mercredi 30 septembre 2009

Georges Gassies des Brulies (1862-1933)


  • La Farce du Pâté et de la Tarte : comédie du quinzième siècle / arrangée en vers moderne par Gassies des Brulies ; avec neuf compositions en taille-douce, hors texte par J. Geoffroy.- Paris (15, rue Soufflot) : Librairie Charles Delagrave, [1890].- 51 p.- 9 f. de pl. ; 28 cm.

NOTICE

La Farce du Pâté et de la Tarte nous est parvenue dans le recueil précieux conservé à la bibliothèque du British Museum, à Londres. Ce recueil contient soixante-quatre farces, parmi lesquelles se trouve la Farce du Cuvier, dont nous avons, pour la première fois, l'année dernière, publié une adaptation, avec des illustrations de Jean Geoffroy. L'accueil fait à cette farce au théâtre lorsqu'elle y fut représentée, en juin 1888, nous a prouvé une fois de plus que les Français grands et petits savaient encore à notre époque éclater du rire franc et joyeux de nos pères.

La Farce du Pâté et de la Tarte n'a pas assurément la portée morale de la Farce du Cuvier. On n'y voit point autant de finesse de critique ; c'est une scène toute naïve, où Martin-Bâton, ce personnage que n'a pas dédaigné Molière lui-même, joue un rôle important. L'intrigue est toute simple ; un vol de pâté et de tarte. Cependant, si l'on considère les deux pauvres affamés de la farce, on avouera que, pour eux, ce pâté offre un intérêt capital, puisqu'il les empêche de mourir de faim !

De quelle époque est notre farce ?

Le recueil de Londres, qui est factice, c'est-à-dire composé de diverses pièces éditées chez différents imprimeurs, est du XVIe siècle.

La farce est probablement du XVe siècle. Elle parait contemporaine de Louis XI et de François Villon.

A ce propos, nous avons sans scrupule donné à nos deux malandrins les noms de Baillevent et de Malepaye. Ces noms sont ceux de deux piteux sires, dont le dialogue est joint d'ordinaire aux oeuvres de Villon. L'attribution ne parait pas plus juste que pour le Franc Archer de Bagnolet, dont le monologue est également édité avec les œuvres de Villon, dans l'édition Janet, par exemple. Dans le texte original du British Museum, les deux pauvres hères sont tout simplement désignés sous le nom de premier et second coquin.

Dans le dialogue de Baillevent et Malepaye, les deux noms s'appliquent à des personnages qui ont plus d'un trait de parenté avec les nôtres, bien qu'ils tranchent du gentilhomme.

De qui est ce dialogue ?

De qui est la farce ?

Puisque les érudits en sont réduits eux-mêmes à faire des suppositions, ne pourrons-nous humblement supposer que la farce et le dialogue pourraient bien être du même auteur.

Nommer Villon, c'est plus délicat.

En tout cas, notre vieux poète gaulois a plus d'une fois vécu à la façon de nos deux voleurs de pâté. Qu'on lise les Repues franches ! N'est-ce pas le même principe, le même élément de comique ! La mystification toujours, la ruse pour se procurer de quoi vivre ou « s'esbaudir ». L'ancêtre de ces fourbes, malgré tout sympathiques à cause de leur verve et de leur adresse, c'est Renard. le héros de la grande épopée satirique du moyen âge. Pathelin payant son drap de belles paroles. Villon et ses joyeux compagnons faisant chère lie sans bourse délier, Panurge enfin, sont de la même famille que les deux personnages de notre farce.

Le travail que nous présentons aux lecteurs est de la même nature que celui que nous avons fait pour la Farce du Cuvier. C'est aussi la première fois que cette vieille farce est adaptée.

Dans la collection de l'Ancien Théâtre français publiée par Viollet-le-Duc, le texte est donné sans commentaires et n'est qu'une transcription d'après le recueil conservé à Londres.

La pièce peut être facilement montée et jouée.

La difficulté d'avoir ou de figurer un Cuvier n'a pas arrêté les nombreux amateurs qui ont désiré représenter notre dernière Farce, et nous avons eu le plaisir de diriger en plus d'un salon les jeunes interprètes qui avaient bien voulu apprendre nos vers. C'est à eux surtout que s'adresse cette oeuvre sans prétention, car elle a besoin de l'action et du jeu pour produire son effet. Puisse-t-elle avoir les destinées que demandait pour la Farce du Cuvier un maître en l'art du Théâtre, M. Henri de Bornier, dans la lettre trop flatteuse qu'il nous a fait l'honneur de nous consacrer l'an dernier dans les colonnes du Musée des familles.

