- Le Soupé des Petits-Maîtres : ouvrage moral / Cailhava de l'Estandoux ; [Avertissement par Auguste Poulet-Malassis ?].- Réimpression sur l'édition de l'an VI avec les épisodes retranchés dans celle de 1782.-Bruxelles (Impr. de J. H. Briard, 31 rue des Minimes) : Chez tous les libraires, MDCCCLXX [1870].- IV-282 p. ; 16,5 cm.- (Curiosités historiques et littéraires).
- Tirage à 147 exemplaires : 140 ex. sur papier de Hollande, 4 ex. sur grand papier de Hollande, 3 ex. sur chine.
- La p. de titre et la couv. portent : "Les estampes sont de la main de l'auteur" [voir ci-dessous].
AVERTISSEMENT
Un scrupule d'éditeur a retardé cette réimpression annoncée il y a plus de deux années déjà. La France littéraire de Quérard, répétée par la Biographie universelle de Michaud, donne à la première édition du Soupé (qu'elle intitule le Soupir) la date de 1772. Se procurer cette édition princeps était pour nous comme un cas de conscience.
Après des recherches aussi infructueuses que longues, nous croyons que Quérard s'est trompé sur la date comme sur le titre. L'édition du Soupé la plus ancienne que nous ayons pu recouvrer est de 1782. Nous y avons copié les suppressions faites par Cailhava dans sa réimpression de l'an VI, très-soignée, très corrigée, et à la fois diminué et augmentée.
Voilà la description de ces deux éditions :
1° LE SOUPÉ, CONTE MORAL ; à Londres MDCCLXXXII ; in-12, en deux parties, ensemble de 223 pp. - Un des plus rare volume de la Bibliothèque amusante.
2° LES CONTES EN VERS ET EN PROSE DE FEU L'ABBÉ DE COLIBRI, OU LE SOUPÉ, CONTE COMPOSÉ DE MILLE ET UN CONTES. Epigraphe : Tout conteur est un sot, - S'il n'embellit la chose en esquivant le mot. - (Les estampes sont de la main de l'auteur) ; Paris, an VI, imp. de Didot jeune, in-18, en deux parties de 157 et 152 pp.
Il n'y a pas d'estampes, mais deux projets de frontispices impossibles, ou à peu près ; satires amusantes de la manies d'images qui avait possédé Dorat et ses émules. - Cette édition de l'an VI s'est vendue sans obstacle durant vingt ans ; les derniers exemplaires, en papier fin, et en papier vélin, sont portés au catalogue de Maradan, 1817. Puisse la présente édition jouir d'une tolérance semblable, fût-elle moins longue de beaucoup !
L'auteur du livre l'avait nommé le Soupé ; M. Charles Monselet l'a baptisé le Souper des Petits-Maîtres, sur les fonts de ses Galanteries du XVIIIe siècle (1). Ce parrain par vocation libertine, a trouvé le vrai titre qui avait échappé au père ; on dirait aujourd'hui : Le Souper des Petits-Crevés.
On trouvera sur Cailhava de l'Estandoux, dans la Biographie universelle de Michaud, une notice étendue, signée A-T (Audiffret). Bien que la liste des œuvres de cet auteur dramatique, en même temps grand théoricien du théâtre, soit fort longue, rien depuis sa mort (1813) n'en a été réimprimé. Son nom est resté surtout par la dédicace du Petit Dictionnaire de nos grands hommes de Rivarol, qui n'est pas précisément une recommandation.
Le Souper des Petits-Maîtres peut ramener un moment sur Cailhava de l'Estandoux l'attention des curieux de littérature galante. Avec ses équivoques, ses afféteries, ses mièvreries, ses gravelures mythologiques, réminiscences scholaires de l'Appendix de diis du R. P. Jouvency, ce petit livre est une date dans l'histoire des mœurs de la jeunesse légère, et peut-être bien le chef-d'œuvre de la littérature trumeau.
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(1) P. 134 de l'éd. Michel Lévy.