vendredi 29 avril 2011

Achille Deveria (1800-1857)


  • Diabolico foutro manie / Achille Deveria ; présentation de Jacques Duprilot. - Reprod. en fac-sim.- Genève ; Paris : Éditions Slatkine, 1981.- XII p.-[12] f. de pl. ; 30 cm.

mercredi 27 avril 2011

Jacques de Lacretelle (1888-1985)


  • Mort de la jalousie / Jacques de Lacretelle.- Liège : A la Lampe d'Aladdin, 1926.- 66 f. ; 22 cm en feuille sous emboitage.
    • La phototypie de ce manuscrit a été exécutée par Daniel Jacomet de Paris pour le compte Des éditions de la lampe d'Aladdin à Liège
    • Achevé de tirer le 31 août 1926, à 163 exemplaires numérotés à la presse. Savoir : un exemplaire sur vieux japon (1), deux ex. sur auvergne (2 et 3), dix ex. sur japon (4 à 13). Ces treize exemplaires avec signature et page autographe de l'auteur. Vingt ex. sur hollande avec signature autographe de l'auteur (14 à 33) et cent trente ex. sur madagascar (34 à 163). Il a été tiré en outre sept exemplaires H.C. numérotés et signés par l'éditeur. Exemplaire n° [non numéroté].


lundi 25 avril 2011

Louis Bethléem (1869-1940)


  • Romans à lire et romans à proscrire : Essai de classification au point de vue moral des principaux romans et romanciers (1500-1932) avec notes et indications pratiques / L'abbé Louis Bethléem.- Onzième édition (121e au 140e mille).- Paris (77, rue de Vaugirard, 6e) : Éditions de la Revue des lectures, 1932.- 620 p. ; 18,5 cm.

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PRÉFACE

Cet ouvrage n'a plus besoin d'être présenté au public.

Il est connu dans toutes les parties du monde : depuis bientôt trente ans qu'il a paru, il a obtenu auprès du clergé, des familles et des œuvres, un succès considérable ; pour beaucoup, il est devenu un classique.

Il se recommande à tous par les services qu'il a rendus, par la multitude des renseignements qu'il donne, par le bien qu'il a réalisé, et enfin par les approbations dont il a été honoré.

C'est une œuvre utile et nécessaire, disait la lettre pontificale adressée à l'auteur le 7 mars 1919... C'est pourquoi Sa Sainteté vous exprime ses vives louanges pour votre initiative si opportune et une satisfaction non moins sentie pour le succès qui l'a couronnée jusqu'ici...

La suprême approbation du Souverain Pontife, ajoutée à tant d'autres, a déjà consacré le succès de notre livre.

La présente édition lui vaudra de nouveaux suffrages. Elle a reçu en effet des corrections, des additions, et sur de nombreux points, des améliorations importantes qui en augmentent la valeur et l'utilité pratiques.


L. B.


samedi 23 avril 2011

Édouard Montagne (1830-1899)


  • La Feuille à l'envers / par Édouard Montagne ; illustrations de Gorguet et Fau.- Paris (16, rue des Vosges) : Ed. Monnier et Cie éditeurs, 1885.-109 p. : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 23 cm.
    • Il a été tiré de cet ouvrage 20 exemplaires sur Japon, numérotés et signés, au prix de 20 francs l'un.
    • Contient : "Les Exigences de la politique". "Le Petit hippopotame". "Le Pacha à trois queues". "Le Fiacre accusateur". "Le Paradis de Mahomet". "La Chambre du Mis de Pourceaugnac". "L'Affaire est au rôle". "Le Tombeau de Mme Barbe bleue". "Une monstruosité". "Le Général somnambule".


jeudi 21 avril 2011

Marc de Montifaud (1849-1912)


