samedi 30 janvier 2010

Paul Adam (1862-1920)


  • Lettres de Malaisie : roman / Paul Adam ; édition décorée de compositions originales dessinées et gravées sur bois par Maurice de Becque, portrait de l'auteur gravé par Paul Baudier.- Paris (21, rue Hautefeuille) : Georges Crès et Cie, MCMXXII [1922].-XII-237 p.-1 f. de pl en front. : ill. ; 19 cm.- (Les Maîtres du Livre ; 98).
    • Ce livre, le quatre-vingt-dix-huitième de la collection des « Maîtres du Livre », a été établi par Ad. van Bever. Tiré à mille neuf cent cinquante exemplaires, soit : 60 ex. sur grand vélin de Rives (dont 6 hors commerce), numérotés de 1 à 54 et de 55 à 60 ; 55 exemplaires sur vélin de Rives, bleu lavande (dont 3 hors commerce), numérotés de 61 à 112 et de 113 à 115 ; et 1835 ex. sur papier des manufactures de Rives (dont 100 hors commerce), numérotés de 116 à 1850 et de 1851 à 1950. Le présent ouvrage a été achevé d'imprimer par R. H. Coulouma, à Argenteuil, H. Barthélemy, directeur, le XXX juillet MCMXXII. Les en-têtes et culs de lampe décoratifs ont été gravés sur bois par M. de Becque. Exemplaire sur papier de Rives n°1381.
    • Le texte du présent ouvrage a été établi sur la seconde édition intitulée : La Cité prochaine. Nous nous sommes crus autorisés, toutefois, à reproduire le titre de l'édition originale de 1898, plus conforme à la pensée de l'auteur. N.D.É.

jeudi 28 janvier 2010

Paul Léautaud (1872-1956)


  • Marly-le-Roy et environs / Paul Léautaud.- Paris (26, rue Desbordes-Valmore) : Editions du Bélier, 1945.- 55 p. ; 19 cm.
    • Marly-le-Roy et environs a été tiré à mille exemplaires, se répartissant comme suit : 10 exemplaires sur Japon impérial à la forme, numérotés de 1 à 10 ; 30 exemplaires sur pur vélin à la forme des papeteries d'Arches, numérotés de 11 à 40 ; 70 exemplaires sur pur chiffon à la forme des papeteries de Lana, numérotés de 41 à 110 ; 850 exemplaires sur Vélin, numérotés de 111 à 960 ; 40 exemplaires d'auteur sur vélin, numérotés de I à XL. Il a été tiré en outre vingt exemplaires hors commerce sur différents papiers, numérotés de XLI à LX. Exemplaire [n°] 707.
    • Ces textes ont paru en revues et journaux de 1931 à 1938 : Nouvelle Revue Française, Mercure de France, Vendémiaire, Chronique filmée, Voilà, Arts et Idées.

mardi 26 janvier 2010

André Suarès (1868-1948)


  • Italie, Italie ! / André Suarès.- Paris (100, rue du Faubourg-Saint-Honoré) : Émile-Paul Frères éditeurs, 1915.- 23 p. ; 19 cm.
    • Justification du tirage [Exemplaire] n°435.

dimanche 24 janvier 2010

Raymond Limbosch (1884-1953)


  • La Rose et l'Araignée, poèmes : Matins, midis, crépuscules, nuits / Raymond Limbosch.- Bruxelles (18, rue Saint-Bernard) : Editions de l'Art décoratif C. Dangotte, 1935.- 87 p. ; 21 cm.
    • Les poèmes de ce recueil sont composés en vers oraux, justes à l'oreille uniquement ; les e pointés ne se prononcent pas. Une note en fin d'ouvrage, définit cette réforme prosodique.

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NOTE

Les poèmes de ce recueil sont composés en vers oraux syllabiques.

Le vers oral syllabique, c'est le vers traditionnel, réformé. Sa réforme se fonde sur le principe posant que la substance physique du vers est exclusivement son, comme celle de la musique elle-même. Il s'en suit que le vers oral discipline la langue parlée, dans sa prononciation contemporaine, l'écriture n'étant qu'une notation dont le rôle dans la constitution même du vers est nulle.

