mercredi 18 juillet 2007

Brins de plume


    • Ce septième volume de la deuxième série de "Brins de plume" a été tiré à mille ex. par Daniel-Luxe à Lille pour Union Bibliophile de France, 76 rue Bonaparte, Paris. [Exemplaire] n°179.
[Postface]

UN petit officier de vingt ans a pour ambition, — l'une de ses ambitions, — de devenir homme de lettres. Il s'exerce à rédiger les anecdotes qui l'ont frappé, les pensées qui l'occupent... Le sous-lieutenant Nabulione de Buonaparte est devenu célèbre, et même dans les lettres, mais ses oeuvres de prime jeunesse sont restées peu connues, sauf le Souper de Beaucaire, écrit, il est vrai, lorsque l'auteur était déjà sur le chemin des succès militaire et politique.

Le Masque Prophète paraphrase un épisode de l'Histoire des Arabes, de Marigny. Le dernier mot en est en effet prophétique : « jusqu'où peut pousser la fureur de l'illustration ».

L'Aventure au Palais Royal est celle que les écrivains débutants ont toujours cru devoir relater : le ton en voudrait être celui des confessions de Rousseau, jusqu'à l'expression : l'air grenadier des filles.

Les Réfugiés de la Gorgona datent du Napoléon anglomane, nourri de Raynal, de Boswell, et du souvenir d'Horace Walpole qui délivra de sa prison pour dettes le malheureux roi de Corse Théodore Ier.

Le Discours sur l'Amour n'est en réalité qu'une discussion laborieusement paradoxale entre deux jeunes artilleurs qui s'ennuient en garnison. Quinze ans plus tard, l'un aura nommé l'autre administrateur des Bâtiments de Sa Couronne impériale.

Ces ceuvrettes sont surtout piquantes par leur rédacteur ; il n'est si faible lumière qui n'aide, cependant, à découvrir une si vaste figure.

Leur style à peu près correct pose un petit problèm : ont-elles été corrigées par quelques complaisant ami, comme le furent les Lettres sur la Corse par le Père Dupuy ?

Il serait curieux qu'elles eussent été rédigées telles par l'homme qui à dix-neuf ans écrivait :

«... produit le tord le plus éminant à nos affaires que cet entreprise a beaucoup
dérengé... » et à quarante-cinq ans devait encore écrire à sa femme Marie-Louise :

« Je vois que tu as été au Sallon, dis-moi ce que tu en pense, tu es connaisseur, puisque tu paint pas mal... Ma senté est fort bonne, ambrasse mon fils, dis-moi qu'il a fais ses dents. »

L'énigme du français de Napoléon n'a jamais été tout à fait élucidée.

M[aximilien] V[ox]