jeudi 31 janvier 2008

Henri de Régnier (1864-1936)


  • Le Paradis retrouvé : contes choisis / Henri de Régnier, de l'Académie française.- Paris (232, boulevard Saint-Germain) : Maurice d'Hartoy éditeur, 1937.- 139 p. ; 16,5 cm.- (Coll. Les Maîtres du style).
    • Il a été tiré de cet ouvrage constituant l'édition originale, 5 exemplaires sur japon impérial numérotés de 1 à 5 ; 10 exemplaires sur pur fil Lafuma numérotés de 6 à 15 ; et 5000 exemplaires sur Alfa mousse des papeteries Navarre.
    • Le présent ouvrage est vraisemblablement le dernier que l'illustre et regretté maître Henri de Régnier de l'Académie française mort le 23 mai 1936 ait confié à un éditeur.

mercredi 30 janvier 2008

Félix Bovie



  • Chansons / Félix Bovie ; publiées au bénéfice de pauvres par la Société vocale d'Ixelles, avec dessins de MM. Billoin, de Schampheleer, Ad. Dillens, Fourmois, Ghémar, Gosselin, Kindermans, Lauters, Musin, Quinaux, Seghers, J., Simonau, Stroobant, Taymans, Van Seben, Van Severdonck, etc., etc., musique de MM. Ermel, Auguste Greyson et Huberti, et préface de MM. Emile Greyson, Ch. de Coster et Victor Lefebvre.- Bruxelles (30, boulevard du Midi) : Typographie et lithographie de J. Gouxeloos, 1864.- 150 p.-[26] f. de pl.-[22] p. de musique notée ; 27 cm.


PREFACE de Victor Lefebvre

DONTJES DE FÉLIX BOVIE.


çuilà qui veut pas voir a qu'à fermer ses yeux.
LUPPE CRAWAE.

Jan Vermillon ! on va impremer les dontjes de Félix Bovie ! Quois'que les curés vont dir' à c't'heur' ? Les ceus' qui chant'ront ces dontjes-là y s'ront verdoumpt et y z'iront tout droit en enfer, L' champêtr' de Steenockerzeel s'ra p'têt' fâché aussi là contr' ? Mo quois'que ça fait ? On est libr' de dir' quois'qu'on pens' et quois'qu'on veut, n'est pas ? Les êvêqu' y disont bien que les ministr' c'est des...... libéraux !

C'est toch un vise cadé que Félix Bovie, stu ? Il a si tant d' l'esprit, si tant de l'immagination, qu'on est comm' stoumaké quans' qu'on rentend ses dontjes. Les chiens y z'aboyont, les fleurs y sentont et les oiseaux y chantont tout seuls sans avoir appris ; ha bien ! Félix fait des dontjes comm' ça..... Y gn'ia quet' chose qui vient dans s' n'idée, et subit' y récrit des mots comm' des chansons. Des faiseurs d'embarras d' maîtr' d'école disont qui gn'ia des faut' dedans, mais c'est, Jan Demme, si beau qu'on régard pas après ça. Quans'qu'on mang' du kramik, c' qu'on pens' que les boulangers avont stampé avec leurs sales pieds dans l' farin' ? Y gn'avait d'jà longtemps que Bovie faisait des si belles dontjes. On voulait qui v'nait de tous les côtés, on oûrait bien donné des argents blancs pou l' entendr', et tout l' mond' demandait qui f'rait impremer ses chansons. Mo Félix avait toujours l'air de dir' comm' ça : Och ! ça est bon pour chanter à un dîner quans' qu'on a bu un verr' de vin ou deux trois, et v'là tout ! Des avocats disiont que Félix savait pas quoisqu'y faisait et qui gn'avait bien des ceus' qu'avont l' croix d'honneur et qui savont pas fair' des choses comm' lui.....

AIR : Larifla, fla, fla, etc.

Toujours on lui d'mandait
Qu'un' fois y donnerait
Pour qu'on les imprem'rait
Les chansons qui faisait.

Mo Félix répondait
Qu'avec lui on riait,
Que tout' ses chansonnett'
Valiont pas un' plaquett' !
Larifla, fla, fla, etc.

Oué mo, un' fois qu'on était à chiquer à l' Socheté Vocal' dIxell', Bovie avait chanté des si bell' dontjes que tous ses camerad' pleuriont comm' des bèt'..... Alours on a crié : Félix, tu faux nous donner tout' vos chansons, et nous autr' on les f'ra impremer. On s'ra fier de dir' que tu es de notr' Socheté, et on veut que notr' pays sait que tu as si tant de l'esprit que c'est pas pour dir'..... Alours Bovie a commencé à croir' que ses dontjes valiont bien un' plaquett' et y s'a laissé à dir'.... C'est toch vrai que si la Socheté Vocal' d'Ixell' avait pas dit : On veut fair' un livr' avec tes chansons, y z'auriont p'têt' été perdues, et on oûrait pas su que, si il avait fait des p'tit' farç' pour rir', il avait aussi composé des chos' qu'on soûra pas roublier. — Et la Socheté Vocal' va fair' impremer les chansons de Félix Bovie pour donner 1'bénéfic' à les pauvr' d'Ixell'. Quans' que Félix a ça su, il a dit :

AIR : Te souviens-tu, etc.

Ah bien ! c'est bien ! allez à l'imprem'rie,
Et fait' tirer tout' mes chansons dihors.
Moi, pour m' part, j'en prends un' bonn' partie
Que j' veux payer avec des pièc' en or.
Je sais pas bien si je f'rai toujours rire,
Parc' qu'ojord'hui on devient si vit' vieux !...
Mo j' s'rai bien ais' que dans m' coeur j' pourrai dire :
Mes dontjes ont aidé des malheureux !

Coco Lulu.
Décembre 1863.

mardi 29 janvier 2008

Jean Moréas (1956-1910)


lundi 28 janvier 2008

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)


  • Les Femmes de Toulouse-Lautrec / Michel Melot.- Paris (22, rue Huyghens, 14e) : Albin Michel, 1985.- 143 p. : ill. en noir et en coul., couv. sous jaquette ill. en coul. ; 29 cm.- (Les albums du Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale ; 5).
    • ISBN : 2-226-02504-4.

dimanche 27 janvier 2008

Jules Chéret (1836-1932)


  • Jules Chéret : divertissements / texte de Marc Johnson ; préf. de Jean Forneris.- Lausanne, Paris : Bibliothèque des Arts, 1983.- 66 p. : ill. en coul., couv sous jaquette ill. en coul. ; 20,5 cm.- (Rythmes et couleurs. 2ème série ; 14).
    • ISBN : 2-85047-036-8


samedi 26 janvier 2008

Patrice Boussel


  • Erotisme et galanterie au 19e siècle / Patrice Boussel.- Paris (229, boulevard Saint-Germain, 7e) : Berger-Levrault, 1979.- 101 p. : ill., couv. ill. en coul. ; 28 cm.- (L'Univers de la photographie).
    • ISBN : 2-7013-0264-1

vendredi 25 janvier 2008

Henri de Régnier (1864-1936)


  • Le Veuvage de Schéhérazade / de Henri de Régnier de l'Académie Française.- Liège (14, avenue Reine-Elisabeth) : A la Lampe d'Aladdin, 1926.- 50 p. ; 16,5 cm.- (A la Lampe d'Aladdin ; 6).
    • Il a été tiré de cet ouvrage, le sixième de la collection "A la lampe d'Aladdin" 1 exemplaire unique sur vieux Japon portant le n°1. 20 exemplaires sur papier du Japon, numérotés 2 à 21. 40 exemplaires sur papier Madagascar des papeteries Navarre, numérotés 22 à 61. 300 exemplaires sur papier vergé baroque thé, numérotés 62 à 361. Il a été tiré en outre, 35 exemplaires sur vergé baroque crème, numérotés en chiffres romains I à XXXV, réservés à M. Herbillon-Crombé, libraire à Bruxelles.
    • Achevé d'imprimer le 9 juillet 1926 sur les presses des Artisans Imprimeurs, sous la direction technique de F. Lefèvre, 23, rue de la Mare, à Paris (XXe), pour les Editions de la Lampe d'Aladdin, P. J. Aelberts et M. Dethier, directeur, 14, avenue Reine Elisabeth à Liège, Belqique.
    • Il a été tiré 24 exemplaires hors commerce tous numérotés et signés par l'éditeur, ainsi répartis : 3 ex. sur Hollande Van Gelder teinté, numérotés 1 à 3. 6 ex. sur Madagascar des papeteries Navarre, numérotés 4 à 9. 15 ex. sur vergé baroque thé, numérotés 10 à 24. Exemplaire H. C. N°....

jeudi 24 janvier 2008

Emile Verhaeren (1855-1916)


  • Pages belges / Emile Verhaeren ; préface d'André Fontaine.- Bruxelles (12 place du Petit Sablon) : La Renaissance du Livre, 1926.- 208 p. ; 18 cm.

PRÉFACE

La vertu cardinale de Verhaeren? Celle où s'avère, dans ses pages les plus rapidement écrites, son quotidien génie ? Le don de soi.