Il résulte au bref de cette donnée fondamentale, que :

1° Le vers oral rime à l'oreille uniquement, les homographies étant sans aucune signification (1) ;
2° Dans le vers oral, l'hiatus, ou rencontre de sons et non de lettres, n'est pas annulé par l'interposition d'un signe orthographique sans existence phonétique (par exemple : la vie hideuse, la boue où...). En principe, on lie les mots à l'intérieur d'un groupe rythmique ; on ne lie pas d'un groupe rythmique à l'autre, sauf pour éviter l'hiatus. (Sur les lac(s) endormis que de lents souffl(es) effleurent) ;
3° Le vers oral interprète les synérèses propres à la prononciation vivante (par exemple : con-scient et non : con-sci-ent) ;
4° Le vers oral interprète les chutes de l'e caduc, dit e muet, propres à la prononciation vivante.

Or l'amuissement de l'e caduc se fait plus rare à mesure que les idées exprimées ont un caractère plus sérieux, plus élevé, à mesure aussi que le discours suppose un auditoire plus nombreux ou plus choisi, et en conséquence, à mesure que la diction est plus soutenue et plus lente. S'inspirant de ces faits observables objectivement dans la prononciation spontanée, la discipline orale les applique aux divers genres littéraires en vers, selon la convention suivante :

a) On supprime toujours l'e final d'un polysyllabe après une consonne unique, écrite en une ou plusieurs lettres, et ce quelle que soit dans le vers la place du mot dont question. Exemples : fontain(e), chapell(e), étap(e) (2).
b) On supprime toujours l'e d'une syllabe intérieure après une seule consonne, écrite en une ou plusieurs lettres, et ce quelle que soit la place dans le vers, du mot dont question. Exemples : env(e)nimer, batt(e)rie.
c) L'e des monosyllabes (je, le, se, que...), celui des syllabes initiales (tenir, lever, redire...), celui enfin des syllabes finales, précédé de deux ou plusieurs consonnes (arbre, misérable, manoeuvre...) sont conservés ou supprimés selon la nuance d'élévation ou de gravité de l'idée et selon la place dans le vers du mot dont question.
d) Tous les e caducs non tombés se prononcent avec la même netteté que tout autre son-voyelle non tonique, c'est-à-dire comme un son franc et plein, l'e étant une des plus éclatantes parmi les quinze voyelles du parler français.

Pour renseigner le lecteur sur les intentions du poète, les e tombés sont pointés, indice discret qui laisse à la typographie son unité et qui ne paraît pas plus singulier à l'usage que l'accent ou la cédille.

Les règles énoncées plus haut ne constituent que l'essentiel de la discipline orale. La prononciation vivante, dans ses rapports avec la diction expressive du rêve poétique, comporte tant de nuances, qu'il y aurait lieu en quelque sorte de faire suivre le texte d'un recueil de vers oraux, d'une façon d'exégèse et de casuistique d'art. Du moins un semblable commentaire technique, fait par le poète lui-même, se justifierait-il par l'utilité d'éclairer le lecteur sur les difficultés et les richesses d'une discipline nouvelle.

Par ailleurs, il est évident qu'on fausserait la diction du vers oral en le scandant selon les conventions articulatoires du vers traditionnel ; tout comme trop de diseurs trahissent le vers traditionnel en le prononçant selon le parler vivant. Les comédiens d'aujourd'hui notamment et des meilleurs au demeurant, sacrifient eux-mêmes le vers classique à la pression de l'habitude de la langue parlée, c'est-à-dire à la vérité vivante de l'expression. Il en faut conclure non pas que ces artistes aient raison de fausser les vers traditionnels, mais que la poésie devrait offrir aux diseurs, des vers justes au bon parler d'aujourd'hui ; ce qui ne peut se faire valablement que selon une discipline formelle et non au petit hasard des inspirations subjectives, trop souvent abandonnées à des illusions auditives érigées arbitrairement en faits phonétiques positifs.

Il va de soi que la technique du vers oral est conventionnelle comme toute technique d'art, mais ses conventions interprètent les réalités du parler vivant, au lieu que celles du vers traditionnel ne sont plus que des formules ayant fixé jadis l'interprétation d'une prononciation, aujourd'hui morte depuis des siècles ; formules qui sacrifient à l'écriture, c'est-à-dire à la vue alors que, de toute évidence, c'est l'oreille seule qui est le sens réceptif du discours, noté ou non.