  • Les Nouvelles drolatiques / de Marc de Montifaud ; eaux-fortes d'Hanriot et Van Ruyss.- Paris-Bruxelles : s.n., MDCCCLXXX-MDCCCLXXXI [1880-1881].-17,5 cm.
    • 1.- Les Délices de l'Esprit-Saint et la Bassinoire ; Le Calice de Mme de Trigonec / eau-forte de Hanriot.- Paris ((Typ. F. Debons et Cie) : s.n., MDCCCLXXX [1880].- 62 p.-[1] f. de pl. en front.
    • 2.- Un Mariage à Constantinople ; Un Point... de Tapisserie / eau-forte de Hanriot.- Bruxelles (Imp. A. Lefèvre) : s.n., MDCCCLXXX [1880].- 67 p.-[1] f. de pl. en front.
    • 3.- Un Sérail à vendre ; La Pénitence du curé de Tilly / eau-forte de Hanriot.- Paris (Grande Imprimerie, G. V. Larochelle) : s.n., MDCCCLXXX [1880].- 73 p.-[1] f. de pl. en front.
    • 4.- La Chaste Suzanne ; Une Messe blanche / eau-forte de Hanriot.- Paris (Grande Imprimerie, G. V. Larochelle) : s.n., MDCCCLXXX [1880].- 66 p.-[1] f. de pl. en front.
    • 5.- L'Amende honorable ; Le Téléphone / eau-forte de Hanriot.- Paris (Grande Imprimerie, G. V. Larochelle) : s.n., MDCCCLXXXI [1881].- 82 p.-[1] f. de pl. en front.
    • 6.- Le Curateur ; Le Nécessaire et le Superflu / eau-forte de Hanriot.- Paris (Grande Imprimerie, G. V. Larochelle) : s.n., MDCCCLXXXI [1881].- 81 p.-[1] f. de pl. en front.
    • 7.- La Nourrice sèche ; Par procuration / eau-forte de Hanriot.- Paris (Grande Imprimerie, G. V. Larochelle) : s.n., MDCCCLXXXI [1881].- 63 p.-[1] f. de pl. en front.
    • 8.- Le Commis de chez Richard / eau-forte de Hanriot.- Paris (Grande Imprimerie, G. V. Larochelle) : s.n., MDCCCLXXXI [1881].- 63 p.-[1] f. de pl. en front.
    • 9.- Le Phonographe du Seigneur ; Relevée de son vœu ; Ce pauvre Monsieur Duclamel / eau-forte de Hanriot.- Paris (Grande Imprimerie, G. V. Larochelle) : s.n., MDCCCLXXXI [1881].- 77 p.-[1] f. de pl. en front.
    • 10.- Le Jugement de Pâris ; La Rue Sainte-Amendée / eau-forte de Van Ruyss.- Paris (Grande Imprimerie, G. V. Larochelle) : s.n., MDCCCLXXXI [1881].- 77 p.-[1] f. de pl. en front.









mardi 19 avril 2011

Jean Calvin (1509-1564)


  • L'excuse de noble seigneur Jacques de Bourgogne, seigneur de Falais et de Bredam : réimprimée pour la première fois sur l'unique exemplaire de l'édition de Genève, 1548 / par Jean Calvin ; avec une introduction par Alfred Cartier.- Paris (23-31, passage Choiseul) : Alphonse Lemerre éditeur, MDCCCXCVI [1896].- LXXV-49 p. ; 17 cm.


dimanche 17 avril 2011

Pierre-Gustave Brunet (1805-1896)


  • La Bibliomanie en 1882 : Bibliographie rétrospective des adjudications les plus remarquables faites cette année et de la valeur primitive de ces ouvrages / par Philomneste Junior.- Bruxelles : J.-J. Gay & Doucé éditeurs, 1883.- 108 p. ; 19 cm.
    • Imprimé en tout à cinq cents exemplaires. [Exemplaire] n°77.

vendredi 15 avril 2011

Charles Vildrac (1882-1971)


  • Lazare / Charles Vildrac.- Paris : Les Éditions de Minuit, 1946.- 78 p. ; 18,5 cm.
    • Cette édition de Lazare a été tirée à 2.500 exemplaires répartis comme suit : cinq cents exemplaires sur papier BFK de Rives numérotés de 1 à 500 et 2.000 exemplaires sur vélin supérieur numérotés de 501 à 2500. Elle a été achevée d'imprimer le 10 décembre 1946 sur les presses de J. de Rudder, maître imprimeur à Montrouge, et constitue l'édition originale de cet ouvrage. Exemplaire sur vélin supérieur. Exemplaire n°1850.

mercredi 13 avril 2011

Gustave Kahn (1859-1936)


  • Domaine de fée / Gustave Kahn.- Paris-Bruxelles (Des presses de Madame Vve Monnom, imprimeur à Bruxelles) : Édition de la Société nouvelle, 1895.- 52 p. ; 17,5 cm.
    • Il a été tiré de ce poème : 10 exemplaires numérotés sur papier de Hollande ; 100 exemplaires sur papier teinté. [Exemplaire] n°85.

lundi 11 avril 2011

Georges Eekhoud (1854-1927)


  • Cycle patibulaire : première série / Georges Eekhoud.- Paris (78, boulevard Saint-Michel) : La Renaissance du Livre, 1927.- 206 p. : couv. ill. ; 19 cm.
    • Il a été tiré de cet ouvrage : cinq exemplaires sur papier Japon hors commerce marqués H. C., et vingt-quatre exemplaire sur papier de la Société Royale Hollandaise de Maastricht, numérotés de 1 à 24.