S'il écrit, il accueille, s'ouvre et se livre ; la claire lumière de sa pensée surtout s'impose : car, en un tel don de soi, nul sentimentalisme. L'émotion s'intellec­tualise, puis, intellectualisée, cristallise en poésie —voire en prose. De la souffrance physique, méthodi­quement et douloureusement cultivée jusqu'à devenir totale raison d'être et de produire, s'engendrent les Soirs, les Débâcles, les Flambeaux noirs : le don des nerfs. — Soudain se révèle l'humanité militante qu'avait comme cachée au poète son individualisme morbide : il se donne à elle, et, en elle, à nous ; naissent alors les Villes tentaculaires, les Forces tumul­tueuses, le Cloître. — Puis, par delà l'or, le sang, les révoltes, grâce même aux fléaux et aux crimes, se perçoit enfin, dans la beauté de comprendre et d'aimer, l'impérieuse signification de l'existence. La sincérité intellectuelle du penseur s'exalte en hymne de sereine raison ; en nous autant qu'en lui, le poète — qui décidera si c'est ou non poésie pure ? — s'enchante de la multiple splendeur des hommes et des choses, de la divine variété des heures, de la souveraineté du verbe, de la flamme d'infini intensément projetée sur le mystère des futurs : don de beauté et d'amour, don total de l'esprit et du coeur.

Certes, de tous ses pairs, Verhaeren se distingue essentiellement par ce surprenant don de soi, étant bien entendu que nul vraiment n'est soi s'il ne s'est épuré de toute joie ou de toute tristesse qui ne se peu­vent transposer en pensée.

Or (sachons-le bien) le poète qui à ses impressions enroule harmonieusement son système d'abstractions, le poète que désormais les hommes connaissent par son seul aspect d'éternité, a été un homme de la rue, s'attar­dant aux mêmes spectacles que le badaud — quoique réagissant différemment. Le matin, il s'est distrait de sa discipline rythmique en lisant les vers ou le roman nouvellement paru d'un confrère ; dans la journée, il a visité des expositions, des ateliers amis ; le soir il est allé entendre Ernesto Rossi ou Mallarmé, Mounet-Sully ou Verlaine de passage à Bruxelles ; selon l'occasion, il s'est assis au théâtre près du financier, du fonctionnaire ou de l'employé. Et le lendemain, pour cinq centimes, le premier venu a pu apprendre par la Nation quel frisson intellectuel avait ému l'homme comparable aux plus grands. Dans tel geste du comédien il avait saisi une signification inédite de l'être, dans telle ligne du dessinateur une aperception neuve du monde moral, dans telle page du poète un écho moderne du vieux cri des souffrants ; et ainsi, de ce qui était entré en lui et devenu sa substance, il avait extrait pour la foule une nourriture spirituelle.

Mais la foule une fois rassasiée, le journal, la revue même disparaissaient, abolissant dans leur ruine la parole éphémère du poète. Ses livres restent : soit ! Que ne donnerait-on pas aujourd'hui pour savoir ce que tel jour, à telle heure, ressentirent Pascal ou Chénier, Racine ou Hugo en présence de tel texte de Montaigne ou d'Homère, d'Euripide ou de Shakes­peare ? Si tel acteur de génie put émouvoir l'un ou l'autre, quelle trace inscrivit dans leur pensée la pensée dominatrice, traduite en personnelle beauté ? Ce que nous ne pouvons imaginer, quand nous nous représen­tons en esprit Descartes, Corneille ou Molière, nous le savons exactement lorsqu'il s'agit de Verhaeren, et par là nous percevons mieux l'homme qu'il fut. Or, chez lui, le poète jamais ne se sépara de l'homme, précisément parce qu'il se donnait. Il y a donc une sorte de nécessité littéraire à recueillir avant qu'il soit trop tard, dans les papiers peu résistants, l'expression première, parfois embroussaillée, mais toujours spon­tanée et vibrante, des admirations et des haines d'idée, où s'élabora chaque jour sa pensée progressante.

Rien presque n'est négligeable de ce qu'il a écrit, même dans des quotidiens comme l'Europe où, dès 1882, il célébrait lyriquement Hugo (« il est Ézéchiel, il est Dante, il est Shakespeare »), comme la Nation où, dix ans plus tard, il se révélait critique dramatique digne des oeuvres sublimes qu'il étudiait à travers le jeu des Rossi et des Mounet-Sully. — Écrivain d'art, il l'a été partout et toujours, dans les plaquettes sur Heymans ou Fernand Khnopff destinées à quelques amateurs, comme dans ses ouvrages, plus largement répandus, sur Rembrandt ou James Ensor. Encore étudiant à Louvain, il relate fiévreusement à son ami joseph Nève, de la gare de Termonde où il attend la correspondance de St-Amand, ses admirations un peu enfantines devant une exposition de tableaux de Gand. Bientôt après il trouvera sa vraie voie : la lutte. Son premier salon, sauf erreur, paraît le 28 avril 1883, dans le « numéro de combat » de la Jeune Belgique ; quelques jours plus tard il donne à l'éphémère Revue moderne dirigée, elle aussi, par Max Waller, un article ardent où s'affirme son tempérament. Depuis lors, il ne cesse de batailler pour l'art jeune contre la routine académique, apportant à l'étude des œuvres plastiques un œil délicat, un sens profond de la lumière, de la couleur et de la forme, enfin la vigueur passionnée d'un style parfois exaspéré...

Un jour, sans doute, quand il apparaîtra définitive­ment que le poète se classe parmi les plus voyants des prophètes, on sera bien obligé de réunir, dans une douzaine d'épais volumes, ses proses éparses à travers petits et grands journaux, revues de jeunes ou pério­diques noblement titrés. Elles expliquent, gloses lucides, tout ce qui, dans les vers, étonne. On ne trouvera ici que les pages les plus caractéristiques consacrées à la Belgique. Encore s'est-on restreint aux primesautières impressions, presque aux intuitions : cela suffit, il est vrai, pour établir qu'il y a trente et même quarante ans, Verhaeren parlait de Stéphane Mallarmé ou de George Minne, encore adolescent, ou de James Ensor, presque enfant, comme parle d'eux aujourd'hui la jeune géné­ration. Mais les études d'ensemble sur les écrivains et les artistes, les conférences sur les lettres belges, sur l'esprit belge, sur les carillons de Flandre, les descrip­tions savoureuses des hameaux préférés, des villes de prédilection, ont été réservés pour un volume où l'écrivain apparaîtra synthétisant. Aujourd'hui nous avons simplement suivi dans sa vie de chaque jour le Verhaeren discutant ses sentiments et, pour ainsi dire élaborant, au contact des intelligences extérieures, sa pensée personnelle si précieuse à l'humanité. Le drame même n'y manque pas, puisqu'un jour, au milieu d'enfants, il prononça des paroles qu'il avait voulues simples et que les événements firent solennelles, à la façon d'un testament : le 31 juillet 1914, à la veille de quitter sa patrie pour ne plus la revoir, il disait à la jeune génération — qui ne l'a point oublié — ce qu'était vraiment la Belgique, ce qu'elle serait un jour, ce qu'elle a continué d'être d'août 1914 à novem­bre 1918, dans la détresse et dans la gloire.

En recueillant ces pages, j'ai songé sans cesse à l'éclatant hommage que rend chacune d'elles à la grandeur belge. C'est dans cet esprit qu'elles doivent être lues par ceux qui voudront s'associer à la pensée de Verhaeren. Si quelques-uns ne parviennent pas à le suivre dans ses plus hautes spéculations poétiques, il n'est personne qui ne s'associe à son amour si simple de sa terre, de tant de nobles esprits flamands ou wallons, de tant d'œuvres de beauté wallonnes ou flamandes.

André FONTAINE.

mercredi 23 janvier 2008

Paul Margueritte (1860-1918)


  • A la mer / Paul Margueritte ; illustrations de Henri A. Zo gravées sur bois par Gaspé, Piselli, etc.- Paris (85, rue de Seine) : Librairie de la collection des dix-A. Romagnol éditeur, 1906.- 62 p.-[8] f. de pl. : ill., couv. ill. ; 21,5 cm.- (Collection de l'Académie Goncourt).
    • Justification du tirage à 350 exemplaires numérotés. Grand format, n°1 à 20 : 20 exemplaires format in-8° jésus, sur papier Japon ou Chine, avec trois états des gravures sur bois, savoir : état sur Japon pelure, tirage fait à la main par le graveur ; état avant la lettre et état avec la lettre. Petit format, n°21 à 150 : 130 exemplaires format in-8° soleil, sur papier de Chine ou vélin de cuve, avec deux états des gravures sur bois. N°151 à 350 : 200 exemplaires format in-8° soleil, sur papier de cuve, avec un seul état des gravures. [Exemplaire] n°192.

mardi 22 janvier 2008

Edmond Bonnaffé


  • Physiologie du curieux / par Edmond Bonnaffé.- A Paris (18, rue Séguier) : chez Jules Martin, successeur de A. Aubry, MDCCCLXXXI [1881].- 46 p. ; 20 cm.
    • Tiré à 600 exemplaires numérotés : 580 sur papier vergé pur fil. 15 sur papier japin. 5 sur parchemin. [Exemplaire] n°332.