G. DES BRULIES.

lundi 28 septembre 2009

Jean-Marc Bernard (1881-1915)


  • Sur un air de Paul-Jean Toulet / chansons par Jean-Marc Bernard, Francis Éon et Henri Martineau.- Bruxelles (146, chaussée de Vleurgat) : Éditions Un coup de dés..., MDCCCCXXVII [1927].- [6] p. ; 26 cm.
    • Cette édition de « Sur un air de Paul-Jean Toulet » a été achevé d'imprimer en caractères "Lutétia", corps XXVIII, de J. van Krimpen le trente septembre mil neuf cent vingt-sept sur les presses de Joh. Enschedé en Zonen à Haarlem pour le compte de Charles Castermans & Georges Vriamont éditeurs à Bruxelles. Le tirage de cette édition comporte 20 exemplaires sur Japon Impérial à la forme numérotés de I à 20, 150 exemplaires sur Vélin de cuve Pannekoek numérotés de 21 à 170. Exemplaire N°164.


samedi 26 septembre 2009

Maurice Magnier


  • L'Epousée / Maurice Magnier ; avec onze illustrations dans le texte par A. Guillaumot fils.- Paris (53, quai des Grands-Augustins) : J. Lemonnyer, 1884.- n.p. : ill. ; 23 cm.
    • Justification du tirage : 5 exemplaires sur papier du Japon, avec une triple suite des planches, tirées à part, numérotés 1 à 5 ; 50 exemplaires sur papier du Japon, avec une suite des planches, tirées à part, en noir, numérotés 6 à 56 ; 500 exemplaires sur papier vélin teinté. [Exemplaire] n°188.

jeudi 24 septembre 2009

Claude Joseph Dorat (1734-1780)


  • Contes grivois du dix-huitième siècle, à savoir : Parapilla ; Les Dévirgineurs ; Vert-Vert ; M. Alphonse ; Les Trois manières ; Ce qui plaît aux Dames ; Les Cerises ; Le Mal d'Aventure ; Le Savetier, etc., etc. précédés de Réflexions sur le conte / par Dorat ; illustrés des vignettes de l'époque imprimées à mi-pages en deux couleurs et gravées sur bois par Doms.- A Bruxelles : Par les soins de Henry Kistemaeckers, [1879].- 215 p. : ill. ; 18,5 cm.
    • 500 exemplaires sur papier ordinaire et 50 exemplaires sur papier de Hollande ont été tirés de cet ouvrage et se trouvent en vente chez les principaux libraires de France et de Belgique.

mardi 22 septembre 2009

Maurice Scève (1501-1564)


  • Microcosme / par Maurice Scève ; publié par Valery Larbaud & A. A. M. Stols, avec une introduction de Valery Larbaud, portrait gravé sur bois par J. Franken Pzn.- Maestricht : A. A. M. Stols, MCMXXVIII [1928].- XXX-111 p. : ill. ; 25 cm.- (Collection des poëtes lyonnais).
    • Cette édition des Microcosme par Maurice Scève ; publié par Valery Larbaud & A. A. M. Stols, avec une introduction de Valery Larbaud, a été ornée d'un portrait de Maurice Scève et de six bois gravés par J. Franken Pzn, et d'un titre et de lettrines par Alphonse Stols. Achevé d'imprimer le 31janvier 1928 sur les presses des Maîtres-Imprimeurs Boosten & Stols à Maestricht. Le tirage est limité à : 10 exemplaires sur papier Impérial du Japon contenant une suite des bois sur Hollande (I-10) ; 40 exemplaires sur papier de Hollande Pannekoek (11-50) ; 600 exemplaires sur vergé teinté Pannekoek (51-650). En outre il a été tiré quelques exemplaires sur les différents papier, réservés à l'éditeur, et numérotés en chiffres romains. [Exemplaire] n° 170

dimanche 20 septembre 2009

Louise Labé (1524-1566)