AVANT-PROPOS

C'est par le Cycle Patibulaire et Mes Communions que la réputation de GEORGES EEKHOUD fut établie à Paris pour rayonner de là dans le monde entier.

REMY DE GOURMONT contribua pour beaucoup à cette consécration par l'étude enthousiaste publiée dans son premier Livre des Masques où il rapprochait certaines nouvelles du romancier belge des plus beaux contes de BALZAC, où il allait même jusqu'à les leur préférer.

Parlant du Cycle Patibulaire dans le « Mercure de France» de juillet 1896, Mme RACHILDE ne se montrait pas moins férue de cet ouvrage : « C'est un beau livre, disait-elle. Je ne veux point misérablement m'inquiéter s'il est aussi bon que beau, et, si je ne le recommande pas aux très jeunes gens qu'il intoxiquerait peut-être, tant est maladroite certaine compréhension des littératures charnelles, je crois que sa violence même est le plus sûr garant de sa parfaite moralité cérébrale. Tout ce qu'un cerveau humain, bien portant, conçoit est humain selon la nature, possible. Par cerveau humain bien portant j'entends celui qui déduit les effets des causes avec logique mais sans se préoccuper des préjugés sociaux, des lois faites par ceux qui sont intéressés à les mettre en vigueur. Les passions profondes qu'analyse GEORGES EEKHOUD sont réprouvées par les législateurs modernes ; elles n'en ont pas moins leurs racines dans la terre, la bonne terre où l'on trouve pêle-mêle les pourritures, les amertumes et les purs germes des fleurs. Jadis elles étaient tolérées, anoblies, parce que jadis la terre était plus neuve, plus vierge, et que les pas pesants des législateurs intéressés n'avaient pas encore trop foulé son libre sol. Chauffée toujours par les mêmes fumiers mystérieux des corps en décomposition, la terre d'aujourd'hui donne toujours les mêmes plantes rares aux curieuses floraisons éclatantes et empoisonnées, mais le philosophe qui vit à l'abri de sa seule sagesse sait bien, aujourd'hui comme jadis, qu'il n'y a pas de poison dans la nature : il n'y a que des éléments chimiques. Voilà pourquoi à respirer les émanations qui se dégagent des viandes rouges servies en des plats d'or tout rutilants de gemmes du Cycle Patibulaire il ne convient pas d'éternuer comme une petite bourgeoise ou un imbécile ».

Dans le même numéro du Mercure de France, ANDRÉ FONTAINAS dédiait une importante notice à GEORGES EEKHOUD ; il écrivait notamment à propos du Cycle Patibulaire : « Ah quel beau livre de violence indignée et de justice surhumaine !... Vivre est le grand droit sacré, satisfaire aux besoins et aux désirs, quels qu'ils soient, naturels et innés ; il n'est pas de sentiment, il n'est pas de sensation en soi réprouvés ni maudits ; des hommes ont établi de factices règles et la nature humaine reste au-delà et au-dessus de la loi. Chacune des nouvelles qui composent le Cycle Patibulaire et Mes Communions porte en soi ce même enseignement généreux fait pour les races futures et affranchies. M. GEORGES EEKHOUD est un des plus audacieux que je sache parmi les libérateurs de l'esprit humain ».

GEORGES LECOMTE affirmait de son côté dans la Société Nouvelle de novembre 1896 : « Les personnages du Cycle Patibulaire vivent d'une vie bien personnelle et nul, avant GEORGES EEKHOUD n'eut le courage et le talent de nous intéresser à tant de passions, non seulement excessives mais aussi éloignées de notre sensibilité normale. M. GEORGES EEKHOUD l'a fait avec une beauté tragique, une puissance d'émotion admirable et, j'ajoute, avec chasteté. Toutes ces contorsions d'humanité pantelante au gibet de la morale sont dominées par la fatalité douloureuse et sévère qui met sur tout cela sa majestueuse grandeur ».

MAETERLINCK, lui, assimilait l'art de GEORGES EEKHOUD à celui du poète anglais ALGERNON SWINBURNE et pour définir la sensation neuve donnée par les effusions du Cycle Patibulaire, il comparait celles-ci à des vitriols de tendresse, tandis que JEAN LORRAIN, dans l'Écho de Paris, constatait que ces contes fleuraient sans vergogne aucune, mais avec quelle intensité, la cantharide, le soufre et le phosphore et en qualifiait la passion d'anarchisme érotique.