lundi 21 janvier 2008

Curiosité


  • La Confession publique du brocanteur : Aventure extraordinaire, arrivée au mois de Novembre 1769, sur un Vaisseau parti de l'Amérique pour Saint-Malo. Elle est rapportée fidellement par M*** qui y étoit présent, suivant le manuscrit que l'on a retrouvé dans ses papiers.- A Amsterdam, 1776.- Paris (154, boulevard Malesherbes, 17e) : Georges Andrieux, 1936.- 48 p. ; 19,5 cm.
    • Exemplaire n°I imprimé spécialement pour Monsieur et Madame de Ortega. Hommage de Georges Andrieux, expert, 154, boulevard Malesherbes, Paris XVIIe. Souvenir de la vente Foulché-Delbosc, hommage de l'expert,G. Andrieux.
    • Aux Abonnés du "Bulletin des Enchères", qui m'ont permis, grâce à leur souscription, d'établir des catalogues que je n'aurais pu éditer sans leur concours.
    • Pour ne froisser personne tous les exemplaires de cette édition de luxe à tirage très restreint portent le n°I.

dimanche 20 janvier 2008

Arthur Rackham (1867-1939)


  • Arthur Rackham / edited by David Larkin ; introduction by Leo John De Freitas.- Toronto, New York, London : A Peacock Press-Bantam BooK, 1975.- n.p.-40 f. de pl. en coul. : ill., couv. ill. en coul. ; 30 cm.

samedi 19 janvier 2008

Hiroshige (1797-1858)


  • Hiroshige : un impressionniste japonais / Marianne Grivel.- Paris (22, rue Huyghens, 14e) : Albin Michel, 1984.- 119 p. : ill. en noir et en coul., couv. sous jaquette ill. en coul. ; 29 cm.- (Les albums du Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale ;1).
    • ISBN : 2-226-02172-8.

vendredi 18 janvier 2008

Carl Larsson (1853-1919)


  • Carl Larsson / H. C. K., Stig Ranström ; trad. de l'allemand par Denis Messier.- Paris : Chêne, 1979.- 104 p.-dépl. : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 22 cm.
    • ISBN : 2-85108-231-0


jeudi 17 janvier 2008

Charles Nodier (1780-1844)


  • Franciscus Columna / Charles Nodier ; prélection de Clément Janin.- Paris (9, galerie de La Madeleine) : La Connaissance, MCMXXVII [1927].- 55 p. ; 20 cm.- (Le Rayon du Mandarin ; 4).
    • Le Rayon du Mandarin est une collection de volumes littéraires, établie pour le plaisir des Lettrés et Bibliophiles, par René-Louis Doyon, mandarin, et imprimée sur la maquette et par les soins de Charles Nypels maître-imprimeur à Maastricht (Hollande). Chaque volume comprend une prélection inédite. Chaque série comporte sept volumes qui sont tirés à 30 exemplaires sur papier van Gelder Zonen et 600 exemplaires sur vergé teinté de G. H. Bührmann. Le présent volume : Charles Nodier, Franciscus Columna, dont la prélection est de Clément Janin, fait partie de la première série sous le n°IV. Exemplaire justifié : 188.

PRÉLECTION DE CLÉMENT JANIN

CHARLES NODIER ? Un grand torse monté sur deux longues jambes, une tête fine, un visage souriant, un oeil malicieux, un esprit toujours en éveil, une curiosité qui ne se lassait jamais, une vaste érudition, un amour sérieux de la langue française, le goût de la page brève et vive, l'aver­sion du livre quand il s'agissait des siens, la passion du livre quand il s'agissait de celui des autres.

Voilà Nodier, en raccourci. Jules Janin en a fait un portrait fidèle dans son feuilleton nécrologique du 5 féfrier 1844 (Journal des Débats), feuilleton qui fut reproduit, à peine modifié, contrairement à l'habitude du critique, dans la préface à l'édition de Franciscus Columna ( Galerie des Beaux Arts, Techener et Paulin, 1844), puis repris, remanié et considérablement augmenté, dans le tome V de l'Histoire de la Littérature dramatique. C'est dans ces dernières pages que le bibliophile Janin parle du bibliophile Nodier :

« Sa passion pour les vieux livres avait remplacé toutes les passions de sa tête et de son coeur, et même au fond de cette ardeur à découvrir les pages brillantes du temps passé, il mêlait, faut-il le dire ? une certaine prévoyance. ...Plus d'une fois, non sans peine et sans regrets, il mit en vente sa chère et douce bibliothèque. « Amis, disait Scaliger, voulez-vous connaître un des grands malheurs de la vie, eh bien, vendez vos livres ! »

« Charles Nodier poussait la vente jusqu'au stoïcisme. Il paraît son livre avec le zèle et le soin de M. Grolier lui-même, à ce livre, ressuscité par sa tendresse infinie, il ajoutait son chiffre et son nom, il le décrivait dans son catalogue (et le cata­logue aussitôt devenait un charmant, un savant livre), enfin, le bel exemplaire appartenait au dernier enchérisseur... Il se contentait de gagner un peu d'argent à vendre ainsi ses plus rares dé­couvertes dans les hasards de la bibliographie et, vendu la veille, il rachetait le lendemain. »

Ceci est très exact. Nodier avait, au plus haut degré, la « fureur » bibliophilique, ce qui ne l'em­pêcha pas de faire deux ventes de son vivant. Nous reconnaissons à ce trait le bibliophile de la toute derniere couche. Mais peut-être y a-t-il entre Nodier et la légion des spéculateurs qui nous en­tourent, une différence appréciable. Je dirai même qu'il y en a plusieurs.

La première est que le bon Nodier n'était pas riche. Sa correspondance avec son ami Charles Weiss, de Besançon, est presque aussi remplie de tracas financiers que celle de Balzac. Il avait des dettes, les dettes de l'homme de lettres, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, — ceux-ci exceptés, — et ses achats de beaux livres ne con­tribuaient guère à les éteindre. Il était donc, à certaines heures, obligé de s'en séparer.

La deuxième est que Nodier était poète, conteur, linguiste, bibliographe, savant en histoire naturelle. Il collectionnait à ses débuts, les insectes, avec la même méthode scientifique que les livres. Et cette seconde passion, la première en date, l'entraînait souvent à des dépenses excessives. N'offrait-il pas un demi franc pour chaque exemplaire des espèces rares qu'il ne possédait pas ? Dix sous un... (je ne me risquerai pas dans les noms), que des marins rapportent de pays presque inconnus, quelle pro­digalité !

La troisième différence est que Nodier, qui ven­dait ce qu'il avait acheté par prévoyance, selon l'euphémisme de Janin, rédigeait lui-même, ou sur­veillait de près la rédaction de ses catalogues, lesquels dénotent une érudition et un goût hors de pair. Il surveilla de même les catalogues des ventes de son ami de Pixérécourt, de Croizet, et de l'espagnol de Sampayo (car Nodier avait fait un dictionnaire français-espagnol et espagnol-fran­çais, comme il avait rédigé un dictionnaire de la Langue française, avant, naturellement, celui de l'Académie).

Sa première vente est de 1827, « le 6 juin et jours suivants, à 6 heures de relevée » salle Syl­vestre. Ce catalogue est bien curieux.

Il compte 398 numéros et le libraire J. S. Merlin qui signe la préface, annonce qu'un grand nombre d'ouvrages sont accompagnés de notules de M. Ch. Nodier, « mais qui ne doivent pas entrer en consi­dération dans la mise à prix des livres auxquels elles sont attachées, et qui ont servi pour les Mélanges tirés d'une petite bibliothèque », ouvrage qui parut en 1829.

Cette précaution préfacière pourrait passer pour une habileté, si Nodier ne donnait pas l'impression d'un homme absolument sincère. Non, vraiment, il ne devait pas croire que ces notules sur chine volant, dussent donner du prix à ses livres, puisqu'il jugeait ses productions avec le plus inexplicable détachement : « Je n'ai jamais rien souhaité de voir effacé, confiait-il à son ami Weiss, sinon le souvenir des pages que j'ai eu le malheur d'écrire. »

Croyons-le donc, – mais sous bénéfice d'inven­taire toutefois. Il ne manquait pas d'adresse, le bon Nodier ! Que penser en effet, de cet article du catalogue :

BIBLIOGRAPHIE ENTOMOLOGIQUE...
par Ch. Nodier, Paris... an IX.

« Essai fort imparfait, mais fort rare, d'un écolier de quatorze ans. J'étais propriétaire de l'édition et je l'ai détruite avec tant de soin, qu'il n'en reste certainement pas 4 exemplaires. »

Voilà, certes, un admirable lancement ! Mais n'oublions pas que Nodier vendait sa bibliothèque, pour des raisons valables et touchantes, — la maladie des siens et son propre état valétudinaire, — et pouvait-il détruire l'un des 4 exemplaires de cette oeuvre de sa prime jeunesse ? Il n'en avait pas le droit, puisqu'il lui fallait de l'argent.

La deuxième vente eut lieu le 28 janvier 1830. Elle comprenait 917 numéros et voici la raison que J. S. Merlin donne de cette vente :

« Aujourd'hui, c'est sa bibliothèque entière qu'il offre aux amateurs, car celle qu'il se réserve de former à l'avenir pour ses études sera réduite à un plan très spécial et très restreint. »

La raison est de Nodier, mais le charabia de Merlin : une bibliothèque réduite à un plan très spécial et très restreint, c'est une phrase qui dut faire frémir l'admirable styliste qu'était l'auteur de L'Histoire du roi de Bohême et de ses sept cha­teaux, livre plein d'esprit et d'une richesse d'inven­tions typographiques sans égale.