  • Oeuvres complètes / de Louïse Labé lionnoize ; publiées par P.C. Boutens avec une introduction par J.-J. Salverda de Grave, portrait gravé sur bois par J. Franken Pzn.- Maestricht : A. A. M. Stols, MCMXXVIII [1928].- XXXV-191 p. : ill. en front. ; 25 cm.- (Collection des poëtes lyonnais).
    • Cette édition des Oeuvres Complètes de Louïse Labé, Lionnoize, publiées par P.C. Boutens avec une introduction par J.-J. Salverda de Grave, a été composée en caractères "Garamont". Le portrait a été gravé sur bois par J. Franken Pzn. Achevé d'imprimer le 15 avril 1928 sur les presses des Maîtres-Imprimeurs Boosten & Stols à Maestricht. Le tirage est limité à : 10 exemplaires sur papier Impérial du Japon contenant chacun une double suite du portrait sur Japon et sur Hollande (I-10) ; 40 exemplaires sur papier de Hollande Pannekoek, contenant chacun une suite du portrait sur Hollande (11-50) ; 600 exemplaires sur vergé teinté Pannekoek (51-650). En outre il a été tiré quelques exemplaires sur les différents papier, réservés à l'éditeur, et numérotés en chiffres romains. Exceptionnellement il a été tiré pour Monsieur P.C. Boutens un exemplaire sur papier antique de Hollande Van Gelder, imprimé à son nom et justifié : Exemplaire unique sur Hollande. [Exemplaire] n° 375.

vendredi 18 septembre 2009

Paul Max (1884-1945)


  • Papillon d'Amour : Un acte en vers / par Paul Max.- Bruxelles (26-28, rue des Minimes) : Editions de la Belgique artistique et littéraires, 1910.- 41 p. : couv. ill. ; 18,5 cm.
    • Il existe une partition de musique de scène de Gaston Waucampt. Première parution dans La Belgique artistique et littéraire, n °59, août 1910.

mercredi 16 septembre 2009

Marcel Thiry (1897-1977)


  • Trois longs regrets du lis des champs : Anabase platane, Prose des forêts mortes, Air du wagon postal / Marcel Thiry.- Liége : La Flûte enchantée, 1955.- 31 p. ; 25,5 cm.
    • Il a été tiré de cet ouvrage : 30 exemplaires sur papier de Hollande, dont 16 exemplaires nominatifs marqués des lettres A à P et 14 exemplaires, signés par l'auteur, numérotés de I à XIV, & 500 exemplaires sur papier de Virginal, numérotés de 1 à 500. Exemplaire numéro 131.
    • Wim Gérard étant administrateur de la Flûte enchantée ; avec la collaboration de MM. Marcel Crahay, André Ruyters & Joseph Lefebvre, j'ai eu l'honneur et me suis donné la joie de composer à la main, en caractères Garamond, le texte du présent ouvrage, et je l'ai achevé d'imprimer sur les presses de la Typographie Catherine Fauln, à Liége, le 18 novembre 1955. Alexis Curvers.
    • La devise de la Flûte enchantée, qui orne le frontispice, a été gravée sur bois, par Roger Thomas.

lundi 14 septembre 2009

Papiers


  • Les "Pépins" qui guettent toute la gamme des papiers / [ill. par Pierre Leconte].- [Annecy] : Papeteries Aussedat, 1935.- n.p. : ill. en noir et en coul. ; 21,5 cm.
    • La couverture porte : Comment éviter quelques "pépins" quotidiens, le choix des papiers d'imprimerie.

samedi 12 septembre 2009

John Knittel (1891-1970)


  • Thérèse Etienne / John Knittel ; traduit par Marie Mirande, bois gravés de Joris Minne.- Bruxelles (163, boulevard Adolphe Max) : Editions du Nord - Albert Parmentier, 1943.- 261 p.- [16] f. de pl. : couv. ill. en coul. ; 26 cm.- (Flamma Tenax ; 2).
    • Ce livre, le deuxième de la collection Flamma Tenax, a été établi par Albert Parmentier, avec la collaboration de Paul Angenot pour le texte. Le tirage est de 5000 exemplaires destinés à la vente, soit 200 exemplaires, numérotés de 1 à 200, sur grand vélin blanc de Hollande, avec une suite des bois, en sépia, sur vélin blanc ; 300 exemplaires, numérotés de 201 à 500, sur vélin fort Amarante, avec une suite, en sépia, sur vélin blanc ; 4500 exemplaires, numérotés de 501 à 5000, sur vélin Estella. Il a été tiré en outre un exemplaire unique, justifié U, sur Japon nacré Mitsu, contenant une suite unique sur Japon impérial extra-mince Tosa Tengujo, une suite, en sépia, sur vélin blanc, et auquel on a joint les bois originaux. Le présent exemplaire porte le numéro 2573.