Dans ce premier volume des nouvelles réunies sous ce titre Cycle Patibulaire on trouvera entr'autres le Jardin, dont le lyrisme charnel assimile une plantureuse rustaude aux plus capiteuses floraisons de juillet ; Gentillie et Hiep-Hioup, deux troublantes histoires de possession, d'envoûtement érotique, que HENRI DE RÉGNIER proclamait des chefs-d'œuvre de concision et de vie ; Partialité, une aventure inquiétante, aux réactions morbides concertant avec les explosions d'un orage ; Croix Processionnaires qui prélude aux épopées de vagabonds et de hors la loi et aussi de prétendus hors-nature figurant dans le second volume (à reparaître sous peu) de ce Cycle encore plus rédempteur et évangélique que patibulaire.

samedi 9 avril 2011

Jules Lemaître (1853-1914)


Les Médaillons : Puellae, Puella, Risus rerum lares : 1876-1879 / Jules Lemaître ; [préface de René-Louis Doyon].- Le Havre : Aux dépens de la Société Les Bibliophiles Havrais, MCMXXX [1930].- 152 p. ; 23,5 cm.

Les Bibliophiles Havrais ont choisi pour la première édition réalisée pour leur Société et pour quelques amateurs de livres, le volume LES MÉDAILLONS parce que Jules Lemaître compléta et acheva son premier recueil de poèmes dans la ville du Hâvre ou il enseignait ; le texte a été établi et présenté par René-Louis Doyon, imprimé sur la maquette de Charles Nypels, maître imprimeur à Maastricht (Hollande), avec des lettrines dessinées par S. H. de Roos sur les presses de Leiter-Nypels à cent vingt exemplaires hors-commerce numérotés de 1 à 120. Dix exemplaires marqués de la lettre A à la lettre J ont été destinés aux dépôts et aux artisans du présent ouvrage. Le présent exemplaire est marqué N° 41.




[PRÉFACE]

LES MÉDAILLONS DU HAVRE

LES écrivains ont, plus que tous autres, l'avantage ou l'infortune d'appartenir à ceux qui, fréquentant leurs œuvres et familiers de leurs idées, fouillent leur existence dans leurs courbes et arrivent souvent avec indiscrétion à connaître tout ce qu'il est possible, quitte même à confondre l'auteur en coquetterie avec des faits, des lieux ou des souvenirs. Si les hommes politiques sont des hommes publics dont les moindres gestes sont consignés, interprétés ou déformés pour l'histoire ou par les histoires, l'écrivain est le premier sujet de roman pour ses lecteurs et d'exégèse pour ses commentateurs.

Les Bibliophiles du Hâvre veulent par un exemple pratique manifester leur existence de bibliophiles avec la publication d'une œuvre qui soit le cumul à la fois d'une pièce importante dans le travail d'un écrivain et d'une situation dans le cadre de leur active cité.

LES MÉDAILLONS répondent à ce double désir et la succinte histoire qu'on en va tracer ici justifie la stèle typographique dont la ville fondée par François Ier peut honorer Jules Lemaître et dont elle peut aussi s'honorer.

La vie de Jules Lemaître n'offre guère dans ses grandes lignes de mystères ; personnage universitaire considéré, puis critique considérable tout ce qu'on put savoir sur sa jeunesse fut très tôt repéré et recueilli. D'ailleurs trois sources, en dehors des notices biographiques, vont étayer les renseignements qu'on va trouver ici : les notes de Myrriam Harry, un article documentaire de M. M. Henriet (1) et Jules Lemaître lui-même.

Après les premières scolarités qu'il fit à Tavers et à La Chappelle-­Saint-Mesmin, Jules Lemaître poursuivit ses humanités au petit séminaire de N. D. des Champs ; c'est de là, et dès 1868 qu'on peut dater ses premiers essais poétiques. A l'École Normale Supérieure d'où il devait sortir agrégé en 1875, il composait, presque, un recueil, échos du Quartier et Souvenirs de ses admirations scolaires. Le 30 septembre, il partait pour Le Hâvre comme chargé du cours de rhétorique au Lycée ; il y devint professeur à titre provisoire en 1876 et devait quitter cette ville en 1880 pour Alger. C'est du Hâvre qu'il adressa à l'éditeur son manuscrit des Médaillons, c'est au Hâvre qu'il en acheva les sujets et l'agencement ; toute une partie des poèmes et le sort même du volume datent de ce lieu.

