mardi 4 novembre 2014

Isidore Lucien Ducasse, comte de Lautréamont (1846-1870)

  • Œuvres complètes : Les Chants de Maldoror, Poésies, Correspondance / du Comte de Lautréamont (Isidore Ducasse) ; étude, commentaires et notes par Philippe Soupault.- A Paris (37, avenue Kléber) : Au sans Pareil, MCMXXVII [1927].- 440 p. ; 19 cm.
    • Mention de neuvième édition sur la couv.- Pour constituer la première édition de ce livre, achevée d'imprimer le quinze mars mil neuf cent vingt-sept par les Presses Modernes, à Troyes-en-Champagne, il a été tiré 325 exemplaires sur vélin Montgolfier, d'Annonay, numérotés de 1 à 325, les 20 premiers étant hors-commerce et réservés aux Amis du Sans Pareil.

*
* *
 
HISTOIRE DES CHANTS DE MALDOROR

En 1868, Isidore Ducasse termine le premier des Chants de Maldoror et il relit, avec surprise, les pages qu'il avait écrit pendant quelques nuits. Il hésite, il doute même. A la fin du Chant I, il écri­vait : « S'il est quelquefois logique de s'en rappor­ter à l'apparence des phénomènes, ce premier chant finit ici. Ne soyez pas sévère pour celui qui ne fait encore qu'essayer sa lyre : elle rend un son si étrange ! Cependant, si vous voulez être impartial, vous reconnaîtrez déjà une empreinte forte au milieu des imperfections. Quant à moi, je vais me remettre au travail pour faire paraître un deuxième chant dans un laps de temps qui ne soit pas trop retardé ! » Le début de cette dernière strophe est en quelque sorte une postface. Isidore Ducasse, qui n'avait pas encore trouvé son pseudonyme, décida de publier immédiatement ce premier chant pour observer l'accueil que ferait la critique et le public. Il avait tout de même confiance en lui et conscience de la puissance de sa poésie. Il reprend : « La fin du dix-neuvième siècle verra son poète. Puis il hésite de nouveau et ajoute cette parenthèse : « Cependant, au début, il ne doit pas commencer par un chef-d'œuvre, mais suivre la loi de la nature. »

Il cherche une imprimerie et publie une plaquette après avoir essuyé les refus de plusieurs directeurs de revues.

Cette plaquette est couverte d'un papier gris. En voici la description :


LES CHANTS || DE || MALDOROR || CHANT PRE­MIER || par *** || imprimerie Balitout || août 1868 || premier chant || prix : 0 fr. 30.

1 plaq. de 52 p., couverture gris clair, impr. en noir.

Aucun article, aucune lettre ne salua l'apparition du Chant I. Mais Isidore Ducasse continue à écrire et il achève le sixième chant. Un ami, probablement Alfred Sircos, lui avait reproché le manque d'intrigue de son ouvrage. Il répond à ces objections dans la première strophe du Chant VI et annonce : « Espé­rant voir promptement, un jour ou l'autre, la consé­cration de mes théories acceptée par telle ou telle forme littéraire, je crois avoir enfin trouvé, après quelques tâtonnements, ma formule défini­tive. C'est la meilleure ; puisque c'est le roman. »

Lorsqu'il eut terminé les Chants de Maldoror il chercha un éditeur. Il s'adressa aussitôt à un nommé Lacroix, qui venait de s'installer en face de son hôtel. Dans le courant de 1869, il délivra les derniers bons à tirer de son livre et celui-ci allait être broché, lorsque l'éditeur qui se prétendait continuellement en but aux persécutions de l'Empire, en suspendit la mise en vente à cause de certaines violences de style qui en rendaient la publication périlleuse. Isidore Ducasse se refusait à amender les violences de son texte, Ce n'est qu'après s'en être longtemps défendu, qu'il consentit aux modifications qui lui étaient demandées. Des cartons destinés à remplacer les passages réputés dangereux, devaient être tirés. La guerre de 1870 éclata, et l'auteur mou­rut n'ayant exécuté qu'une partie des révisions auxquels il avait consenti.