Cependant, la prosodie classique que l'évolution de la prononciation a rendue si artificielle, si momifiée en certaines de ses règles, est pour plus d'un amateur ou créateur comme une seconde nature artistique ; si bien qu'ils résistent tenacement à l'idée de prononcer des vers modernes selon la prononciation moderne. Ils ont le sentiment, la poésie étant proche de l'incantation religieuse, que la diction du vers gagne à rester archaïque ; n'est-ce pas en latin que se chante la messe ? Sans doute ; mais qui prétend s'en tenir à la prononciation de Malherbe se contredit en n'usant pas de son vocabulaire et de sa langue.

A l'opposé est cette opinion infiniment moins défendable encore, selon quoi il y aurait autant de prosodies qu'il y a de poètes. En effet, l'art est une correspondance des sensibilités, une communication des esprits, une communion des coeurs. Ceci implique un truchement formel accepté de l'artiste et du public, et qui soit fondé sur des réalités objectives et permanentes, en l'occurrence, sur le génie articulatoire de la langue, mais disons-nous, de la langue vivante. Puisque le vocabulaire poétique s'adapte à l'évolution du langage, on ne voit pas pourquoi la prosodie ne suivrait pas de même l'évolution de la prononciation. On voit encore moins d'ailleurs pourquoi persister à rimer pour l'œil, ce qui est une pure fiction, étrangère au chant lyrique, dont l'art est musique et non dessin.

Certes, nous savons qu'il est une extrême sensibilité chez l'amateur de vers, à peine moins intolérante que celle de l'amant jaloux ou du fidèle étroit. Nous savons que les uns s'irriteront de nous voir toucher aux dogmes de la tradition ; d'autres, de ce que nous dérangions leurs habitudes visuelles ; d'autres enfin de notre volonté, à leur sens superflue, de rajeunir une discipline qu'ils tiennent pour définitivement périmée. Nous savons aussi que le vers oral est d'un art complexe, auprès de quoi la tradition est d'une rassurante simplicité et l'anarchie vers-libriste, d'une complaisance infinie.

Aussi, depuis que nous avons créé et pratiqué la discipline orale du vers, avons-nous rencontré plus d'une résistance à l'agréer ; mais celles-ci, résistances de lecteur, non d'auditeur, nous les avons presque toujours vaincues quand il nous a été donné de faire entendre le vers oral. Au surplus, tout vers, comme toute musique, pour se justifier à plein, doit être entendu, et donc dit, et bien dit. Or dire le vers s'apprend ; dire le vers oral aussi, d'autant plus qu'il exige une rééducation de la prononciation poétique, déformée par la pratique des conventions traditionnelles. En attendant le jour où il sera commercialement possible d'éditer un ouvrage poétique sur disques phonographiques, il reste sans doute un problème graphique du vers ; mais il relève exclusivement de l'art de la typographie. Une parfaite mise en page ne fait pas le vers bon ; un poème parfait reste parfait si on l'imprime comme de la prose.

Quant à nous et pour conclure, en affirmant qu'il n'y a qu'un vers français : le vers syllabique à rimes, et que ce vers doit en revenir à sa nature réelle qui est exclusivement musique verbale, et dégager pleinement ses puissances rythmiques et mélodiques en usant de la prononciation vivante, nous croyons être dans le vrai du problème et de sa solution. Mais sachant que la vérité est de peu de vertu qui s'impatiente dans l'enclos aride de la théorie, nous avons préféré à la polémique littéraire, l'exemple de la création.