Chacune des poésies du recueil est le reflet du cadre, du milieu, de l'étude qui l'a suggérée. Le Risus Rerum, c'est le pays natal et la mer ; les Lares, c'est le culte des ancêtres .... littéraires ; Les inspirations vivantes ne vont pas lui manquer.

En plus de sa classe au Lycée, le jeune agrégé professait des cours à la pension que dirigeait Mlle Gyselinck ; les jeunes filles de la société qui y faisaient leurs classes, eurent pour la plupart, l'intelligence de découvrir quel professeur leur était destiné et quelqu'une eut l'ingénieuse idée de conserver des devoirs annotés, des sujets de composition littéraire, des plans de leçons qui font le plus grand honneur au jeune professeur amoureux de sa profession et travaillant déjà à ses délicats portraits littéraires qui feront plus tard sa gloire. Pour exercer davantage des dispositions aussi sérieuses que sûres, les circonstances manifestèrent vite le talent de Jules Lemaître ; en 1878, une École Normale professionnelle de filles s'ouvrit et Jules Lemaître y enseigna ; il débuta comme conférencier, non seulement en prononçant le discours d'usage à la distribution des prix de 1876 (Éloge de la Musique), mais en faisant tous les quinze jours d'octobre 1878 à mars 1879 dans la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville, une série de conférences, véritables cours sur les Romantiques, les Parnassiens, les Moralistes et les Contemporains (déjà) ; ce qui intéresse particulièrement dans ce détail, c'est que le conférencier citait en terminant ses portraits, le sonnet d'un ami ; cet ami, c'était lui-même ; le sonnet est pris parmi ceux des Lares.

On connaît l'aveu que contient une de ces dernières causeries (janvier 1913) sur ses débuts au Hâvre :

« …. Je n'étais pas beaucoup plus âgé que mes élèves. En réalité, j'étais encore plus jeune que mon âge. J'étais crédule tout en me piquant d'esprit critique, plein d'illusions, fou du Romantisme et de la Révolution. Mes livres de chevet étaient Victor Hugo, Michelet ou même Georges Sand dont je lisais et admirais alors jusqu'à Spiridion et Les Sept Cordes de la Lyre. Je ne sentais pas la vie et l'originalité extraordinaire de la seconde moitié du XVIIème siècle. Je préférais Corneille à Racine. Mais j'aimais les écrivains contemporains plus que tout, et j'ai gardé longtemps cette candide prédilection…. »

Si donc les réactions littéraires se manifestèrent si éloquemment dans ses travaux, peut-on enregistrer les réactions du cadre, du milieu dans ses poésies ? Il est tellement peu douteux qu'il ait pris parmi ses élèves quelque modèle à ses Puellae, que Jules Lemaître s'est donné lui-même le soin de le nier quand tout concorde à forcer sa discrétion. Dans une déclaration de février 1907, Jules Lemaître certifie n'avoir pas eu des modèles parmi ses auditrices.

« Mes élèves, disait-il, n'inspirèrent pas ces vers ; elles étaient presque des enfants. Plus tard, on y trouva des applications ; les fillettes firent, avec leur imagination, certains rapprochements après mon départ. »

Il n'est guère difficile de leur accorder un brevet d'observation ; eh ! quoi, un professeur de 22 ans, éloquent, disert, délicat, n'aurait produit sur les imaginations de jeunes femmes presque aucune impression ; et cet observateur ironique n'aurait vu dans aucune d'elles, la Mammosa par exemple, la Phtisica (dont il tirera plus tard Le Mariage Blanc) et Severa, protestante héroïque, elle qui va servir de première ébauche à cette tragique Aînée ? De bon sens, on ne peut sans nier les dons d'observation de l'écrivain, nier l'échange du professeur aux élèves comme des objets au poète. Il paraît superflu même de se livrer à ce jeu, quand pour les lieux par exemple, ils portent leurs indications précises. Pour donner plus d'éclat à ces inspirations, un témoignage de Mme Myriam Harry, d'après une confidence de Jules Lemaître lui‑même, peut suffire : Ces jeunes élèves ne lui furent pas toutes indifférentes, et bien qu'il ne commit aucune erreur cornélienne, ce furent les fiançailles d'une d'elles qui ouvrirent en lui la première blessure d'amour ; le timide professeur n'avait pas osé se déclarer ; il souffrit... un moment ; cette inconnue, c'est la Puella même, celle à qui appartient cette ironique partie des Médaillons. Le littérateur a pu vaincre l'amoureux ; il ne tirera du Hâvre qu'épreuves professionnelles, certitudes de sa vocation, exercices profitables, pas de l'amour certes, mais de cette douce éloquence et de cette subtile critique qui fera sa très sûre renommée.

