jeudi 25 juin 2009

Franz Hellens (1881-1972)


  • Les Clartés latentes : vingt contes et paraboles / Franz Hellens ; [préface de Camille Lemonnier].- Édition définitive.- Bruxelles (12, Place du Petit-Sablon) : La Renaissance du Livre, 1943.- 280 p. ; 19,5 cm.
    • Il a été tiré de cet ouvrage, dix exemplaires sur papier japon nacré, numérotés de 1 à 10 et douze exemplaires sur papier pur fil Lafuma numérotés de 11 à 22. Exemplaire n°4.

NOTE DE L'ÉDITEUR

Bien que le présent ouvrage ait eu plusieurs éditions, il reste à peu près inconnu d'un certain nombre de lecteurs attentifs à l'œuvre de Franz Hellens, lesquels s'attachent de préférence à un aspect de cet écrivain, plus violent et plus imprévu. Alors que la plupart des romans et recueils de nouvelles de l'auteur des Hors-le-Vent ou de Mélusine se recommandent par une certaine âpreté de sentiment et de langage, et par un tour d'esprit quelquefois déroutant, Les Clartés latentes au contraire font entendre une note, ou plutôt une mélodie dont le thème n'a guère été exploité depuis l'époque où ce livre fut publié, et qu'on ne retrouve que par éclairs dans d'autres récits du même auteur, comme Le Naïf ou Frédéric.

Les Clartés latentes est le troisième ouvrage de Franz Hellens. La première édition parut en 1912 et fut très favorablement accueillie. Désorientée par la fougue un peu désordonnée des Hors-le-Vent, le premier livre important de l'auteur, la critique crut discerner dans cette œuvre nouvelle une direction d'esprit et de forme plus accessible et plus heureuse, et le renoncement à un pessimisme qui semblait ne vouloir tailler que dans le plus noir. En réalité, l'auteur ne cherchait qu'à opposer, non pas deux tendances, mais deux points de vue qui devaient lui permettre d'embrasser d'un seul coup d'œil toute la journée, toute la gamme des ombres et des lumières, entre le matin et le soir.

Le succès des Clartés latentes fut marqué par l'attribution à son auteur du prix de la Libre Académie de Belgique (Fondation Picard), qui représentait à cette époque à peu près ce qu'était en France, sur une plus grande échelle, le prix Goncourt. Ce fut Camille Lemonnier qui défendit l'ouvrage devant l'assemblée, dans une courte allocution dont nous reproduisons le texte. Ce morceau fut inséré dans la deuxième édition (1914) et repris dans l'édition de la Cambre (1932).

Il nous a semblé, non seulement que ces « contes et paraboles » n'ont rien perdu de leur fraîcheur première, mais qu'ils ont gardé, après tant d'années, un caractère d'actualité. Cette actualité ne leur vient pas de l'époque où nous sommes, qui aspire désespérément à la lumière et à une discipline dans les idées et dans le style ; ils la portent en eux-mêmes et l'imposent en quelque sorte par leur sobre tenue et l'optimisme dynamique de la pensée qui les anime. Le merveilleux dont ils s'entourent est essentiellement humain dans sa forme légendaire. L'homme y apparaît en même temps soumis aux lois naturelles et réagissant au miracle, racle, se surpassant après avoir douté de lui-même ou langui dans la paresse ou l'habitude. Un énorme besoin d'action et de réalisation désintéressée se manifeste dans tout l'ouvrage, en même temps qu'une confiance absolue dans un destin à la fois simple et prodigieux. Tout cela dans un cadre naturel rempli par le rythme de la journée et des saisons. C'est ce qu'un critique de l'époque, Camille Vettard, exprimait en ces termes dans une note de la Nouvelle Revue française : « Dans Les Clartés latentes, ce qui transparaît surtout, c'est le sentiment de la beauté du monde, de la magnificence et de la bonté de l'être. » R. d. L.