jeudi 10 septembre 2009

Alfred Franklin (1830-1917)


  • Les Rues et les Cris de Paris au XIIIe siècle : pièces historiques publiées d'après les manuscrits de la Bibliothèque nationale et précédées d'un étude sur les rues de Paris au XIIIe siècle / par Alfred Franklin de la Bibliothèque Mazarine.- Paris (8, rue de Verneuil & 7, rue Guénégaud) : Léon Willem & Paul Daffis, 1874.- 204 p. ; 16,5 cm.- (Coll. de documents rares et inédits relatifs à l'histoire de Paris ; 3).
    • Tiré à 350 exemplaires tous numérotés : 325 sur papier vergé des Vosges, 25 [sur papier de] chine véritable, 3 sur parchemin. [Exemplaire] n°191.

mardi 8 septembre 2009

Louis de Chauvigny


  • Deux contre-élégies pour Tristan Derème / [par Louis de Chauvigny ; ill. par René Berton].- Saint-Calais (Sarthe) : Impr. Émile Lefeuvre, 1926.- n.p. : ill. ; 19,5 cm.- (Les Amis de Tristan ; 1).
    • Il a été tiré de cette plaquette quatre-vingts exemplaires numérotés hors commerce dont quinze sur papier San-Francisco teinté et soixante-cinq sur papier de luxe pur fil Vincent Montgolfier avec dessins originaux de René Berton. Exemplaire n°73 avec envoi autographe signé à Joannin Ardouin.

dimanche 6 septembre 2009

Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776-1822)


  • Sœur Monika : récits et aventures : document philanthropinico-philanthropico-physico-psycho-érotique du couvent séculier de X*** à S*** / Traduit de l'allemand par E. L.- Paris (23-25, rue du Cherche-Midi, 6°) : Le Terrain Vague, 1966.- 188 p. ; 21,5 cm.

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NOTICE DU TRADUCTEUR

En 1815 parut en Allemagne un petit livre de format in-18, assez incorrectement imprimé, dont le titre était le suivant : Schwester Monika // erzählt und erfährt.// Nudus - fabularum cur sit in - // ventum genus Brevi decebo - // Servitus ab nocte dieque. // Eine erotisch = psychisch = physisch = phi = // lantropisch = philantropinische Ur = // kunde des säcularisirten Klosters X. // in S. — // Erste Abtheilung. // Kos und Loretto. // 1815. Avec un titre-frontispice gravé sur bois.

Il est rarissime.

Il a été réimprimé une première fois à Vienne (édition privée chez le Dr Rudolf Ludwig), en 1910, à 800 exem­plaires, par Gustav Gugitz qui a fait précéder le texte d'une longue préface et l'a fait suivre de quelques notes. Gugitz n'a malheureusement pas reproduit le titre-frontis­pice gravé sur bois, qui nous reste inconnu.

Une nouvelle édition a paru en 1965, par les soins de la firme Gala, à Hambourg. C'est une luxueuse réimpres­sion de l'édition Gugitz, de 1910, suivie d'une très intéres­sante postface du Dr Rudolf Frank, éminent hoffmannien.

Le destin de ce petit roman érotique, presque inconnu, a toujours été et restera probablement toujours mysté­rieux. Il a fait couler beaucoup d'encre et suscité des controverses parfois acerbes. Sa valeur intrinsèque réelle, jointe à la curiosité qu'éveille immanquablement son mys­tère, justifient amplement la première traduction fran­çaise qui en est donnée aujourd'hui.

C'est Gustav Gugitz, en 1910, qui éprouva le premier la certitude que l'auteur de Monika ne pouvait être que E.T.A. Hoffmann. Dans sa très longue et consciencieuse préface, il énumère toutes les constatations qui l'ont mené à cette conclusion. Après avoir examiné la typographie de l'édition de 1815 et l'avoir comparée à celle d'autres livres de la même époque, il trouve des similitudes entre celle de Monika et celle d'ouvrages sortis des presses de Kühn, éditeur à Posen, spécialiste de la littérature érotique et tenancier d'un cabinet de lecture que fréquentait Hoff­mann, quand il était en poste dans cette ville. Toutefois, un examen sans parti pris des caractères et des titres d'autres ouvrages de cette époque, sortis d'imprimeries allemandes de second ordre, se révèle concluant : Monika a pu être imprimée à Posen, mais aussi dans beaucoup d'autres villes où la typographie n'était pas cultivée comme un art.

