lundi 1 décembre 2014

Raymond Thiollière (1881-1929)


  • Douze très anciennes chansons pour enchanter la peine ou parer le plaisir, avec les airs et les paroles / recueillies et ornées de gravures sur le bois par Raymond Thiollière, [avant-propos de J. Ernest-Charles.- Paris (3, rue des Saint-Pères) : Éditions André, 1923.- Np. : ill. ; 39 cm.
    • Justification du tirage : 1 exemplaire grand luxe sur papier XVIIIe siècle et une suite des bois tirés sur Japon pelure numéroté 1, contresigné par l'artiste ; 25 exemplaires sur Japon impérial Iusetukioku, format 28 x 38, numérotés 2 à 26 contresignés par l'artiste ; 50 exemplaires sur papier Madagascar (Lafuma-Navarre), format 28 x 38, contresignés par l'artiste ; 174 exemplaires sur Hollande Van Gelder, format 28 x 38, numérotés 78 à 250, contresignés par l'artiste. Exemplaire n° H.C.





[PROSPECTUS]

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Le peintre RAYMOND THIOLLIÈRE s'est, en trois ou quatre ans, révélé comme l'un des meilleurs graveurs de ce temps. Nous ne le connaissons pas encore à sa valeur. Certes, - il ne nous l'a pas célé, -il a beaucoup voyagé à travers le monde. Mais son voyage le plus beau, ç'a bien été celui qu'il a fait dans la vieille France et dont il rapporte un recueil de chants populaires. Un graveur, tout de suite, il reconnaît, en ces textes anciens, un accent qu'il aime. Dans son art, on a de ces simplifications et de ces tournures. Richesse et naïveté s'y marient sous un air délicieusement réaliste. Ce n'est pas pour rien que les graveurs, autrefois, ornaient tout de même les Danse Macabre, les Noëls et les livres de ritournelles. Par aventure, il s'est trouve que RAYMOND THIOLLIÈRE était un lettré. Le folklore l'a passionné. D'un long travail de recherches, de comparaisons et de recoupements est sorti un recueil
tout d‘abord demeuré oral et puis manuscrit. Sur les instances d'amis à qui il les chantait, il a gravé les airs, car il est aussi musicien. Ces airs, il les a pris tout tremblants sur les lèvres mêmes des vieilles personnes qui ne les tenaient que de la tradition orale. Il a écouté de vieilles paysannes bretonnes, le soir, aux veillées ; il a surpris des couplets sur la bouche de marins qui naviguaient avec lui sur la mer atlantique. Invinciblement le manuscrit appelait les ornements graphiques. Et c’est ainsi que, tout naturellement, douze planches gravées sont venues se placer en regard des chansons. Lorsqu'on le lira ou le chantera, ce qui à coup sûr, manquera à ce recueil, c'est l'auteur. Je m'explique : pour tant qu’il ait mis de soi dans ces planches, pour tant de talent qu’il ait prodigué, il y manque cet art qu’il a de chanter à la guitare ces chants qu’il restitue dans la meilleure version. Tel quel, voici, je crois, un ouvrage unique. Le même artiste a recueilli, gravé les airs, illustré les textes : et des œuvres littéraires de la vieille France que les temps n'arrivent pas à faner, n’en sont point déparées. Ce n’est pas une petite réussite.

ÉLIE RICHARD.


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