R. L.


(1) Exemples typiques de rimes vocaliques : marais-ivraie ; l'avis-la vie ; Joie-poix. Exemples typiques de rimes consonantiques : soleil-veille ; amour-laboure; ride-David. Les rimes ne se classent donc plus selon que le mot s'orthographie, mais selon qu'il se prononce ; selon qu'il est entendu et non vu ; et nous ajouterons selon qu'il est entendu non aux cours de diction, mais sur les lèvres des vivants qui parlent correctement et sans accent de terroir aucun. L'alternance se fait donc entre vocalique et consonantique.
(2) Une erreur à éviter est de tenir pour prononcé l'e muet qui à la finale est précédé d'une consonne explosive. Il n'y a pas plus d'e audible dans avid(e) que dans David, dans cett(e) que dans sept; ce que d'aucuns prennent pour un e prononcé est la perception de la fin d'émission de l'explosive.
En façon d'exemple, voici deux vers dont la prosodie est identique :
Le regard de David s'alluma brusquement.
Et son regard avid(e) s'alluma brusquement.
C'est donc par une convention non fondée en fait, que la tradition prononce une syllabe de plus au second mot de dyades telles que : Alfred-possède ; Joad-ruade ; Zadig-sarigue ; club-tube, cap-pape, etc.
Il en va d'ailleurs tout de même dans le cas de consonnes continues, comme le montre le premier hémistiche de chacun de deux vers suivants :
Et qui labour(e)nt les mers du flanc de leur carène.
Et seul l'amour des mèr(e)s fait espérer des hommes.
D'autre part, ces derniers exemples prouvent que l'effet d'allongement, de pédale, que d'aucuns attribuent à la présence d'un e muet final, en est absolument indépendant, mais tient uniquement à la nature de la consonne finale (telles que r, z, y) qui précède l'e muet. Puisque dans les dyades : mer-mère, amour-laboure ; Booz-morose ; Chiraz-Pégase ; travail-travaille, etc. les deux mots ont également la tonique longue et que l'e final est absolument muet dans la prononciation correcte de ceux de ces mots qui en comportent un, qu'est-ce à dire que d'exiger de cet e muet de faire syllabe, sinon qu'on sacrifie à un préjugé visuel ou à un dogmatisme académique. Sans doute, y a-t-il un art de la diction, subtil et fort peu pratiqué d'ailleurs, qui joue avec grâce des e muets que la tradition impose en bloc à la prononciation. Mais un artifice plus ou moins heureux n'est pas une justification de principe. Au vrai, la prosodie traditionnelle n'est capable d'aucun effet d'art qui lui soit exclusif, et elle est hors le vrai, hors le naturel de la diction. Enfin, il s'entend que l'e nul (jouera, épient, rue) ne fait pas question ici.

vendredi 22 janvier 2010

Honoré de Balzac (1799-1850)


  • Les Cent contes drolatiques mis en lumière par le sieur De Balzac : Quatrième dixain : Fragments inédits orné de quatre fac-similés / [Balzac ; notes par Marcel Bouteron].- Paris (27, rue Saint-Sulpice) : se vend à La Cité des Livres, 1925.- 61 p.- [4] f. de pl. ; 20,5 cm.- (Les Cahiers balzaciens ; 4).
    • Ce quatrième cahier a été tiré à cinq cent soixante-deux exemplaires : 12 exemplaires sur papier impérial du Japon, avec suite des planches sur papier de Chine, numérotés de 1 à 12 ; 25 exemplaires sur grand papier de Hollande Van Gelder, avec suite des planches sur vélin d'Arches, numérotés de 13 à 37 ; 500 exemplaires sur papier vergé à la forme des papeteries d'Arches, justifiés après tirage ; 13 exemplaires hors commerce sur papiers divers, numérotés de I à XIII ; 12 exemplaires hors commerce sur papier rose, numérotés de A à L, pour M. Laurent Duhamel-Surville de Balzac. [Exemplaire sur papier vergé].

mercredi 20 janvier 2010

Emmanuel Berl (1892-1976)


  • Mort de la morale bourgeoise : 1929 / Emmanuel Berl.- Paris : Jean-Jacques Pauvert, 1965.- 175 p. ; 18 cm.- (Libertés ; 29).

lundi 18 janvier 2010

Georges-Eugène Faillet, dit Fagus (1872-1933)


  • Lettres à Paul Léautaud / Fagus ; avec un avant-propos et des notes du destinataire.- Paris (9, Galerie de La Madeleine) : La Connaissance, MDCMXXVIII [1928].- IV-76 p. ; 19,5 cm.- (Les Textes ; 10).
    • Le volume : Lettres de Fagus à Paul Léautaud, "avec un avant-propos et des notes du destinataire", dans la typographie du maître imprimeur Coulouma à Argenteuil, H. Barthélemy étant directeur, et sur la maquette de René-Louis Doyon, est le dixième volume de la collection "Les Textes" publié par la maison à l'enseigne La Connaissance et sous la devise "On se lasse de tout excepté de connaître", sise à Paris, 9, Galerie de La Madeleine. Il a été tiré à 50 exemplaires sur Rives, numérotés de 1 à 50, et 900 exemplaires sur Alfa, numérotés de 51 à 950. Exemplaire justifié 730.