Son manuscrit est prêt ; il va l'adresser à celui des poètes contemporains qu'il révère et qu'il semble aimer le plus ; il lui dédie ses premiers vers ; cette dédicace a été maintenue dans les différentes éditions comme un témoignage d'estime ; mais il y a plus ; on va lire la lettre que le poète des Tendresses adressait le 28 septembre 1879 à son jeune confrère qu'il dut ainsi patronner.

LETTRE DE SULLY-PRUDHOMME

« Monsieur et cher Confrère,

Car vous rimez aussi! Je n'en suis nullement surpris ; vous paraissez entrer trop intimement dans la pensée des poètes pour n'être pas leur complice. Je vous aurais remercié tout de suite de votre envoi et de la gracieuse intention que vous m'exprimez de me dédier ces sonnets, si j'avais eu votre lettre sans retard ; mais je vais et viens de la campagne à Paris, de sorte qu'il m'arrive de me croiser avec mon courrier.

Je suis très heureux d'apprendre que par nos goûts et aussi par nos relations, nous ne sommes pas l'un pour l'autre des étrangers. Monod est un de mes bons amis et c'est par lui que j'ai fait la connaissance de M. de Pomairols dont les poésies m'ont beaucoup intéressé ; enfin j'ai gardé le meilleur souvenir de M. Drion et de M. Anthaine, et je me rappelle, mais vaguement, les premières dents de Pistolet (2), aujourd'hui jeune homme distingué. Voilà bien des raisons pour que je me sente plus rapproché de vous et je serai tout-à-fait à l'aise pour vous dire combien vos sonnets m'ont plu, si je n'avais reçu de vous des éloges qui pourraient me faire un peu suspecter ma sincérité. Il faut bien cependant que je vous donne une opinion ; il m'en coûterait trop de ne pas vous faire part de mon entière satisfaction. Vous croirez sans peine que, partisan fidèle de la correction classique des vers, j'approuve de tout mon cœur la construction sévère des vôtres. Vous versifiez consciencieusement, c'est-à-dire que vous n'avez pas de ces rejets arbitraires qui ne sont motivés que par l'embarras où les nécessités de la rime jettent le poète maladroit ou paresseux. Vous avez vaincu la très grande difficulté de concilier la richesse des rimes, aujourd'hui exigée, avec le respect de la structure classique des vers, difficulté devant laquelle reculent tous les poètes sans courage.

Rien ne pouvait m'être plus agréable que de trouver chez vous cette double qualité (de rimer richement et de scander régulièrement) qui est si rare ; il est vrai que la versification pour celui qui veut lui conserver cette qualité est devenue extrêmement difficile et rend presque impossible la confection d'un long poème ; il faut y apporter un effort trop prolongé. Les dix portraits de jeunes filles sont charmants, parfaitement observés, plein de grâce et d'esprit. Inutile de vous dire que j'en accepte la dédicace avec le plus vif plaisir. Je vous signalerai seulement quelques passages qui m'ont un peu choqué. Je n'aime pas : „riche en convexités" (3). Ce mot abstrait devient légèrement comique ce qui n'est pas, ce me semble, dans le ton du sonnet. « Elle a le calme et la bonté des créatures » (4). C'est la seule fois, je crois, que vous ayez manqué à la règle de l'hémistiche. Mais l'exemple de plus d'un maître vous y autorise. Pour moi, je le regrette. Je n'oserai pas faire rimer, dans un sonnet surtout, « délié » avec « émacié » (5). Ces rimes sont pauvres (par exception dans vos vers). Je ne vois pas d'autres faiblesses à relever.... »

On sait le reste ; les faiblesses se retrouvent dans l'édition qui parut à la rentrée de 1880, quelques mois après l'adieu au Hâvre.

