lundi 27 décembre 2010

Louis Delattre (1870-1938)


  • Le Jeu des petites gens en 64 contes sots / Louis Delattre ; illustrés par Lemmen.- A Liège : Chez Aug. Benard, 1908.- VIII-217 p. : ill. en coul. ; 19,5 cm.


DÉDICACE

CHACUN a son ver-coquin dans la tête. En voici une pleine poignée d'un bon quarteron et demi ; quarteron de quarante à la mode de Fontaine, quand on vend ses poires.

Il est vrai, Dieu merci ! que je ne les ai pas tirés tous, un à un, de ma cervelle, comme autant de « caracoles » poivrées minutieusement extraites de leurs coquilles, à la pointe de l'épingle. Non. Ce qu'ils ont de plus plaisant est la fleur à peine rajeunie, d'un drôlet petit livre imprimé, il y a quelques trois cents ans, par un Jean de Lattre qui doit être bien sûr de mes parents, comme dirait Bilboquet, puisqu'il me plaîrait tant qu'il en fût.

Et je dédie - dirai-je par goût de l'incongru ? cette râtelée de novelettes qui sont bien les plus folles, fantasques, éhontées et impossibles que jamais mauvaise plume ait crachée sur du papier, - je dédie ces contes sots, brides à veaux, pets de chats, noix grolières, pierres de cerises et sèches écaflotes, aux plus dignes, aux plus graves, aux plus respectables de mes amis, MM. Paul Houyoux et Célestin Baudoux.

Qu'ils me pardonnent ma fantaisie en faveur de mon affection. On fait ses prières comme on peut. Et Saint Barnabé de Compiègne, le pauvre jongleur de foires, jadis ne fut pas repoussé de Dieu, encore qu'il ne lui offrît, en guise d'oraison, que des culbutes et des cumulets.

L. D.