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AVANT-PROPOS

Une partie de ces lettres a paru dans les Nouvelles littéraires, en 1924, par mes soins. Si Fagus a donné son consentement pour le présent volume, il ne s'attendait pas à cette première publication. C'était une vengeance que j'exerçais à son égard. N'avait-il pas eu l'idée, grâce à ses relations dans les journaux, de faire de moi un candidat à l'Académie Goncourt, à propos d'une vacance qui venait de s'y produire ? On sait qu'on n'entre guère aujourd'hui à l'Académie Goncourt qu'aux environs de soixante-quinze ans. Tout juste, à peu près, pour mourir. C'est, littérairement, une sorte de caveau provisoire. Mes admirateurs, mes admiratrices surtout, — car j'espère bien que j'en ai quelques-unes, — qui ne me connaissent pas, allaient me prendre à distance tout à fait pour un vieillard ? J'ai trouvé ce jour-là que Fagus avait un peu exagéré. Je le lui dis à notre première rencontre : « Je me vengerai, mon cher. Je publierai les lettres que j'ai de vous. » Il se campa devant moi, en caressant sa barbe : « Je vous en défie ! » Je tins le défi. Hélas ! ma vengeance me resta pour compte. Quand parurent les Nouvelles contenant ses lettres, je rencontrai Fagus. Il m'aborda. « Hé! hé ! me dit-il. Vous avez vu les Nouvelles ? Ce numéro est fort intéressant. »

Je pense le plus grand bien de Fagus, mon « ennemi intime », comme il se qualifie, ainsi qu'on le verra. L'écrivain, d'abord, le poète, plein de naturel, pittoresque, extrêmement lettré, et, comme poète, aussi simple qu'émouvant. L'homme, ensuite, si bien pareil à ce qu'il écrit (mérite plus rare qu'on ne croit), si franc, si simple, si désintéressé, si amusant, écrivant pour son plaisir, sans souci de l'opinion ni des résultats, vivant dans son coin, sans rien demander à personne. J'ai du goût pour les originaux, et, comme homme et comme écrivain, Fagus est un original, être rare dans les temps littéraires que nous vivons.

Nous nous rencontrons presque chaque jour, à midi, à l'heure du déjeuner, lui venant de son Hôtel de Ville, moi de mon bureau du Mercure. Dès qu'il me voit, il m'arrête. Nous restons à bavarder, un quart d'heure, une demi-heure, tant il a l'esprit toujours éveillé. Quand il habitait rue Dauphine, c'était dans cette rue qu'avaient lieu nos stations. Depuis qu'il habite rue Visconti, c'est rue de Buci, quand il sort du « bouchon » où, tel ses ancêtres les poètes francs buveurs, il va rafraîchir sa verve.

Par quel prodige nous entendons-nous si bien, Fagus et moi ? Dieu sait si nous avons des points contraires. Il est affreusement catholique et je ris de la religion. Il est royaliste et je serais bien embarrassé de dire ce que je suis. Il est patriote en diable, et cette idolâtrie me fait pitié. Il est souvent altéré, et je suis la sobriété même. Il est rond et coloré, et je suis mince et plutôt pâle. Il va mis n'importe comment, et je suis, à en croire son jugement, — jugement péjoratif de sa part, — élégant ! Il est fonctionnaire, enfin, et il aura des rentes pour ses vieux jours, alors que je mourrai probablement sur la paille, — la paille d'un cachot, dira-t-il en lisant cela. Eh bien ! si différents que nous soyons, nous nous entendons le mieux du monde. Il est vrai que c'est à notre façon. Tous les deux nous savons rire, de nous pour commencer, et des autres ensuite. Nous nous moquons l'un de l'autre, nous nous couvrons mutuellement de sarcasmes dont nous nous amusons tous les deux. Si vous nous surpreniez dans nos entretiens, vous verriez souvent Fagus diriger sur moi un index menaçant, en me prodiguant les injures ou les prophéties les plus désolantes, pendant que je me sauve en riant. C'est une vraie comédie.

