jeudi 10 janvier 2013

Stendhal (1783-1842)


  • Lettres érotiques / de Stendhal et de Prosper Mérimée.- A Paris : Au Cercle du livre précieux, MCMLIX [1959].- 52 p. ; 21,5 cm.- (L’Écrin secret du bibliophile ; 7).

    • Ce livre, le septième de la collection "l'écrin secret du bibliophile", publié sous la direction de Jacques Haumont, a été composé en Bodoni romain corps 8 et tiré à mille cinq cents exemplaires, numérotés de 1 à 1500, sur vélin pur chiffon des papeteries Johannot, par Jean Crès et fils, imprimeurs, à Paris. Il a été tiré en sus quelques exemplaires de collaborateurs marqués H.C. Exemplaire .... Sous étui réunissant les numéros 6 à 10 de la collection.

NOTICE.

Ce petit volume est formé, pour une part, de lettres éparses dans les recueils de Correspondances de Stendhal et de Mérimée, mais surtout de lettres qui, ayant paru seulement en revue, sont d'une insigne rareté.

Nous ne saurions mieux le présenter qu'en citant quelques lignes d'Henri Martineau, le plus grand et le plus sensible connaisseur de Stendhal, publiées dans la revue Fontaine (décembre 1945) :

« Feuillets précieux, sans nul doute, mais d'un ton assez vif pour scandaliser à l'extrême les âmes prudes du dernier siècle, si, par hasard, on avait tenté de les leur faire connaître. Aujourd'hui, il est vrai, on devrait user de toutes autres expres­sions si l'on entendait effaroucher les lecteurs des plus fameux romans contemporains. Nous n'avons donc pas à plaider afin de faire admettre les termes parfois épicés, dont l'auteur de Colomba, écrivant sous le couvert d'un pli cacheté, se ser­vait sans gêne quand il s'épanchait devant un petit nombre de ses amis hommes. dont Stendhal.

« Reste que cette correspondance est bien révé­latrice de la nature intime de ces deux amis. On n'apprendra rien à personne en disant qu'ils étaient au fond doués tous les deux d'un sentimentalisme absolument désuet et qu'ils en étaient imbus à ce point ridicule de pudibonderie qu'ils préféraient affecter la plus grossière attitude plutôt que de se laisser l'un à l'autre deviner. Toujours, ils se sont joué la comédie. Ainsi affichaient-ils en publie le cynisme le plus effronté, tout particulièrement quand ils parlaient des femmes et des choses de l'amour.

« Mérimée, au surplus, était tellement possédé de la fureur de conter que plus d'une fois, on le devine, l'instant présent n'avait de charme à ses yeux que parce que l'homme de lettres, qui en lui ne s'endormait jamais, songeait en vivant une aventure aux belles narrations qu'il en ferait sous peu à ses amis et à ses amies. Trois fois, quatre fois, la même histoire, il lui arriva de la narrer à des lecteurs différents. Il affectionnait d'en tirer, par surcroît, cette philosophie désenchantée, sèche, amère, burlesque, souvent triviale et volontiers obscène qui résumait sous sa plume l'image qu'il se faisait du inonde et des hommes. »

« Dans cette correspondance si couramment inci­sive, Mérimée ne s'épargne jamais lui-même. Irré­vérencieux envers tous ceux qui lui fournissent une anecdote bien scandaleuse ou dont il rapporte quelque trait de malice noire, il livre, en outre, à ses futurs biographes quantité de renseigne­ments sur sa propre existence, de petits faits vécus et de réflexions primesautières, de quoi en somme enrichir sur plus d'un point la connaissance que nous avions déjà de l'homme et de l'écrivain.

« Encore y faut-il prendre garde, tant la viva­cité du récit et la verdeur du langage emportent aisément le lecteur dans un mouvement irrésistible et d'un extrême amusement. »