Puisqu'aussi bien Jules Lemaître professait pour les contemporains une admiration si vive, rien n'étonnerait plus que de ne le trouver pas dans le voisinage de Gustave Flaubert sans savoir qu'il alla rendre visite et hommage au solitaire de Croisset ; c'est ainsi que Jules Lemaître fut chaudement recommandé à Guy de Maupassant alors attaché au Cabinet du Ministre de l'Instruction Publique :

« Jules Lemaître à qui j'ai promis ta protection près de Graziani, écrit Flaubert, se présentera à ton bureau. Il a du talent et c'est un vrai lettré, rara avis, auquel il faut donner une cage plus vaste que Le Hâvre... »

Le brevet est légitime ; la recommandation fut efficace ; Jules Lemaitre resta un an en Alger ; il en revint avec un second volume de vers : « Petites Orientales, Une Méprise, Au jour le jour » qui parut en 1883, alors que professeur à Besançon, il allait quitter définitivement l'Alma Mater pour se consacrer entièrement aux Lettres.

En 1896, Jules Lemaître déjà connu et académisable réunit Les Médaillons aux Petites Orientales, les Lares à Une Méprise, le Risus Rerum à Au jour le jour ; c'est une édition complète ou mieux collective fort amputée. (6) Quelques Médaillons suggestifs et audacieux disparaissent : Publica, Urbana, Rustica ; il leur substitue une fine portraiture de bas-bleu : Litterata et à la galerie des Nations, il joint une piquante : Hispańa. Les pièces du genre léger, les souvenirs du Quartier, ce qu'il y aura de plus finement montmartrois — si l'on veut — dans l'édition des Médaillons disparaît : Étude de Prunelle, Son Chapeau, Rondel, Rondeau, Ballade de Questions, Ses Cheveux, Ballades et même cette mélancolique Nini Voyou. La pièce Odor di Femina devient prudemment Inquiétude. Quant à la raillerie Étude de Rhume, elle est supprimée aussi, pour son réalisme sans doute. Le Sucre, pièce très savoureuse dans sons parallèle, l'est trop peut-être, pour demeurer dans une édition châtiée ; les autres changements sont moins importants ; ils affectent des titres ou des dédicaces.

Telle est donc l'histoire du premier livre de Jules Lemaître. Les Bibliophiles Hâvrais ont quelque droit à le dire un peu de chez eux, un peu leur. Sans doute, les modèles des principaux Médaillons sont effacés ; les élèves qui vers 1880 avaient, les unes admiré l'éminent professeur et les autres peut-être éveillé les sentiments du jeune homme, se sont dispersées et ont pour la plupart oublié les cours, les conférences de Jules Lemaître à ses débuts ; combien même parmi ses heureux auditeurs y ont contracté le goût de la lecture et celui de notre littérature si féconde ? ... Qu'importe! Il est déjà heureux que quelques-uns s'en souviennent et que parmi eux il en est qui se soient imposé un sacrifice honorable en redonnant aux Médaillons leur physionomie première, en saluant le souvenir de Jules Lemaître au Hâvre et en revêtant ces poésies fines, spirituelles et calmes d'un habit qu'ils ont voulu beau et durable et dont le timide professeur aurait été surpris et satisfait.


RENÉ-LOUIS DOYON

Paris, juillet 1929.

NOTES

(1) Mercure de France 1-6-20 N 527

(2) qui devint le général Anthaine.

(3) Dans le sonnet « Mammosa ».

(4) Dans le même sonnet.

(5) Dans le sonnet « Phthisica ».

(6) Il faut remarquer que même cette nouvelle édition marque la mesure poétique de Jules Lemaître, car dans l'originale, Puellae et Lares portent en indication « Première Série », promesse qui n'a pas été tenue, première qui n'a jamais eu de seconde.

jeudi 7 avril 2011

Francis de Miomandre (1880-1959)


  • Le Patriarche : nouvelle / Francis de Miomandre ; ornée de cinquante-trois bois dessinés et gravé par Honoré Broutelle.- A Paris : Aux dépens de la Société de la Gravure sur bois originale, MCMXXIX [1929].- 18 p. ill. ; 28 cm.- (Nouvelles inédites ; 4).
    • Ce conte, le quatrième de la série des Nouvelles inédites, a été tiré à cent soixante-cinq exemplaires numérotés, aux dépens de la Société de la Gravure sur bois originale, sous la direction de M. Léon Comar. [Exemplaire] n°123 imprimé pour Monsieur Wendling [accompagné d'une suite des bois sous chemise].



mardi 5 avril 2011

Pierre Mac Orlan (1882-1970)


  • Petit manuel du parfait aventurier / par Pierre Mac Orlan.- Paris (12, rue La Boétie) : Éditions de La Sirène, 1920.- 85 p. ; 18,5 cm.- (Les Tracts).
    • Ce tract a été achevé d'imprimer le 7 juillet, sur les presses d'Henri Diéval, 57, rue de Seine. Il en a été tiré trois exemplaires sur vieux papier du Japon, numérotés de 1 à 3, et trente exemplaires sur papier de Corée, numérotés de 4 à 38.