Mais Merlin continue, avec plus de correction syntaxique cette fois :

« Il n'est pas 20 articles peut-être où l'on ne reconnaisse soit une singularité littéraire, soit une curiosité de bibliographie, une rareté ou même une unité typographique, soit une conservation parfaite, soit enfin des accessoires précieux, tels que vignet­tes, dessins originaux, lettres autographes, signa­tures, notes de savans, etc. »

Quand je vous le disais que Nodier était un bibliophile moderne ! Ce qu'il était l'un des pre­miers à faire, ce que l'on a nommé le « truffage » du livre, tout le monde le fait aujourd'hui. Nous en trouvons des exemples dans la vente de 1829, témoin cette Satire Ménippée (Didot, 1824) que Merlin affublait de cette bizarre description :

« Exemplaire unique, avec les 9 dessins origi­naux de Devéria, dont 6 à la mine de plomb et 3 à la sépia, les triples figures (!) avant et après la lettre sur papier de Chine et les eaux-fortes. »

Cela signifie sans doute, que les eaux-fortes sont également sur Chine. Mais qu'est-ce que les triples figures ?

La troisième vente eut lieu le 27 Avril 1844. Le bibliothécaire de l'Arsenal, dont le cabinet avait été le berceau du romantisme, était mort le 3 Jan­vier précédent, et la veille, bien que souffrant terriblement, il avait encore collationné page à page un exemplaire des Poësies de Cantenac, que Techener lui avait apporté :

— Ah ! bien, dit-il, les passages supprimés s'y trouvent ! »

Ce fut sa dernière joie.

Cette vente portait sur 1254 numéros. Elle se composait d'exemplaires hors-ligne, des éditions les plus rares dans le conditions les plus exception­nelles et avec les reliures les plus précieuses. Le motif qu'il donnait de la vente de 1830, se débar­rasser de livres devenus inutiles, afin de « former une bibliothèque d'étude sur un plan spécial et restreint » était bien le vrai. Il avait constitué sa nouvelle bibliothèque par séries : séries des Rabe­lais, des Moyens de Parvenir, du Cabinet et du Parnasse satirique, série patoise, série des livres macaroniques, etc. C'était un grand bibliophile, en même temps qu'un honnête homme. Amicus Plato sed magis amica veritas, on citait encore beaucoup de latin, dans la première moitié du XIXe siècle.

Mais demanderez-vous, lecteur ironique, quel rapport y a-t-il entre le bibliophile dont vous nous parlez et ce Franciscus Columna que vous aviez mission de préfacer ?

Quel rapport ? Intime ! Ce conte délicieux ne pouvait être écrit que par un bibliophile doublé d'un bibliographe. Lui seul pouvait connaître Le Songe de Poliphile, rarissime en sa première édi­tion, avant la réimpression de Lisieux, qui traduisit et vulgarisa cette oeuvre, en 1883 ; lui seul en pouvait parler avec l'enthousiasme qui convient. L'abbé Lowrich, mais c'est Nodier ! Tournez la page et vous en serez convaincu.

CLÉMENT JANIN.

mercredi 16 janvier 2008

Claude Le Petit (1640-1665)


  • La Chronique scandaleuse ou Paris ridicule / Claude Le Petit ; prélection de René-Louis Doyon.- Paris (9, galerie de La Madeleine) : La Connaissance, MCMXXVII [1927].- 66 p. ; 20 cm.- (Le Rayon du Mandarin ; 3).
    • Le Rayon du Mandarin est une collection de volumes littéraires, établie pour le plaisir des Lettrés et Bibliophiles, par René-Louis Doyon, mandarin, et imprimée sur la maquette et par les soins de Charles Nypels maître-imprimeur à Maastricht (Hollande). Chaque volume comprend une prélection inédite. Chaque série comporte sept volumes qui sont tirés à 30 exemplaires sur papier van Gelder Zonen et 600 exemplaires sur vergé teinté de G. H. Bührmann. Le présent volume : Claude Le Petit, La Chronique scandaleuse ou Paris ridicule, dont la prélection est de René-Louis Doyon fait partie de la première série sous le n°III. Exemplaire justifié : 105.

PRÉLECTION DE RENÉ-LOUIS DOYON

LE POËTE DANS LES PAYS DE LIBERTÉ

En ce qui concerne la vie de Claude Le Petit, on ne peut rien écrire de plus poussé ni en évoquer un trait, sans rendre hommage au scru­puleux érudit Frédéric Lachèvre qui a exhumé les biographies et les textes des Libertins du XVIIe siècle avec précision, étendue, et con­science. Il s'agit ici de rappeler, pour en tirer des comparaisons opportunes, les traits sommai­res de cette vie brève et tragique, si propice à tenter les écrivains contemporains qui font des vies connues, époussetée et changées d'étiquette, un genre, un sport facile et productif ; M. Fré­déric Lachèvre a tout découvert, tout éventé ; il suggère même des hypothèses ; cet écrivain minutieux, moral et traditionnaliste (dans le sens politique) a fouillé tout l'enfer du XVIIe siècle ; ce faisant, il a retracé la vie de buveurs, coureurs de ruelles, fornicateurs forcenés, inver­tis notoires, libertins de grande allure et liber­taires de style ; véritable historien, il transcrit les procès-verbaux, consigne les dates, compare et ventile les textes, note la moindre scolie, in­dique les meilleures leçons, mais mieux que M. joseph de Maistre, il a plutôt de l'estime pour le rôle redoutable du bourreau, parce qu'il est sectateur du dogme et respectueux du sceptre. Il est permis sur un travail aussi complet — et c'est en montrer l'intégrité — d'avoir une idée différente des hommes, des principes et du temps, et par surcroît moins d'impassibilité.

Claude Le Petit parcourut l'Europe en bo­hême et en parasite, afin de mettre des conve­nances kilométriques entre la justice du roi et lui, à l'occasion du meurtre d'un moinillon augustin, rival dans une affaire de cotillon ; ce jeune pèlerin de l'Europe revint à Paris, cou­rant d'incertitudes en aléas et assurant le né­cessaire par des expédients. Etre poète, jeune, beau, n'aimant point la professoin de tailleur exercé par les siens, voluptueux et paresseux comme il convient à l'art léger des vers, Claude Le Petit avait soif et faim, et en dépit des moeurs d'un siècle sâle, il aimait à s'assurer une cham­bre et un lit. Il a la pensée infuse comme tous ceux qui ont conscience des dons qui leur sont impartis, à savoir que le poète a un grain de supériorité sur le manant et sur le seigneur, et que le riche doit être non seulement la provi­dence du pauvre, mais aussi le banquier des artistes s'il veut que sa maison soit honorée et que son nom passe à la gloire des temps futurs -, d'ailleurs on sait des poètes, et non des moin­dres, qui escomptaient leur privilège non seule­ment pour obtenir des pensions, mais pour faire triompher leur passion :

« ...Vous ne passerez pour belle
Qu'autant que je l'aurai dit ! »

Claude Le Petit prenait le plaisir à meilleur compte, étant pauvre, en dépit des dons impré­vus, des gains irréguliers, des emprunts à fonds perdus et des tapages. La pauvreté n'est pas un vice, certes, mais comment souffrir gaiement les jours sans repas, les longues heures sans bon vin, les hivers et les voyages sans vêtements soli­des. Nombre d'écrivains de son temps vivaient, non du revenu de leurs travaux, mais des pro­duits de leurs flatteries aux puissants du jour : ceux qui n'obtenaient pas une pension ou un emploi — car le succès du libraire n'enrichissait point — étaient condamnés à mourir de faim ; d'où l'on peut déduire un amer paradoxe en, partie justifié et toujours d'actualité :

Le poète sans fortune personnelle, n'est-il pas condamné à vivre en parasite ?

Claude Le Petit ne s'est point posé le pro­blème et l'a résolu au mieux des rencontres ; ni l'Etat ni les puissants ne lui ont garanti des rentes régulières et il semble qu'il ait tracé sa portraiture en ces vers :

Quand vous verrez un homme avecque gravité,
En chapeau de clabaud promener la savate
Et le col étranglé d'une sale cravate
Marcher arrogamment dessus la chrétienté ;

Barbu comme un sauvage, et jusqu'au col crotté,
D'un haut-de-chausse noir sans ceinture et sans patte
Et de quelques lambeaux d'une vieille baratte
En tout temps, constamment, couvrir sa nudité ;

Envisager chacun d'un œil hagard et louche,
Et, mâchant dans ses dents quelque terme farouche
Se ronger jusqu'au sang la corne de ses doigts ;

Quand, dis-je, avec ces traits vous trouverez un homme,
Dites assurément : « c'est un poëte françois ! »
Si quelqu'un vous dément, je l'irai dire à Rome !

