mardi 9 mars 2010

Louis Petit de Bachaumont (1690-1771)


  • Anecdotes piquantes de Bachaumont, Mairobert, etc., pour servir à l'histoire de la société française à la fin du règne de Louis XV : 1762-1774 / avec des notes et une table bio-bibliographique publiées par Jean Gay, Membre de l'Institut national de Genève, section des Sciences morales et politiques.- Bruxelles : Gay et Doucé éditeurs, 1881.- III-320 p.-[1] f. de pl. en front. ; 19,5 cm.



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AVANT-PROPOS

Une dame Doublet réunissait chez elle une société de gens de lettres, parmi lesquels on remarquait Voisenon, Piron, Bachaumont, etc. Ce dernier avait rédigé de 1762 à 1771, année de sa mort, une manière de journal historique et littéraire fort intéressant, qui fut continué par d'autres littérateurs de la même société.

En 1777, furent publiés les 6 volumes écrits par Bachaumont, ainsi que les compléments pour les années suivantes. Le Recueil de Bachaumont offre l'image, prise sur le vif et au jour le jour, de la société française dans la période qui précéda de quelques années la Révolution. On y voit s'agiter cette aristocratie sceptique, libertine et vaniteuse, provoquant par ses vices la haine d'un peuple opprimé ; jouant avec les idées des philosophes, par mode et pour se distraire, sans pressentir la terrible révolution qui devait anéantir pour l'avenir ses privilèges et amener le règne de la démocratie.

Les premières éditions des Nouvelles à la main de Bachaumont parurent sous le titre de Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la république des lettres en France depuis MDCCLXII jusqu'à nos jours, ou Journal d'un observateur, contenant les analyses des pièces de théâtre qui ont paru durant cet intervalle ; les relations des assemblées littéraires ; les notices des livres nouveaux, clandestins, prohibés : les pièces fugitives, rares ou manuscrites, en prose et en vers ; les vaudevilles sur la Cour ; les anecdotes et bons mots ; les éloges des savants, des artistes, des hommes de lettres morts, etc. Le continuateur de Bachaumont était Mathieu François Pidansat de Mairobert, ancien secrétaire du roi, secrétaire des commandements du duc de Chartres, et censeur royal.

Après lui, Moufle d'Angerville se chargea de la suite des Mémoires secrets.

En 1830, M. Ravenel entreprit de donner une nouvelle édition annotée des Mémoires secrets ; mais il dut s'arrêter au quatrième volume. Cette édition intéressante par ses notes, est malheureusement un peu châtrée.

M. Paul Lacroix, le célèbre bibliophile Jacob, donna, en 1874, une nouvelle édition des Mémoires secrets de 1762 à mai 1771. Cette nouvelle édition a l'avantage d'être contenue en un volume in-12 ; plusieurs essais d'abrégés des ces Mémoires parurent, l'un en 1788, sous le titre : Choix des Mémoires secrets de Bachaumont, publié par Chopin de Versey, Londres, 2 volumes in-12 ; les autres : la Chronique scandaleuse, l'Espion des boulevards, le Journal des gens du monde, les Anecdotes du dix-huitième siècle, la Correspondance littéraire, politique et secrète, les Mémoires de Bachaumont, publiés par J. T. Merle (en 1808, 2 volumes in 8.)

La publication des anecdotes de Bachaumont avait été annoncée dès 1740 sous le titre de Nouvelles à la main ; elles ne parurent seulement qu'en 1762 sous le titre de Mémoires secrets, etc.

Une grande partie des anecdotes renfermées dans les Mémoires secrets de Bachaumont ne sont d'aucun intérêt aujourd'hui pour les curieux ; elles concernent des pièces dramatiques d'existence éphémère, pour la plupart, de petits scandales de gens inconnus de nos jours et ne méritant pas de l'être, de cancans de boudoirs, de suppositions et de négations. Toutefois, au milieu de ces potins, on trouve de-ci, de là des anecdotes vraiment curieuses et qu'il serait fâcheux de laisser tomber dans l'oubli ; ces anecdotes recueillies séparément sont d'une lecture facile et forment un tableau piquant des moeurs françaises à la fin du dix-huitième siècle.