes écrire,
Pour ce que rire est le propre de l'homme.