De nombreux écrivains se reconnaîtraient à ces traits s'ils devaient compter sur leur art pour satisfaire aux nécessités quotidiennes ; l'histoire a toujours enrégistré le nom de ceux qu'une mort malheureuse a libérés de ces atroces soucis. Claude Le Petit en dépit des incertitudes, de ses déplacements, de ses fortunes et de ses misè­res apparaît comme un franc paillard, un tem­pérament subversif, un libertin ; il est vraisem­blable que sa société devait offrir de périodiques et irréguliers inconvénients ; il valait mieux être pour lui un ami qu'on rencontre, avec qui l'on vide un pichet mais pour qui l'on est toujours invité le soir même, prêt à partir, sans cesse dépourvu d'argent ou encombré de sa belle fa­mille. Villon offrait-il des relations plus sûres, et Verlaine, in fine, plus propres ? N'empêche que ce jeune avocat devait avoir d'autres mo­ments que ceux du tapeur affamé ; il était bril­lant, satirique, plaisant, il eut des confrères et même des amis ; à preuve que l'un d'eux, Jean Rou, abondamment nourri du plus aigre lait de la vache à Colas n'oublia point, après la mort de Claude, de moraliser sur le cas de son immo­raliste défunt et même de lui dérober un livre traduit de l'espagnol : L'idée d'un prince chré­tien et politique représenté en cent emblêmes par don Diego Saavedra Faxardo... Le libertin avait du bon cette fois.

Claude Le Petit s'inquiétait cependant de la précarité de son état de poète sans sinécure ; il tenta même, en un temps où les doctrines de la grâce divisaient la catholicité, de traduire en vers Les plus belles Pensées de Saint Augustin, prince et docteur de l'Église publiées seulement quatre ans après sa mort. A parler franc, la Chronique scandaleuse allait mieux à son style ; Paris-Ridicule, Madrid-Ridicule, et ce qui de­vait suivre : Berlin Ridicule et Londres aussi. Voilà le résultat les observations et les voyages de ce coureur des pays et des garses ! Les deux premiers framgents de cette chronique interna­tionale Paris et Madrid, sont en vers, une sorte d'Europe galante bien avant la lettre, dont les cités réunies composaient ce curieux ensemble : Le Bordel des Muses ou les Neuf Pucelles pu­tains, caprices satiriques de Théophile-le-Jeune. Tel était le titre du recueil qu'acheva Claude Le Petit en 1662 ; le patron répondait du disci­ple ou pour mieux dire, le disciple ne laissait point ignorer ce qu'il présentait, en choisissant pour patron le grand et malheureux Théophile ; bravade héroïque aussi aux moralistes du Palais et de la Cour.

Par hasard ou par délation, la police eut vent de ce travail attentatoire à la sûreté de l'Etat, de Dieu et de la Sainte Vierge ! Lefèvre de Saint-Marc a donné de cette découverte poli­cière une version romanesque et dramatique que M. Lachèvre récuse en s'appuyant seulement sur le procès-verbal du lieutenant civil Daubray, oubliant, de bonne foi sans doute, que les justi­ciers couvrent et cachent leurs délateurs, de quelque honarbilité qu'ils soient ; le récit est toutefois trop vraisemblable pour le taire, car si M. Lachèvre croit à M. Daubray, nous ne pou­vons pas ignorer la dénonciation.

Voici les faits : le poète habitait une chambre sur rue ; en son absence et ayant laissé une croisée ouverte le vent dispersa les épreuves déposées sur une table et un feuillet s'envola ; un prêtre qui passait le ramassa, le lut avec scandale, repéra la maison et courut sur le champ chez le Procureur du Roi, le jour même on arrêta Claude Le Petit et son imprimeur ; en moins d'une semaine, le procès fut instruit, jugé et confirmé ; et le Ier septembre 1662 -­pour avoir écrit un livre libertin — un poète de 23 ans était conduit nu en place de grève, avait le poignet droit arraché, et, après ces amé­nités judiciaires, était brûlé vif !

Cette infâmie s'appelle justice et le fait d'écrire quelques vers licencieux ou d'avoir quelques vices constitue le crime. Cette justice redoutable dans un temps où fleurirent tant de licences, d'abus, de crimes sociaux et nationaux, déconcerte. Il ne s'est trouvé personne pour pré­server de la pire mort un jeune poète ; aucun des serviteurs de la majesté chrétienne de Louis XIV, aucun courtisan de sa vanité, aucun ami de la poésie et la liberté n'est intervenu en fa­veur du fils d'Apollon, et n'est allé demander grâce, pour celui qui avait traité rudement les vierges de putains, dans ce Louvre, ce Luparium royal qui fut plus souvent un véritable Lupa­narium !

Sans doute le zèle policier des Daubray et des Laubardemont, de tous les temps a fait des victimes ; sans doute la justice de tous les pays a quelque arbitraire, disons même que la liberté est toujours en partie illusoire et qu'il ne faut la juger quand on en parle — qu'avec des échelles de comparaison ; de gandes infâmies financières ont été il y a encore peu d'années, couvertes par le manteau de Thémis ; on a vu plus près de nous, des incarcérations extraordinaires de grands dignitaires de la République couvrir l'in­terdiction d'une respectable veuve de qui un gendre cupide eût achevé les jours pour garder intacts les précieux millions, soit ; mais en France, au moins, on ne saurait, en temps nor­mal, condamner au bûcher, à la guillotine ou au poteau, un Rimbaud pour venir troubler la fai­ble conscience d'un Verlaine, celui-ci pour écrire Ombres, un pauvre Haraucourt pour sa Légende des Sexes, Jehan Rictus qui en a dit plus que Le Petit, Léon Bloy le contempteur, Mac-Orlan pour ses traités érotiques, un Léon Daudet cou­pable de L'Entremetteuse fallacieusement mora­lisée dans son dénouement, et tant d'autres.

Beau temps que le nôtre où l'inversion forme dans la littérature une manière de fraternité oc­culte qui a ses thuryféraires et ses clients ! beau temps que le nôtre où l'on peut, sans risquer les oubliettes, conter le dernier souffle d'un Pre­mier Magistrat de la République sur les lèvres — si l'on peut dire — d'une courtisane mon­daine ; chansonner la mort d'un autre magistrat non moins important de la même République aux prises avec un Ganymède monmartrois sans dégoût ! beau temps que le nôtre où le Français moyen sait que la grande presse d'information internationale pétrit l'opinion en ne donnant qu'un dixième de toute vérité et que c'est dans les journaux humoristiques qu'il doit trouver le contre-pied des évènements falsifiés ! Mais quel temps curieux et quel pays libéral où l'adver­saire le plus résolu de la République injurie tous les jours ministres, juges et écrivains qui ne pensent point à sa façon, a pu traduire devant les tribunaux du régime qu'il abhorre des fonc­tionnaires de la Sûreté, être condamné sans exé­cuter sa peine, hurler tous les jours à la gabegie et à la ruine et ne risquer à aucun moment de finir en Mateotti !

Décadence pour décadence, nationalité pour nationalité, je préfère encore vivre maintenant en France sous la 3ème République, sous le régime des plus incohérents parlementaires que regretter le grand roi et ses valets, ou envier l'Italie, son roi fantôme et son duce. Ceux qui contemnent notre pays et notre régime au lieu de s'accrocher à notre terre comme des acarus n'ont qu'à franchir les frontières ; la République débonnaire et souriante ne gênera aucun exode. Tous les jours les cabarets raillent et amusent ; les plus grandes libraires réalisent d'honora­bles profits à vendre les écrits érotiques, de Sade, Musset, Verlaine, Apollinaire et autres ; nul citoyen n'est inquiété dans ses opinions ou dans sa foi ; sans doute l'œil bouche de la police est ouvert et entretient à gage écrivains déla­teurs, excitateurs et autres mouches vénéneuses qui contaminent quelques infortunés idéologues ou aventuriers ; la société réquiert de ses adhé­rents une sorte de compromis général qui n'est pas sans inconvénient, et les précautions socia­les peuvent d'arbitraires devenir tyranniques ; toutefois la France donne à ses citoyens plus de garantie que tout autre pays ; ailleurs on craint la schlague, la morale publique ou la reli­gion d'état : les poëtes nord-américains sont cen­surés comme un vulgaire film cinématographi­que et ne peuvent parler d'amour qu'en termes évangéliques et des corps humains qu'en spor­tifs -, des écrivains anglo-saxons s'impriment hors des pays désignés pour les lire ; d'autres ne connaissent le succès qu'importés de l'étran­ger. En ce qui concerne nos écrivains, on ne voit plus de poursuites ou de procès honteux contre Madame Bovary, Les Fleurs du Mal et les Diaboliques ! On peut lire dans des impres­sions publiques L'Immoraliste et personne ne s'en porte plus mal. C'est du progrès. Il semble même que l'utopie de Pausole soit presque réa­lisée chez nous et qu'à la condition de n'en­nuyer aucun voisin et de gêner en rien la circu­lation publique, le citoyen français est certaine­ment le plus libre habitant de l'Europe et du monde. Qu'on veuille me démentir sur ce point ! Un pays qui n'est pas libre n'est pas digne de la liberté.