Gustav Gugitz n'est pas beaucoup plus rigoureux dans les autres démonstrations qu'il entreprend pour prouver la paternité d'Hoffmann : nombreuses affinités avec les Élixirs du Diable (quasi-simultanéité de la date de publication des deux ouvrages, cadre, personnages, etc.), abondance de notes plaisamment érudites, fréquentes allusions à la mythologie ou à des personnages littéraires, citations d'auteurs contemporains que Hoffmann a pu lire. Aucun de ces arguments n'est convaincant. Aussi comprend-on que, parmi d'autres, Hans von Müller, le plus important des hoffmanniens d'avant la première guerre, homme sérieux, se soit « violemment emporté » contre « l'excellent Gugitz ». Mais la véhémence de telles réactions n'a fait qu'attirer davantage l'attention sur le mystère qui plane sur Monika. Il n'en reste pas moins que, des questions soulevées et des arguments apportés par Gugitz, naissait, non la lumière, mais une pénombre où il devenait possible de croire Monika une fille d'Hoffmann (1).

En 1924 entra en lice un champion plus persuasif, le Dr Rudolf Frank ; dans la préface qu'il mit en tête de son édition des œuvres complètes d'Hoffmann, il prit parti pour l'attribution de Monika à Hoffmann, ainsi que dans quelques articles qu'il publia ensuite pour répondre aux objections qui lui avaient été faites. Récemment, un cha­pitre de ses souvenirs (Spielzeit meines Lebens, Heidel­berg, 1960) était consacré à cette question. Enfin, en 1965, sa postface à la réédition de Monika résume ses raisons — et elles sont de poids — de croire à la paternité d'Hoff­mann.

Il y fait, une fois de plus, justice d'un Hoffmann aux mœurs pures qui n'a jamais existé. Fétis, en 1839, dans sa Biographie des Musiciens, ne nous cache pas qu'Hoffmann rédigea dans sa jeunesse des écrits « licencieux ». Hoffmann n'a jamais sincèrement rougi des excès auxquels il se livrait « par principe », note-t-il dans son Journal, ne les qualifiant que de « bêtises » ou de « bien vilaine conduite ». Jamais il n'a caché son goût pour l'amour ; et son ami Hippel lui reprochait son « obscénité ». Maints passages de sa correspondance ont été supprimés mes par ses destina­taires ou ses premiers publicateurs. Enfin, Hitzig, son exé­cuteur testamentaire, a brûlé plus d'un manuscrit qualifié de trop « salé ». Écartons donc l'objection d'une prétendue moralité d'Hoffmann. Mais, s'il n'y a pas d'argument contre l'attribution à Hoffmann, quels sont ceux qui vont appuyer cette attribution ?

Rudolf Frank connaît parfaitement le style et les thèmes d'Hoffmann dont il a publié les œuvres complètes en onze volumes, en 1924. Convaincu, à la lecture de Monika, qu'Hoffmann seul peut en être l'auteur, mais soucieux de ne pas s'appuyer sur une simple impression personnelle, il cherche la certitude de cette paternité dans une « ana­lyse sonore », selon la méthode de Sievers ; elle confirme les similitudes entre Monika et les autres œuvres d'Hoff­mann. Puis il établit un répertoire des thèmes, des tour­nures de phrase, des mots employés dans *Monika*. Leur comparaison avec ceux qu'emploie Hoffmann, en particu­lier au cours des années de Bamberg qui précédèrent la publication de Monika, laisse apparaître, dit-il, de nom­breuses ressemblances et concordances avec ce roman. Un peu avant 1930, Rudolf Frank avait convenu avec Erich Lichtenstein, éditeur à Weimar de la grande édition des œuvres d'Hoffmann procurée par Harich et de la mono­graphie d'Hoffmann par le même, de publier un volume complémentaire contenant le texte de Monika et ce tableau de concordances. Les épreuves en étaient prêtes peu après 1930. Ce projet avorta.

