mercredi 11 février 2009

Antoine Rochebilière (1811-1881)


  • Bibliographie des éditions originales d'auteurs français des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles réunies par M. A. Rochebilière / rédigée avec des notes et des éclaircissements par A. Claudin, et revue, corrigé et augmentée par Joseph Place.- Paris (39, rue du Général-Foy) : Editions de la Chronique des Lettres françaises aux Horizons de France, 1930.- VIII-297 p. ; 23 cm.
    • Ce ouvrage a été tiré à 1070 exemplaires, savoir : 1000 exemplaires sur vélin d'Alfa Outhenin-Chalandre et 70 exemplaires sur vergé B.F.K. de Rives, dont vingt hors commerce, numérotés de 1 à 50 et de I à XX. Exemplaire sur Rives n°37.

AVERTISSEMENT

C'est en mai 1882 que parut le catalogue des livres rares composant la bibliothèque de M. Antoine Rochebilière dont la vente eut lieu du 31 mai au 6 juin et du 23 juin au 2 juillet.

Ce catalogue, dressé, par le libraire A. Claudin, se compose de deux volumes in-16, sous couverture bleu vert, tiré sur un assez mauvais papier, avec quelques exemplaires sur vergé de Hollande.

La première partie, qui porte le titre de Bibliothèque des Éditions originales d'auteurs français composant la bibliothèque de feu M. A. Rochebilière, comprend 841 numéros, et est précédée d'un avant-­propos d'Alph. Pauly, et d'une préface d'A. Claudin.

Dans l'avant-propos, Alph. Pauly évoque le souvenir d'Antoine Rochebilière, né à Paris le 11 avril 1811, dont le goût pour les livres s'était affirmé dès l'adolescence. Destiné par ses parents à la carrière de graveur en taille-douce, A. Rochebilière fit la connaissance de Victor Cousin qui développa chez lui une véritable passion pour la littérature du XVIIe siècle. Mais la car­rière artistique ne lui convenait nullement. Ses goûts ne reçurent satisfaction que lorsque, en 1850, il put entrer aux imprimés de la Bibliothèque Nationale, pour passer en 1856 à la Bibliothèque Sainte-Gene­viève dont il devint conservateur adjoint.

L'un des premiers, il avait réuni une collection de toutes les premières éditions de nos grands classiques et les avait soumises à un examen minutieux ; il avait pu ainsi déterminer les changements, les corrections, les variantes de texte existant entre chacune d'elles. De ses travaux, il avait dressé un catalogue, malheureu­sement inachevé, qui, complété par M. A. Claudin à l'aide des notes de l'auteur et de ses fiches person­nelles, a constitué le monument dont nous donnons aujourd'hui une nouvelle édition.

Dans sa préface, A. Claudin a exposé ainsi le but poursuivi par Rochebilière : «Réunir les textes origi­naux de nos classiques français, suivre le développe­ment, les modifications les plus diverses de la pensée de l'auteur, éclairer leurs œuvres le plus possible de la lumière du temps en les accompagnant de documents authentiques, tel avait, été le but arrêté, la préoccupa­tion constante de M. Roeliebilière ».

Pour la première fois, la collection Rochebilière fournissait les éléments d'un travail comparatif entre les éditions successives des chefs-d'œuvre de notre litté­rature.

Afin de laisser un souvenir durable d'une telle col­lection, dispersée aux enchères, A. Claudin s'est atta­ché à utiliser et à relier entre elles les notes de l'auteur et à en faire, en quelque sorte, le tableau synoptique de nos grandes œuvres classiques.

Il a ainsi rédigé un document bibliophilique et, littéraire de premier ordre, sur l'importance et l'inté­rêt duquel les amateurs de livres et les lettrés sont aujourd'hui d'accord au point qu'il est maintenant très difficile de se le procurer.

A une telle œuvre de labeur patient, exact et minutieux, il convenait de ne rien changer ; tout au plus suffisait-il de la revoir, de corriger certaines inexacti­tudes de compléter certaines notices. ce que nous avons tenté de faire avec la plus grande prudence.

La bibliothèque Rochebilière comprenait une deuxième partie, et son inventaire un deuxième volume, un Catalogue de livres rares et curieux en tous genres, dans lequel A. Claudin avait compris les œuvres d'écrivains de moindre importance, un certain nombre de do­cuments relatifs à la vie et aux écrits des auteurs principaux et certaines additions et corrections à leurs éditions originales.

Il ne pouvait être question de reproduire cette deuxième partie dans son intégralité ; nous en avons seulement extrait tous les renseignements complémentaires de la première partie, la seule vraiment intéressantes. De telle sorte qu'aujourd'hui, nous présentons en un seul volume la matière complète des éditions originales dispersée jusqu'à maintenant dans les deux tomes.

A. Claudin, qui avait ainsi rendu à Antoine Rochebilière un hommage mérité, celui qui certainement lui aurait été le plus agréable, et qui a perpétué son nom, est mort en 1911, et c'est son fidèle collaborateur M. Symes qui, à son tour, a rédigé le catalogue et a surveillé la vente de ses livres dont beaucoup provenait du fond Rochebilière.

Quant à Symes, le père Symes de la rue des Beaux-arts, il s'est éteint en 1925, laissant après lui les dernières épaves de la bibliothèque Rochebilière qu'il avait acquises à la vente Claudin.

Qu'il nous soit permis aujourd'hui d'associer dans un même et juste hommage, le nom de ces trois amis des belles-lettres, et de tenter ainsi de sauver de l'oubli le souvenir de ces hommes érudits, laborieux et désinté­ressés, qui ont bien mérité des lettres françaises.

JOSEPH PLACE.