Qu'on n'aille pas supposer qu'il s'agisse ici d'un éloge de la littérature érotique ; ce genre est le plus souvent déplorable surtout lorsqu'il est scatologique et hypocritement didactique, il est vraiment supportable lorsqu'il est à la fois léger et gaillard, artistement polisson et prime­sautièrement descriptif. Nos fabliaux et nos sot­ties en sont les types les plus solides ; et nombre de nos grands poëtes Ronsard, Mathurin de Regnier, le rigide Malherbe lui-même se sont amusés à des poëmes roboratifs. Quant aux ro­mans et dialogues érotiques du XVIIIe siècle, ils n'ont pas été égalés et je tiens pour son chef d'œuvre et pour un chef d'œuvre de métrique, d'invention et d'images Ombres de Verlaine. Notre puratinisine est ridicule ; les mots font frémir les pharisiens de notre monde et ce ri­gorisme a des répercussions imprévues ; n'a-t-on pas vu sur les murs de Paris, une affiche sur quoi était dessinée une femme à peu près devêtue, maculée d'étiquettes opposées par la Ligue des Pères de famille portant cette apostrophe. Respectez nos enfants ! Peut-on être plus ridicule ! Le même pays voit fleurir des littératures qui, sans avoir l'intention du Manuel de Forberg, sont plus malhonnêtes en­core. Pour moi qui ne ferai pas du Livret des Folatreries pas plus que Félicia un livre de ma bibliothèque, je tiens pour une oeuvre remar­quable : Le Carquois du Sieur Louvigné du Dézert, pastiche de Fernand Fleuret et pour un signe d'honnêteté, le mot merde quand il est dit à son moment.

Ce Paris-Ridicule est d'ailleurs plein d'esprit, et pour ceux qui aiment, en dépit de ses incon­vénients, le Vieux Paris, trouveront bien savou­reux cette description humoristique d'un Paris encombré dont Boileau gravement déplorait les embarras. Claude Le Petit ne se fait point man­que d'élever le ton jusqu'à l'invective, l'allusion satyrique et sa plume dut cuire comme un fer rouge sur l'épaule des juges du Roi. Les courti­sans dont Napoléon dira, plus tard : Personne ne sait mieux servir que ces gens là, y sont traités d'honorables espions, d'attrapeurs de pensions, les boursiers des Halles de fripiers rabinisés, les juges, les bourreaux, les person­nages et les monuments du temps y sont carica­turés, et ces charges souvent joyeuses quelque­fois amères ne sont pas dépourvues de bon sens ; dire que Saint Louis eut mieux fait d'attacher des hommes bien portants à sa fortune plutôt que de les amener en terre Sainte se faire crever les yeux pour une cause illusoire est une observation dont la justesse apparut à la fin des croisades à Raymond Lulle lui-même. Et qu'on aille pas croire que la critique du pays par un sujet du pays soit un sacrilège ; elle est moins injurieuse quelquefois que la louange excessive et la fâ­cheuse opinion qu'ont les patriotes de toutes les nationalités de mettre la terre conventionnelle­ment organisée où ils vivent au-dessus de toutes les autres. D'ailleurs la Chronique de Claude Le Petit n'est point si injuste que ne l'ont cru les juges du poëte, et le reste était à l'avenant. Pour la 628-E-8, à ce compte, Octave Mirbeau eût dû être guillotiné et l'on incarcererait bien des journalistes et presque tous les jours des chansonniers pour de tels délits qui n'auraient pas l'excuse de la bonne humeur.

Claude Le Petit a été tué sans pitié à 25 ans, pour avoir écrit le Bordel des Muses ! L'art et la morale ont été une fois de plus confondus, la Religion a crié au sacrilège et celui qui devait finir sous la domination de la frigide Maintenon a couvert le bourreau de son manteau d'hermine.

Nous passerions encore à un tribunal sévère qui condamnerait un écrivain pour une œuvre de méchant style, et d'intentions commerciales ; un soviet de cette intention aurait fort à faire, allégerait le rôle du critique et délivrerait le public du piège des publicités tapageuses. Mais ce souci d'art littéraire n'est passé dans la juri­diction d'aucun pays ; il émane naturellement d'un peuple de goût, et les Athéniens savaient goûter Aristophane sans l'avalisation des Ar­chontes ; nous ferons de même et ceci est une autre histoire... Mais nous ne tuons pas même les assassins, et Victor Hugo, en mal de déifi- cation a dû s'exiler lui-même.

Pour en revenir à Claude Le Petit, il eut avant son supplice le temps de confier au baron Schil­debek par manière de testament, le soin de pu­blier le livre qui lui valait la mort ; une copie — malheureusement incomplète — était cachée quelque part. Un an après le supplice du poète, le livre paraissait à Leyde et passait la frontière dans le train d'un ambassadeur. On en a sou­vent réédité des fragments, et le Paris-Ridicule si amusant par ces évocations et allusions adroi­tes ne manque pas d'intéresser ceux qui aiment cette ville où vinrent de tout temps s'esbaudir les gens qui s'ennuient dans d'autres mondes. D'ailleurs, Claude Le Petit n'était point dé­pourvu de qualités et n'était pas entièrement antipathique ; il avait la faiblesse des affamés, et l'appetit des paresseux ; son oeuvre n'est pas négligeable ; son Ecole de l'Interest et l'Univer­sité d'Amour adapté du texte espagnol de An­tolinez de Piedrabuena est fort plaisante et gaillarde :

L'heure du Berger « demy-roman comique ou roman demy-comique », aventure romancée de Claude Le Petit déjà censurée sous Louis XIV, le fut encore sous Napoléon III pour bien peu de gaillardises. Cette pudibonderie n'est pas jus­tifiée pour qui connaît les Libertins du XVIe siècle. Enfin sa poésie a quelque parenté avec la robustesse sonore et la bonne humeur du bon gros Saint-Amant, le grand lyrique plaisant de cette époque.

Paris-Ridicule a fait l'objet de nombreuses rééditions dont la dernière, avec une bonne leçon, date de 1856 et fut présentée par l'éton­nant bibliophile L. Jacob (Paul Lacroix).

Rien, nous l'avons dit, de plus complet, ni de plus scrupuleux n'a été présenté comme histoire documentaire et comme texte que l'édition de Frédéric Lachèvre (1918) à qui nous exprimons volontiers une louange méritée. Les réflexions qu'on a lues sont nées en partie, de l'impassibi­lité un peu partiale du biographe érudit, et en partie aussi, on m'en excuse, d'un amour de l'in­dépendance et d'une haine contre la cruauté qui ne restent indifférents ni pour le passé ni pour le présent.

RENÉ-LOUIS DOYON

mardi 15 janvier 2008

Prince Roland Bonaparte (1858-1924)


  • Démocratie suisse / Prince Roland Bonaparte.- [Paris (Imprimerie Georges Chamerot)] : Imprimé pour l'auteur, 1890.- 26 p. ; 18 cm.
    • Article paru dans L'Evènement du 5 juin 1890. Il a été tiré de cet ouvrage douze exemplaires sur japon.

lundi 14 janvier 2008

Prince Roland Bonaparte (1858-1924)


  • En Alsace / Bonaparte, membre de l'Institut.- Paris (Imprimerie Gauthier-Villars et Cie, 55, quai des Grands-Augustins) : Imprimé pour l'auteur, 1919.- 13 p. ; 21 cm.
    • Article paru dans Le Figaro du 26 septembre 1919.

dimanche 13 janvier 2008

Mukashi-Mukashi


  • Mukashi-Mukashi : 1863-1883 : Le Japon de Pierre Loti / photographies par [Felice] Beato et [Raimund von] Stillfried, présenté par Chantal Edel.- Paris : Arthaud, 1984.- 105 p. + 4 p. jointes de présentation anglo-japonaise : ill. noir et en coul., couv. sous jaquette ill. en coul. ; 28 cm.

    • ISBN 2-7003-0466-7.




samedi 12 janvier 2008

Général Comte Rostopchine (1763?-1826)


  • Mes mémoires en dix minutes / général comte Rostopchine.- Paris : Marval, 1983.- 41 p. : ill. en front. ; 15 cm.- (Coll. "Mes mémoires en dix minutes" ; 1).
    • Il a été tiré 50 exemplaires sur vélin pur fil Johannot numérotés de 1 à 50 et quelques exemplaires de collaborateurs marqués H.C.

vendredi 11 janvier 2008

Théodore de Banville (1823-1891)


  • Trente-six ballades joyeuses / Théodore de Banville ; précédées d'une Histoire de la ballade par Charles Asselineau.- Paris (27-29, passage Choiseul) : Alphonse Lemerre, 1873.- III-151 p. : musique notée ; 18,5 cm.

AVANT-PROPOS

J'ESSAIE aujourd'hui de rendre à la France une des formes de poëme les plus essentiellement françaises qui aient existé, cette Ballade de François Villon que Marot garda avec un soin jaloux & que La Fontaine tâchait de ranimer, ne pouvait se décider à la laisser mourir, dans un temps où, malgré la réunion des plus grands poëtes, s'était perdu le sentiment du Rhythme lyrique. La Ballade a pour elle la clarté, la joie, l'harmonie chantante & rapide, & elle unit ces deux qualités maîtresses d'être facile à lire & difficile à faire ; car bien qu'elle pose les problèmes les plus ardus de la versification, contenus tous dans l'obligation d'écrire quatre couplets sur des rimes pareilles, que fournit à grand-peine la langue française, elle a ce mérite infini qu'une Ballade bien faite (de Villon) semble au lecteur n'avoir coûté aucun effort & avoir jailli comme une fleur.

