mercredi 16 janvier 2013

Henri Monnier (1799-1877)



  • L'Enfer de Joseph Prudhomme / par Henry Monnier ; précédé de l'Histoire du Théâtre érotique de la rue de La Santé.- A Paris : Au Cercle du livre précieux, MCMLIX [1959].- 46 p. : ill. ; 21,5 cm.- (L’Écrin secret du bibliophile ; 9).
    • Ce livre, le neuvième de la collection "l'écrin secret du bibliophile", publié sous la direction de Jacques Haumont, a été composé en Bodoni romain corps 8 et tiré à mille cinq cents exemplaires, numérotés de 1 à 1500, sur vélin pur chiffon des papeteries Johannot, par Jean Crès et fils, imprimeurs, à Paris. Il a été tiré en sus quelques exemplaires de collaborateurs marqués H.C. Exemplaire H.C. Sous étui réunissant les numéros 6 à 10 de la collection.


NOTICE.

Ce fut un grand élan de fantaisie et de gaieté qui soudain, en 1862, décida quelques poètes non confor­mistes à créer, dans la rue de la Santé, un théâtre libre qui servirait de prétexte à réunir chaque quinzaine une vingtaine de gens d'esprit, artistes ou hommes de lettres que n'avaient pu discipliner un bourgeoisisme envahissant ni de tyranniques soirées officielles où se mêlaient peintres et boursiers, poètes et journalistes imbus de leur importance.

Monsieur Lemercier de Neuville, animateur de ce théâtre « bizarre, irrégulier, sauvage et excessif », en fut aussi l'architecte, le maçon, le peintre et le machiniste. Et rien n'est plus savoureux à lire que la description qu'Albert Glatigny, dans son Histoire du Théâtre Érotique de la rue de la Santé, donne de cette maison où la fantaisie et le burlesque, jusque dans les plus infimes détails, régnaient en maîtres.

La Grisette et l’Étudiant, d'Henry Monnier, aussi cé­lèbre comme dessinateur que comme écrivain, y connut le plus franc succès. On y voit contée une scène d'amour d'un extrême réalisme, et ce récit se trouve relevé d'ins­tants en instants par les réflexions d'un petit bourgeois qui parle à la cantonade, personnage à la fois ridicu­lement conventionnel et naïvement accessible aux émo­tions physiques.

Quant aux Deux Gougnottes, elles ne furent pas jouées sur ce théâtre, mais l'on y reconnaît le même talent de froide narration et d'érotisme savamment dosé qui caractérise bien la manière d'Henry Monnier, cet observateur auquel rien n'échappe, même dans les situations les plus osées, et qui cependant transcrit tous ces détails avec un flegme imperturbable, ce qui faisait dire à Théophile Gautier que son œuvre théâtrale n'était « plus de la comédie, mais de la sténographie » et incitait Baudelaire à comparer sa froideur et sa lim­pidité à celles d'un miroir, « un miroir qui ne pense pas et qui se contente de réfléchir les passants ».