dimanche 13 décembre 2009

Marcel Proust (1871-1922)


    • Ce tirage constitue l'édition originale. Il a été tiré 500 exemplaires sur pur chiffon à la forme numérotés de 1 à 500. Exemplaire n°37.

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[Préface]

Le lecteur habitué à se « plonger avec délices dans l'immense forêt proustienne », comme l'écrivit jadis Paul Souday, trouvera-t-il un peu grêle la silhouette de l'arbrisseau sur lequel nous l'invitons aujourd'hui à porter son regard ?

Nous ne le pensons pas. En effet, ces quatre lettres, adressées par Marcel Proust à ses concierges, ne sont-elles pas un témoignage vivant de ce qu'il fut ?

On y retrouve à peu près tout ce que la « Recherche du Temps perdu » et l'histoire littéraire nous ont permis de connaître de lui : avant tout, sa « gentillesse », son souci de ne froisser personne ; puis son immense besoin de précision, un peu de sa vanité, les soins de sa santé délabrée, et sa scrupuleuse coquetterie morale — pour ne rien dire du curieux mélange de son intelligence lucide et de la naïveté qui l'autorisait à adresser de telles pages aux Antoine.

L'image de lui-même que nous tirons de son œuvre, si plus détaillée, n'est pas plus complète et fidèle que le portrait que voici.

Mais l'essentiel de ce témoignage nous paraît être que : Nous tenons ici, mieux que dans l'amas de toute la correspondance publiée de Proust, la preuve du caractère spontané et naturel de la « Recherche du Temps perdu ». Du style de ces lettres à celui de l'œuvre, à peine d'écart ; et tel passage de ces quelques feuilles serait facilement mêlé, sans attirer l'attention, aux propos sur Françoise.

Il nous a semblé que quelques lecteurs pourraient porter à ce document l'intérêt mélancolique et amusé que nous lui avons trouvé.

A. V.