Il n'est pas besoin de dire que la langue du xve siècle & celle d'aujourd'hui sont absolument dif­férentes entre elles ; or quiconque transporte des formes de poëme d'un idiome dans un autre, doit, comme Horace le fit pour les Grecs, accepter de ses devanciers toutes leurs traditions, même dans le choix des sujets. Ainsi ai-je dû agir, & cependant mon effort fût demeuré stérile sii je n'eusse été de mon temps dans le cadre archaique, & si dans la strophe aimée de Charles d'Orléans & de Villon je n'eusse fait entrer le Paris de Gavarni & de Balzac, & l'âme moderne ! En un mot, j'ai voulu non évoquer la Ballade ancienne, mais la faire renaître dans une fille vivante qui lui ressemble, & créer la Ballade nouvelle. Si j'ai réussi dans mon entreprise, & plaise à Dieu qu'il en fois ainsi ! j'y aurai bien peu de mérite, venant après les grands lyriques de ce siècle, qui, façonnant les esprits comme les rhythmes, nous ont à l'avance taillé & aplani le peu de besogne qu'ils nous ont laissée à achever. Pourtant, je sens en moi une sorte de petit orgueil d'ouvrier, en venant restituer un genre de poëme sur lequel Victor Hugo n'a pas mis sa main souveraine : car, en fait de forme à renouveler, il nous a laissé si peu de chose à tenter après lui !

Pour l'intelligence même des poëmes qui suivront, il était indispensable de donner au lecteur une Histoire de la Ballade ; mais ceci est œuvre d'érudit & de savant. Avec une compétence que perfonne ne mettra en doute, mon excellent ami Charles Asselineau a bien voulu entreprendre ce travail intéressant, & il me femble qu'il a définitivement élucidé & épuisé la question, dans les pages qu'on va lire.

THÉODORE DE BANVILLE.

Juin 1873.

jeudi 10 janvier 2008

Jean-François Cailhava de L'Estandoux (1731-1813)


  • Le Souper des petits-maîtres : conte composé de mille et un contes / par Cailhava de l'Estendoux ; illustrations de Pierre Gandon.- Paris (86, boulevard Raspail) : Le Livre du Bibliophile, 1956.- II-206 p.-[12] f. de pl. en coul. ; 15,5 cm.- (Le coffret du bibliophile illustré).

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE

La première édition de l'ouvrage que nous réimprimons paraît être celle qui a paru sous le titre et la rubrique suivants :

LE SOUPÉ DES PETITS-MAITRES. OUVRAGE MORAL. Londres (Paris), s.d. (vers 1770). Pet. in-12 en 2 parties, ensemble 248 pages.

Cet ouvrage ayant eu du succès eut des réimpressions successives, mais sous un titre plus succinct :

LE SOUPÉ, CONTE MORAL. Londres, 1771, 1772, 2 parties in-12.

Une édition fut publié en 1782 dans la Bibliothèque amusante de Cazin, augmentée de quelques contes en vers.

Puis un nouvelle édition et un nouveau titre :

CONTES EN VERS ET EN PROSE DE L'ABBÉ DE COLIBRI, OU LE SOUPÉ, CONTE COMPOSÉ DE MILLE ET UNS CONTES. Paris, Didot jeune, an VI, 1798, 2 volumes in-18.

Dans cette édition, on avait supprimé queqlues passages, que nous avons rétablis.

Enfin, signalons une plus récente édition :

LE SOUPÉ DES PETITS-MAITRES, OUVRAGE MORAL. Bruxelles, chez tous les libraires, in-16 de VIII-282 pages, tiré à 147 exemplaires.

Toutes ces éditions sont épuisées ; on s'en procure difficilement un exemplaire. Le lecteur se rendra compte aisément que notre réimpression est amplement justifiée.

Charles Monselet a d'ailleurs consacré à cet ouvrages quelques pages très élogieuses dans ses Galanteries du XVIIIe siècle.

On trouve aussi, dans la Biographie universelle de Michaud, une longue notice sur l'auteur du Soupé, Cailhava de l'Estandoux, et une liste, peut-être trop longue, de ses ouvrages dramatiques. D'une énorme production, seule celle que nous présentons au public a survécu ; mais elle suffit pour le préserver de l'oubli.

mercredi 9 janvier 2008

Marc de Montifaud (1849-1912)

Marie-Amélie Chartroule,
Mme Quivogne de Montifaud,
pseud. Marc de Montifaud
(1849-1912)

*

Les Nouvelles drolatiques de Marc de Montifaud.

  • 2 : Un Mariage à Constantinople ; Un Point de tapisserie / eaux-forte de Hanriot.- Bruxelles (Imp. A Lefèvre, 9 rue Saint-Pierre) : s. n., MDCCCLXXX [1880].- 67 p.-1 f. de pl. en front. ; 18 cm.

  • 5 : L'Amende honorable ; Le Téléphone / eaux-forte de Hanriot.- Paris (Grande imprimerie G.V. Larochelle, 16, rue du croissant) : s. n., MDCCCLXXXI [1881].- 82 p.-1 f. de pl. en front. ; 18 cm.

*



  • Entre messe et vêpres ou les matinées de carême au faubourg Saint-Germain : Première matinée : Ad majorem Dei gloriam ; Un point d'Orgue / Marc de Montifaud ; eau-forte de Van Ruyss.- Paris (Grande imprimerie G.V. Larochelle, 16, rue du croissant) : s. n., MDCCCLXXXI [1881].- 83 p.-1 f. de pl. en front ; 18 cm.

mardi 8 janvier 2008

Fernand Chaffiol-Debillemont (1881-19..)


  • Petite suite excentrique : Xavier Forneret, Emile Cabanon, Charles Lassailly, Chaudes-Aigues, Laurent-Jan, Comte de Forbin, Jenny Dacquin, Charles Asselineau,... / F[ernand] Chaffiol-Debillemont.- Paris (26, rue de Condé) : Mercure de France, MCMLII [1952].- 199 p. ; 18,5 cm.
    • Il a été tiré de cet ouvrage vingt exemplaires sur papier velin cellunaf numérotés de 1 à 20. Ce tirage constitue l'édition originale.

lundi 7 janvier 2008

Imagerie populaire


  • Fables de La Fontaine (série rose).- [Pont-à-Mousson] : Imagerie de Pont-à-Mousson, Marcel VAGNÉ, Imprimeur-Éditeur, [19..].- [12] p. : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 16 cm.

dimanche 6 janvier 2008

Paul Glachant (1865-1904)


    • A Herriot (Edouard !). Souvenir sympathique et systématique ?! P. Glachant. 3 mars 1896.

samedi 5 janvier 2008

Eugène Plais


  • Lettre sur le Gabon / par Eugène Plais, Quartier-Maître à bord du Marabout.- Rouen (rues Jeanne-Darc,88 & des Basnage, 5) : Imprimerie de Espérance Cagniard, 1882.- 12 p. ; 23 cm.

vendredi 4 janvier 2008

Olivier Larronde (1927-1965)


  • Les Barricades mystèrieuses / Olivier Larronde.- Paris : Gallimard, 1947.- 50 p. + 1 f. d'errata ; 19 cm.
    • Il a été tiré de cet ouvrage deux mille exemplaires sur vélin, numérotés de I à 2000 : vingt-cinq exemplaires sur pur fil Johannot numérotés de I à XXV et dix exemplaires Hors Commerce marqués H. C., le tout constituant l'édition originale. [Exemplaire n°] 23.

jeudi 3 janvier 2008

Livres prohibés


    • Tiré à 300 exemplaires numérotés, dont 50 ex. sur papier teinté et 250 ex. sur papier vélin de fil à la forme. Exemplaire n° 61.

mercredi 2 janvier 2008

Alphonse Aimé Beaufort d'Auberval (1764-1825)



  • Contes érotico-philosophiques / par Beaufort d'Auberval ; illustrations d'Amédée Lynen.- Bruxelles (Imp. de Demanet, rue des Bogards) : Henry Kistemaeckers éditeur, 1882.- 272 p.-[1] f. de pl. en front. : ill. ; 22 cm.
    • Il n'a été tiré de cet ouvrage que 500 exemplaires sur papier teinté et 20 exemplaires sur papier du Japon.

mardi 1 janvier 2008

Emile Verhaeren (1855-1916)


  • Les Heures Claires ; Les Heures d'Après-Midi ; Les Heures du Soir / Emile Verhaeren ; gravures sur bois de Pierre Gandon.- Bruxelles (163, boulevard Adolphe Max) : Aux Éditions du Nord - Albert Parmentier, 1943.- VI-271 p. : ill., couv. ill. ; 20 cm.
    • Ce livre, respectueusement dédié à la mémoire de Madame Marthe Emile-Verhaeren, a été établi par Albert Parmentier, avec la collaboration de Paul Angenot pour le texte qui a été très soigneusement revu d'après l'édition originale et l'édition critique définitive ; mais il a été tenu compte aussi des nombreux et intéressants documents communiqués à l'éditeur par Madame Verhaeren elle-même lorsqu'elle était collaboratrice des Editions du Nord.
    • Le tirage est de cinq mille exemplaires, numérotés de I à 5000, sur vélin blanc extra-pur gardénia. Il a été tiré en outre un exemplaire unique, justifié U, sur japon épais Nasaki, comprenant une suite unique des bois sur japon extra-mince Tosa Tengujo et une suite unique du portrait de l'auteur tirée en plusieurs tons différents. Achevé d'imprimer sur les presses des Etablissements généraux d'imprimerie à Bruxelles, Victor Dugautiez étant directeur technique. Autorisation 15.10.42. Le présent exemplaire porte le numéro 1378.