Je me rappelle une des plus amusantes de nos rencontres. Fagus venait de s'installer rue Visconti. Nous nous étions rencontrés au coin de la rue de Buci et de la rue Mazarine. Nous nous tenions là sur le bord du trottoir. Accompagnant ses propos de gestes de sa main pour mieux retenir mon attention, il me faisait l'historique de la rue Visconti et m'énumérait les hôtes illustres qu'elle a comptés avant lui : le poète Des Yveteaux, Racine, la Champmeslé, la Clairon, Adrienne Lecouvreur, Balzac... Les passants s'arrêtaient, intrigués par ce petit homme bizarre, qui disait de si belles choses. A chaque nom, il ôtait son chapeau, s'inclinait et saluait cérémonieusement. Il en vint à prononcer mon nom et il allait répéter sa salutation, quand bien vite il se reprit : « Ah ! non ! non ! » s'écria-t-il en enfonçant vigoureusement son chapeau sur sa tête. C'était si spontané, si naturel, si drôle !... Nous avons joliment ri ce jour-là.

Quelles lettres amusantes il m'écrit aussi ! On va pouvoir en juger. Il a quelquefois à compléter ou préciser un point de notre conversation, ou à me mettre au courant d'un événement, ou à me dire en surplus pis que pendre — il ne s'en prive pas — sur mon compte. Alors, il m'écrit, de grands feuillets, que je trouve sur mon bureau du Mercure, apportés par lui-méme, sous des enveloppes administratives. C'est lui encore tout entier, dans ces lettres. C'est sa conversation qui continue. C'est sa fantaisie, sa gouaillerie, sa verve, son savoir sans pédanterie. Les lire quand on le connaît, c'est l'entendre parler.

PAUL LÉAUTAUD

samedi 16 janvier 2010

Marc de Montifaud (1849-1912)


  • L'abbesse du Paraclet : histoire galante d'Héloïse et d'Abailard / Marc de Montifaud ; eau-forte de A. Aubry.- Paris : [Imprimerie A. Labiche, 47 rue de Paris, Vincennes], MDCCCLXXXIII [1883].-XXVI-188 p.- [2] f. de pl. ; 17,5 cm.

jeudi 14 janvier 2010

Francesco Maria Molza (1489-1544)


  • Les nouvelles / de F. M. Molza ; traduites [et préfacées] pour la première fois en français par M. M. L., illustrations de F. Gailliard.- Bruxelles (73, rue Dupont) : Chez Henry Kistemaeckers, 1890.- 100 p. : ill. ; 21 cm.

mardi 12 janvier 2010

Nicolas Boileau (1636-1711)


  • Le Lutrin / de Boileau ; traduit en vers latins par M. Joseph Dalidou, Principal de Collège ; [ill. de Desenne, front. de Deveria]. - Edition bilingue.- Paris (14, rue des Poitevins) : Imprimerie Panckoucke, 1846.- 91 p.- [7] f. de pl. ; 25,5 cm.
    • Texte français-latin. Tirage à 50 exemplaires. Exemplaire [unique] à grandes marges et sur papier de couleur [jaune].


dimanche 10 janvier 2010

Gustave Flaubert (1821-1880)


  • Dictionnaire des idées reçues / Gustave Flaubert ; [illustré de soixante et onze dessins de] Chaval.- Paris (8, rue de la Paix, 2e) : Le Club français du Livre, 1966.- [10]-279 p. ; 13 cm.- (Privilège ; 19).
    • Cet ouvrage de la collection Privilège réalisé d'après les maquettes de Jacques Daniel a été composé en caractère Moderne étroite par Paul Dupont, à Paris. Il a été imprimé, sur papier Sarca de la Cartiere del Garda et relié par l'Istituto Italiano d'Arti Grafiche. Le tirage en a été achevé le 12 septembre 1966. Cette édition réservée membres du Club français du livre comprend vingt-cinq exemplaires marqués de A à Z, cent exemplaires numérotés de I à C, et 12000 exemplaires numérotés de 1 à 12000. [Exemplaire] n°10694.


vendredi 8 janvier 2010

Alfred Jarry (1873-1907)


  • Ubu Roi ; Ubu enchaîné ; Les Paralipomènes d'Ubu / Alfred Jarry.- Paris (8, rue de la Paix, 2e) : Le Club français du Livre, 1966.- 278 p. ; 13 cm.- (Privilège ; 14).
    • Cet ouvrage de la collection Privilège a été composé en caractère Plantin par Paul Dupont, à Paris. Il a été imprimé, sur papier Sarca de la Cartiere del Garda et relié par l'Istituto Italiano d'Arti Grafiche. Le tirage en a été achevé le 10 juin 1966. Cette édition réservée membres du Club français du livre comprend vingt-cinq exemplaires marqués de A à Z, cent exemplaires numérotés de I à C, et 12000 exemplaires numérotés de 1 à 12000. [Exemplaire] n°4438.