Dans une lettre datée du 12 mars 1870 et adressée à son banquier, Ducasse a donné d'autres détails : « J'ai fait publier un ouvrage de poésies chez M. Lacroix. Mais une fois qu'il fut imprimé, il a refusé de le faire paraître, parce que la vie y était peinte sous des couleurs trop amères, et qu'il craignait le procureur général. C'était quelque chose dans le genre du Manfred de Byron et du Konrad de Mickiewicz, mais cependant bien plus terribles. L'édition avait coûté 1.200 francs, dont j'avais déjà fourni 400 francs. Mais le tout est tombé dans I'eau. »

En 1869, Ducasse exigea de son éditeur quelques exemplaires de son livre : on lui en brocha une dizaine. La couverture de ces exemplaires est jaune et compo­sée ainsi que le titre de la façon suivante : LES CHANTS || DE || MALDOROR || par || le || Comte de Lautréamont || (Chants I, II, III, IV, V, VI) || Paris || En vente chez tous les libraires || 1869.

Au verso du faux titre et en quatrième page de la couverture : Bruxelles. Imprimerie de A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, boulevard de Waterloo, 42.

En 1874, un libraire belge, chargé des intérêts de Lacroix qui avait fait faillite, fit brocher des exemplaires avec un titre et une couverture anonymes.

La couverture est brun-marron. Le titre est composé ainsi :


LES CHANTS || DE || MALDOROR || par || le Comte de Lautréamont || (Chants I, II, III, IV, V, VI) || Paris et Bruxelles || En vente chez tous les libraires ||1874. Au-dessous de la couverture, dans le double filet, cette mention : Tous droits de traduction et de reproduction réservés. Au verso du faux titre : Bruxelles. - Typ. de E. Wittermann. Cette der­nière mention est fausse, aucun imprimeur de ce nom n'ayant existé à Bruxelles.

L'éditeur Lacroix qui avait décidément de la per­sévérance, n'oublia pas les
Chants de Maldoror Après une ou plusieurs faillites, il décida un de ses amis, ou plutôt son prête-nom, Louis Genonceaux, à republier les Chants de Maldoror, dont Léon Bloy, sur un ton un peu cavalier et singulièrement étonné avait parlé dans le n° 33 de la Plume.

Le titre est ainsi composé.

Comte de Lautréamont
|| LES CHANTS || DE || MAL­DOROR || Chants I, II, III, IV, V, VI || marque de l'éditeur || Frontispice de José Roy || Paris, L. Genon­ceaux, éditeur, 1890 || Tous droits réservés.

Il a été tiré de cette édition 10 exemplaires sur Japon, signés et numérotés.

La couverture couleur rouille est imprimée en deux couleurs : MALDOROR et L. Genonceaux sont imprimés en rouge.
 
Sous la table des matières, l'édition porte la mention suivante : Maisons-Laffitte. - Imprimerie LUCOTTE.

Cette édition passa presque complètement inaperçue. Gourmont la signala et pendant quelques mois les poètes symbolistes parlèrent des Chants de Maldoror. Le Chant I de Maldoror fut reproduit dans un numéro de Vers et Prose.

En 1912, dans la revue La Phalange, Valéry Larbaud, puis Léon-Paul Fargue consacrèrent des articles à Lautréamont.
 
En 1920, Blaise Cendrars, qui conseillait le directeur des éditions de la Sirène, fit faire une nouvelle édition, la troisième.

Le titre est ainsi composé :


COMTE DE LAUTRÉAMONT || LES CHANTS || DE || MALDOROR || CHANTS I, II, III, IV, V, VI ET UNE TABLE || Marque de l'éditeur || Éditions de la Si­rène || 12, rue La Boétie || Paris || 1920.

La couverture est blanche.

Le tirage fut de
1.360 exemplaires dont 80 sur papier vergé des Manufactures de Rives, numérotés de 1 à 80 ; 1.250 sur papier vergé d'Angleterre, numérotés de 81 à 1.330 ; et 30 exemplaires sur papier vergé bleu, numérotés de 1331 à 1360.

En 1925, les Éditions Au Sans Pareil publièrent la quatrième édition qui contenait cinq lettres inédites de Ducasse.

Le titre est ainsi composé :


LES CHANTS DE || MALDOROR || par || le Comte de Lautréamont || avec cinq lettres de l'auteur || et le fac-similé de l'une d'elles || A Paris || Au Sans Pareil, 37, Avenue Kléber || M.CM.XXV || « La Bonne Compagnie ».

L'édition fut limitée à 1.090 exemplaires numé­rotés : 90 sur vergé blanc de Hollande (1-90) et 1.000 exemplaires sur vélin Lafuma de Voiron (91-1090). En outre, furent tirés 20 exemplaires hors commerce numérotés de I à X X.