dimanche 3 avril 2011

Jean Joseph Raepsaet (1750-1832)


  • Les Droits du seigneur : recherches sur l'origine et la nature des droits connus anciennement sous les noms de droits des premières nuits, de markette, d'afforage, marcheta, maritagium et bumede / J. J. Raepsaet.- Rouen (1, rue des Carmes) : J. Lemonnyer libraire, 1877.- 57 p. ; 14,5 cm.
    • Réimpression textuelle [de l'édition de Gand, 1817] tirée à 2 exemplaires sur papier rose, format in-8 ; 100 exemplaires sur grand papier, format in-8, numérotés ; 250 exemplaires sur papier vélin, format in-16.


AVANT-PROPOS

Si ces droits ou redevances avaient existé dans le sens ou de la manière que des écrivains peu instruits ou peu sincères l'ont rapporté, il y aurait eu un temps & même une série de siècles, où la fornication était un droit & la prostitution un devoir ; où la foi conjugale devait être violée aussitôt que promise, & où le lit nuptial devait être flétri avant de recevoir de légitimes époux ; car il ne s'agit de rien moins, au dire de ces écrivains, que de, croire, qu'à ces époques moins éloignées qu'ils ne s'en doutent, le maître avait droit de passer la première nuit avec la nouvelle épouse de son serf & le seigneur avec celle de son vassal ou de son homme ; c'est-à-dire de son censitaire. Encore, s'ils rapportaient ces droits & ces usages à des peuples païens, ou si, en les attribuant aux Français, aux Belges & aux Allemands, ils en reculaient l'existence à ces époques, où la morale de l'Évangile leur était encore inconnue ; mais les attribuer à des peuples catholiques, & à des époques où ils étaient déjà pleinement policés, & surtout en partie à ces temps où l'esprit de la chevalerie avait élevé les femmes en idoles, & où l'honneur avait rangé la foi mentie dans la classe des crimes les plus affreux, ah ! c'est le comble de la crédulité ou de la méchanceté que d'oser soutenir des fables aussi absurdes !

Il faut en convenir, cependant, le premier qui les a débitées peut l'avoir fait de bonne foi & par ignorance, car l'histoire du régime féodal, contre lequel on s'est tant récrié depuis un siècle, est très peu connue, puisqu'elle tient à l'étude de l'histoire du moyen-âge, laquelle, toute importante qu'elle est, est encore trop négligée. Les historiens, a dit M. Laurent van de Spiegel, dernier grand-conseiller, pensionnaire des états de Hollande & de West-Frise, un des antiquaires les plus instruits du dernier siècle, & qui m'honorait de son amitié, les historiens, a-t-il dit, qui ont voulu nous apprendre l'origine & le progrès de nos droits civils & politiques, remontent jusqu'à la naissance de nos coutumes ou chartes de villes, au treizième siècle, & passent de suite à la période romaine & gauloise, pour trouver des analogies dans César & Tacite ; laissant ainsi, dans l'intervalle, une période de onze siècles, pendant laquelle le savant Wagenaar avoue qu'il ignore comment la Belgique a été administrée & gouvernée. Faut-il donc s'étonner, qu'à la renaissance, des lettres, au quinzième siècle, nos écrivains n'aient pas compris la signification des mots que leur offraient les chartes du moyen-âge, qui avaient survécu aux siècles d'ignorance & aux ravages des barbares comme à ceux du temps ? Nous en avons une preuve dans le sujet qui nous occupe, puisqu'une foule d'écrivains ont confondu le Marcheta ou le Maritagium avec le Jus primae noctis ou le Droit des premières nuits, tandis qu'ils n'ont rien de commun entr'eux. Le premier consiste en une bonne maxime d'état, l'autre en un conseil évangélique ; la démonstration de cette vérité forme le sujet de la présente dissertation.


vendredi 1 avril 2011

Lorenzo Veniero (1510-1550)


  • Le Trente et un de la Zaffetta : poème / de Lorenzo Veniero, Gentilhomme Vénitien, XVIe siècle ; littéralement traduit, texte italien en regard.- Édition bilingue.- Paris (5, quai Malaquais) : Isidore Liseux éditeur, 1883.- XV-79 p. ; 16,5 cm.
    • Texte italien-français. Tiré à cent cinquante exemplaires numérotés. [Exemplaire] n°113.