PREFACE

A MADAME
MARTHE EMILE-VERHAEREN

Madame,

Je crois vous voir là, devant moi, accoudée à la chaise longue où vous avez passé les dernières années de votre vie. Ces années, vous les avez consacrées, de toute votre force intellectuelle demeurée splendidement intacte, à faire hono­rer et rendre de plus en plus vivante la mémoire de Celui que vous aimiez tant.

Votre affection, il vous la rendait au centuple, car il vous l'a exprimée de la manière la plus élevée, la plus cristalline, la plus merveilleusement émouvante qui soit, par les vers de ce recueil, monument impérissable de la sagesse, de la pureté simple et douce et de l'exquise sensibilité dont son coeur de poète débordait, grâce surtout à votre chère présence à ses côtés.

Ma plume s'efforcerait en vain d'atteindre à cette nuance de respect et de profonde émotion qu'aurait prise ma voix si vous étiez encore là pour m'entendre, au lieu de reposer doucement dans l'humble cimetière de village, à quelques pas de la tombe grandiose du poète, bercée par les flots de ce fleuve Escaut qu'il chérissait au point de l'avoir choisi pour y dormir son ultime sommeil :

Le jour que m'abattra le sort,
C'est dans ton sol, c'est sur tes bords,
Qu'on cachera mon corps,
Pour te sentir, même à travers la mort, encor !

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Nous avons souvent parlé, il y a maintenant de bien longues années, de la forme qu'il conviendrait de donner à l'édition de ces HEURES, vivante histoire de vos existences si belles, passées dans le dévouement réciproque et la mutuelle compréhension.

Vous aviez bien voulu m'accorder alors la préférence pour l'établir, et je vous en exprime encore ici ma très sincère et profonde reconnaissance.

Dans un premier élan, soucieux d'honorer le Maître de mon mieux par une manifestation très artistique, je vous proposai une édition monumentale, sur un papier beau et rare, d'une exécution typographique que je voulais splen­dide ; on l'aurait tirée à un nombre très restreint d'exem­blaires, à l'intention des tout grands bibliophiles. Vous aviez demandé à réfléchir, et quand votre réponse vint, elle exprimait admirablement votre sagesse et votre infinie bonté :

- Serait-il bien raisonnable, demandiez-vous, de réserver ces strophes si émouvantes à quelques privilégiés du sort ? Une édition plus humble, mais qui serait soignée par vous, j'en suis certaine, avec tout autant d'amour, tirée à bien plus grand nombre et d'un prix plus modeste, ne servirait-elle pas mieux la cause des Lettres en permettant surtout aux jeunes de l'acquérir et, sans doute, de la choyer ?

Car vous continuiez à participer, de toute votre âme, au mouvement artistique et littéraire et vous vous inquiétiez sur­tout des nouveaux, des jeunes, ces poètes, écrivains, peintres ou musiciens de la génération montante, qui affirmaient notre volonté de continuer l'effort, de poursuivre la voie de la beauté qu'avait si puissamment illuminée le flambeau du grand disparu.

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Presque chaque jour je vous apportais des nouveautés littéraires et tous les beaux livres qui passaient par mes nains. Vous les discutiez, avec une passion que je prenais bien garde d'atténuer, car je sentais qu'elle vous soutenait dans l'épreuve terrible qui était vôtre et vous empêchait de songer avec trop de mélancolie à la cruauté de votre sort.

Vous parliez typographie de la façon la plus experte et vous appréciiez le talent des illustrateurs avec la sûreté de votre intuition, qui devait beaucoup plus au sentiment qu'à l'influence des renommées acquises. Artiste-peintre vous-même, vous vous intéressiez profondément aux expositions, regrettant avec amertume que la paralysie (1) vous privât de peindre et d'aller régulièrement aux vernissages, comme jadis avec le défunt vénéré.

C'est alors que je formai ce projet que vous traitiez d'abord d'idée folle et qui peu à peu vous sourit tant, que vous décomptiez les jours, car vous alliez enfin pouvoir satisfaire votre éternelle soif d'art nouveau, d'art vivant ! Que de fois, vous soulevant délicatement dans mes bras, vous ai-je descendue de vos étages du boulevard Adolphe Max, où vous habitiez, en face de ma boutique, ayant l'impression d'avoir porté toute la Poésie et les Arts réunis en votre Personne quand je vous installais sur les coussins de ma voiture, tout fier et heureux de mon effort !

Nous allions aux « Beaux-Arts » où une chaise roulante vous attendait et vous permettait de circuler à votre gré parmi les sculptures et les tableaux nouveaux, jugeant enfin de visu toutes ces choses qui vous étaient demeurées si familières et si sympathiques. Vous parliez aux jeunes exposants comme vous le faisiez jadis avec Émile Verhaeren et vous encouragiez les nouveaux de votre expérience, de votre enthousiasme, de votre foi ! Lorsqu'enfin je vous ramenais, vous ne manifestiez nulle fatigue et déclariez avoir pris comme un bain de Jouvence dans un milieu qui vous était tout particulièrement cher.

Hélas, je me souviens ! J'étais à Paris lorsque me parvint la terrible nouvelle. La mort cruelle, inexorable, vous avait arrachée brutalement à l'affection de tous ceux qui vous chérissaient et vous entouraient de leur respect. Je n'eus que le temps de rentrer en toute hâte pour me joindre au triste cortège qui vous conduisit au petit cimetière de Saint-­Amand-lez-Puers, pour vous rapprocher encore de Lui (2).

*
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Les ans ont passé et l'oubli est venu peu à peu jeter son voile sur le souvenir de la tragédie : la mort acci­dentelle d'Émile Verhaeren, happé par un train dans la gare de Rouen, alors qu'il revenait de faire une conférence en faveur des blessés... (3)

De vous-même, Madame, sa chère et douce compagne, qui lui inspiriez ses plus beaux vers et qui souteniez son effort de votre foi et de votre si grande affection, se souviennent encore quelques rares intimes. Encore ce souvenir émouvant risque-t-il de disparaître avec nous, quand notre tour vien­dra. C'est en réfléchissant à cela que m'est apparu soudain mon devoir d'éditeur et d'ami.

Vous aviez exprimé autrefois le vœu qu'aucune illustralion ne vînt orner l'édition des HEURES, car fatalement on serait tenté de vous y associer et, non sans raison, votre modestie s'y opposait, de votre vivant.

Mais le Temps, ce grand estompeur d'images, a passé ; les années ont fui et je considère que vous appartenez maintenant, Madame, de plein droit à l'Histoire litté­raire. De plus, vous devez être citée en exemple magni­fique à toutes les épouses. Il ne faut pas que les jeunes, que vous aimiez tant encourager, ignorent votre image et je veux au contraire leur donner ici l'occasion de la vénérer comme il convient. Ils la conserveront donc précieusement, associée enfin aux vers sublimes qu'elle a su inspirer, au rayon d'honneur de leur bibliothèque. Vous serez à votre vraie place, logée aussi bien dans l'humble placard de l'étudiant que dans la somptueuse bibliothèque de l'amateur privilégié. Grâce à Pierre Gandon, votre souvenir conti­nuera à vivre dans bien des cœurs.

J'allai donc à Liège, à ce tranquille couvent où votre fidèle et vieille amie É. N. a trouvé la quiétude et le repos. Tremblante d'émotion, elle ouvrit un tiroir et, simplement, me permit d'y puiser.

Il y avait là vos portraits à différentes époques de votre vie : celles des Heures claires, des Heures d'Après-Midi, des Heures du Soir. Il y avait là plusieurs photos et une aquarelle remarquable que vous fîtes vous-même de ce Caillou-qui-bique (4), votre chère maison si douce, et son pignon léger... et le jardin, et le verger...

C'était plus qu'il n'en fallait à l'artiste pour graver votre image, noblement associée à celle de votre illustre compagnon et à celle de votre demeure désormais légendaire dans le cœur des jeunes générations, qui n'auront pas eu le privi­lège de vous approcher.

Si celle modeste édition pouvait y contribuer, mon vœu le plus sincère se trouverait exaucé et ce serait ma plus belle récompense.

ALBERT PARMENTIER.

(1) En apprenant, brutalement, la catastrophe qui la rendit veuve, Madame Verhaeren éprouva une telle commotion qu'elle en resta paralysée de tout le côté droit, jusqu'à la fin de ses jours.
(2) Madame Verhaeren est décédée à Bruxelles, le 2 juin 1931.
(3) Le 28 novembre 1916.
(4) Bique = faire saillie. Caillou-qui-bique = rocher qui fait saillie sur le rocher voisin, et où l'on avait construit la maison du poète, à Angre.