mercredi 6 janvier 2010

François de La Rochefoucauld (1613-1680)


  • Maximes et réflexions / La Rochefoucauld ; texte présenté par Roland Barthes.- Paris : Le Club français du Livre, MCMLXVI [1966].- XXCII-282-[12] p. ; 13 cm.- (Privilège ; 9).
    • Cet ouvrage de la collection Privilège a été composé en caractère Garamond par Paul Dupont, à Paris. Il a été imprimé, sur papier Sarca de la Cartiere del Garda et relié par l'Istituto Italiano d'Arti Grafiche. Le tirage en a été achevé le 10 mars 1966. Cette édition réservée membres du Club français du livre comprend vingt-cinq exemplaires marqués de A à Z, cent exemplaires numérotés de I à C, et 12000 exemplaires numérotés de 1 à 12000. [Exemplaire] n°7035.

lundi 4 janvier 2010

António Diniz da Cruz e Silva (1731-1799)


  • Le Goupillon = O Hyssope : poème héroï-comique / d'Antonio Diniz ; traduit du portugais par J.-Fr. Boissonade, membre de l'Institut.- Deuxième édition revue et précédée d'une notice sur l'auteur par M. Ferdinand Denis.- Paris (52, rue de l'Arbre-Sec près de la Colonnade du Louvre) : Léon Techener libraire, MDCCCLXVII [1867].- LX-216 p. ; 20 cm.

samedi 2 janvier 2010

Louis Perceau (1883-1942)


  • Le Cabinet secret du Parnasse : Recueil de poésies libres, rares ou peu connues, pour servir de Supplément aux Œuvres dites complètes des poètes français. [Tome III] : François de Malherbe et ses escholiers : François de Malherbe, Le Président Maynard, Racan, Yvrande / Textes revus sur les éditions anciennes et les manuscrits et publiés avec notes, variantes, bibliographie et glossaire par Louis Perceau.- Paris (79, rue de Vaugirard) : Au Cabinet du Livre, 1932.- 246 p.-1 f. de pl. en front. ; 19,5 cm.
    • Il a été tiré de cet ouvrage deux mille six cent quinze exemplaires représentant l'édition originale dont cent quinze exemplaires sur vélin d'Arches soit cent exemplaires numérotés de 1 à 100 et quinze hors commerce numérotés de A à O et deux mille cinq cents exemplaires sur Alfa Bulky numérotés de 101 à 2600. Exemplaire numéro 198.

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AVERTISSEMENT

Voici le troisième volume du Cabinet Secret du Parnasse. Les deux premiers volumes de cette grande Anthologie Satyrique ont obtenu un succès qui nous flatte. Nous osons espérer que Malherbe et ses Escholiers trouvera, auprès du public lettré, le même succès que Ronsard et la Pléiade et Regnier et les Satyriques.

On trouvera, à la fin du volume, le texte de l'Avertissement publié en tête du tome premier, en 1928. Nous croyons nécessaire de le reproduire, chacun des volumes de cette Anthologie formant un tout complet et se vendant séparément. Cet Avertissement explique les raisons qui nous ont conduit à publier cette Anthologie, indique le plan selon lequel elle est conçue, et la méthode que nous avons suivie pour en faire un ouvrage aussi parfait que possible. Nous y renvoyons le lecteur.

Ce plan, après deux expériences, ne nous a pas semblé susceptible d'amélioration. Cependant, dans le présent volume, certains se pourront étonner de voir la place que nous avons sacrifiée aux variantes, contrairement à la méthode des ouvrages précédents, où ne figuraient que les variantes principales. C'est que les leçons multiples des manuscrits originaux de Maynard sont d'une importance considérable, ainsi que les variantes fournies par divers manuscrits sur les pièces de Malherbe. D'autre part, ni les unes ni les autres — nous parlons des pièces — n'ont été l'objet jusqu'ici d'une publication critique, et il est peu probable qu'elles prennent place, d'ici longtemps, dans une édition complète des Œuvres de Malherbe ou de Maynard.

D'où la nécessité pour nous de profiter de la publication du présent volume pour donner le maximum de précisions sur les pièces érotiques des deux plus grands poètes français.

Les lecteurs qui se soucient peu de l'appareil critique — il y en a sans doute quelques-uns — voudront bien nous en excuser.

L. P.