C'est alors que se produisit une rencontre étrange. Lors d'un banquet offert par la S.A. Metallgesellschaft, Hilde­gard, soeur de Frank et femme du Dr Paul Rosbaud, avait pour voisin de table un chimiste, le Dr Ernst August Hauser, avec qui elle vint à parler d'Hoffmann et de Monika, se demandant si ce roman, auquel son frère s'in­téressait fort, était vraiment d'Hoffmann. La réponse la surprit : « Mais naturellement. Et je possède le manus­crit ! — Sans doute voulez-vous dire un exemplaire de l'ancienne édition ? — Mais non ! Le manuscrit. C'est un héritage de ma femme.» Le Dr E.A. Hauser avait en effet épousé Susi Devrient, fille de Max Devrient, fils lui-même de Karl August, neveu de l'acteur Ludwig Devrient (1784-­1832) (2). On sait que ce célèbre acteur avait été l'un des meilleurs amis d'Hoffmann et l'âme des réunions qui avaient lieu tous les soirs, toutes les nuits, à la taverne de Lutter et Wegener, à Berlin, en 1815 ; que de propos fous durent y être échangés ! Rien n'empêche de croire que la conception de Monika fut l'œuvre commune de ce groupe d'amis. On sait aussi que de nombreux papiers d'Hoffmann avaient été confiés par lui, de son vivant, à Devrient. C'est ainsi qu'ils ont pu arriver entre les mains de Susi Devrient, puis entre celles de son mari.

On devine l'impatience du Dr Rudolf Frank. Il incite un de ses amis, admirateur et connaisseur d'Hoffmann, Wilhelm Jaspert, directeur de la maison d'édition Reimar Hobbing, à se rendre à Munich chez Hauser, pour voir les manuscrits. Dans une atmosphère mystérieuse créée par des tentures noires, E.A. Hauser ouvre un placard et en sort... le manuscrit de Monika, celui du roman Le Mys­térieux, que l'on croyait perdu, et un monceau d'autres manuscrits, dessins, caricatures, artitions, notes, etc., tous indubitablement de la main d'Hoffmann. Après un bref examen, les documents rentrent dans le placard qui se referme sur eux.

Jaspert forme le projet d'éditer ces manuscrits et d'en confier la publication à Rudolf Frank. Mais quelques années plus tard il est assassiné par les nazis. E.A. Hauser, parti pour les États-Unis, y poursuit, dans les honneurs, une brillante carrière scientifique et universitaire ; il y meurt en 1956. Sa maison de Munich est détruite par les bombardements.

Il semble que le placard se soit refermé définitivement sur le manuscrit de Monika : Reinhard Jaspert, en 1965, confirmait que son frère Wilhelm s'était exprimé « très positivement » à la suite de sa visite chez Hauser ; or la grande connaissance qu'avait Wilhelm Jaspert de tout ce qui concernait Hoffmann permet difficilement de mettre en doute l'authenticité du manuscrit qu'il a vu.

Ce manuscrit sortira-t-il encore une fois de son tom­beau ?

E. L.

(1) En France, seul, Jean Mistler semble connaître l'existence de Monika et accueillir favorablement la thèse de l'attribution à Hoffmann dans son bref mais pénétrant Hoffmann le Fantastique.
(2) En juin 1927, Hauser avait été accusé du meurtre de sa femme, trouvée empoisonnée à son côté sans qu'il s'en fût aperçu. Des protec­tions, le manque de preuves et la haute situation morale et matérielle de Hauser avaient fait clore l'affaire par un non-lieu.

vendredi 4 septembre 2009

Patrick Waldberg (1913-1985)


  • Eros Modern'Style / par Patrick Waldberg.- Paris : Jean-Jacques Pauvert, 1964.- 236 p. : ill. ; 18 cm.- (Bibliothèque internationale d'érotologie ; 14).

mercredi 2 septembre 2009

Maurice Dekobra (1885-1973)


  • Salutations distinguées : Manuel du très bon ton d'après un manuscrit inédit d'Hamydal le Philosophe / Maurice Dekobra, avec 52 dessins de l'auteur.- Paris (27bis, rue du Moulin-Vert, 14e) : Éditions Baudinière, 1949.- 231 p. : ill. ; 26,5 cm.
    • Il a été tiré de cet ouvrage cinquante exemplaires sur papier vélin pur fil Lafuma, chaque exemplaire contenant un dessin original signé de l'auteur ; ces exemplaires sont numérotés de 1 à 50 ; et onze cent cinquante exemplaires imprimés sur papier alfa mousse Navarre numérotés 51 à 1200 et paraphés par l'auteur. Ces exemplaires constituent l'édition originale proprement dite. En outre, il a été tiré 40 exemplaires marqués H.C. (hors commerce). [Exemplaire] n°347 .