samedi 27 juin 2009

Claude Deschamps sieur de Villiers (1600-1681)


  • La Vengeance des Marquis ou Réponse à l'Impromptu de Versailles : comédie en prose réimprimée textuellement d'après l'édition originale, Paris, Loyson, 1664 / notice par le bibliophile Jacob.- Turin : chez J. Gay et fils, éditeurs, 1869.- VIII-34 p. ; 15,5 cm.- (Coll. molièresque).
    • Collection molièresque tirée à cent exemplaires numérotés : 96 sur papier de Hollande et 4 sur papier de Chine plus deux sur peau de vélin. Exemplaire n°31.
    • [Cat. BnF : Notice n° : FRBNF31584443 - Attribué à tort à Jean de Villiers, fils de Claude Deschamps, par P. Lacroix.]

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NOTICE SUR LA VENGEANCE DES MARQUIS

Les bibliographes du théâtre citent deux éditions de cette comédie, toutes deux de 1664, l'une publiée par Étienne Loyson et l'autre par Gabriel Quinet ; nous avons tout lieu de croire qu'aucune de ces éditions n'existe, et Beauchamps, dans ses Recherches sur les théâtres de France, a soin de remarquer que cette comédie a paru sans privilège. Nous supposons que le privilège fut refusé à l'auteur, ou du moins à son libraire Gabriel Quinet, car celui-ci, pour la mettre au jour, dut la cacher pour ainsi dire, dans un volume de nouvelles intitulé: Les Soirées des auberges, où elle occupe les pages 79-155.

C'est dans ce volume peu connu et fort rare, que les faiseurs de collections drama­tiques ont dû l'aller prendre, afin de pouvoir compléter le théâtre de J. de Villiers. Il en résulte que tous les exemplaires de cette comédie, qu'on a vu figurer dans les ca­talogues et dans les ventes, n'appartiennent pas à une édition originale qui n'a jamais existé, mais ont été découpés dans les Soirées des auberges, publiées sans nom d'auteur, en 1664, chez Gabriel Quinet.

Nous avons de la peine à deviner ce qui avait pu faire, mettre à l'index cette pièce satirique, représentée avec succès, le 13 dé­cembre 1663, sur le théâtre de l'Hôtel de Bourgogne, où l'on avait déjà joué avec non moins d'applaudissements le Portrait du Pein­tre, comédie de Boursault qui était aussi une réponse à l'Impromptu de Versailles, et à la Critique de l'École des femmes. Le cheva­lier de Mouhy, dans son Histoire abrégée du théâtre françois, où il a fait assez mauvais usage des meilleurs documents, n'a pas manqué de constater le sentiment général de réprobation que la Vengeance des Marquis avait soulevé parmi les honnêtes gens : « Cette satyre trop piquante, dit-il, déplut, parce que la critique tombait plus sur Molière que sur sa pièce. »

Il y a donc certainement, dans cette co­médie, des allusions perfides qui nous échap­pent et qui sautaient alors aux yeux de tout le monde. La comédie est détestable, et elle n'offrait au public qu'un intérêt de cu­riosité à cause du talent des acteurs qui imitaient d'une manière burlesque le jeu de Molière et des principaux comédiens du Palais-Royal ; mais ce qui fit refuser un privilège pour l'impression de la pièce, ce fut quelque trait sanglant dont Molière avait pu se plaindre et que ses amis n'avaient pas pardonné à de Villiers.

Il y a par exemple une chanson de la Co­quille qui se rapporte sans doute à quelque anecdote galante ou scandaleuse, à laquelle aurait donné lieu la première représentation des Factieux, au château de Vaux, lorsque la jeune femme de Molière joua dans le pro­logue le rôle d'une naïade sortant des eaux dans une coquille. L'avis au lecteur qui se trouve à la fin de la Vengeance des Marquis ne laisse pas de doutes à cet égard ; nous y apprenons que cette chanson de la Coquille avait été chantée déjà dans le Portrait du Peintre.

La comédie du sieur de Villiers est diri­gée surtout contre Molière comédien ; nous y trouvons pourtant un détail précieux sur la présence de Molière, assistant en plein théâtre à une représentation du Portrait du Peintre. Villiers est le seul auteur qui parle de l'interminable brouhaha qui accompagna l'apparition de Molière sur la scène même de l'Hôtel de Bourgogne, au milieu des Marquis.

Villiers et sa femme jouaient dans la pièce où Molière était si outrageusement vilipendé par ses ennemis qui avaient osé le livrer en personne aux rires insultants du public. La Vengeance des Marquis n'avait été faite que pour continuer cette espèce de pilori dramatique, auquel on attachait tous les soirs l'illustre auteur des Précieuses ridicules, et de l'École des Femmes ; mais de Villiers laissait à Boursault l'exécution de l'écrivain ; il se réservait de frapper sur le comédien, par jalousie de métier. Molière avait répondu aux épigrammes de Boursault ; il ne daigna pas relever les platitudes de Villiers.

P. L. JACOB, bibliophile


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[4e de couv]

COLLECTION MOLIÈRESQUE
TIREE A CENT EXEMPLAIRES SEULEMENT
avec Notices par MM. P. LACROIX et autres bibliophiles

EN VENTE :

Le Songe du Resveur. Paris, Guill. de Luyne, 1660, in-12. Non cite dans le Manuel. — Prix: 3 francs.

Le Roy glorieux au monde, par le curé de Saint-­Barthelemy. — Pamphlet contre Molière et Turenne — Réimpression faite d'après l' exemplaire unique de la Bibliothèque Impériale. Cet exemplaire, le seul qui ait échappé à la destruction de l'édition, est celui que l'au­teur avait offert à Louis XIV. — Prix: 5 francs.

Élomire hypocondre, ou les Médecins vengez, comédie, par M. La Boulanger de Chalussay. Paris, Ch. de Sercy, 1670, in-12, avec un frontispice. —Prix: 10 fr.

Joguenet, ou les Vieillards dupés comédie en 3 actes. Première forme des Fourberies de Scapin. Im­primée, pour la première fois, d'après un manuscrit du XVIIe siècle, et qui parait, être autographe. — Prix: 12 fr.

La Guerre comique, ou la Défense de l'Escole des femmes. — Paris, 1664, avec Notice de M. P. L. — Prix: 6 francs.

L' Enfer burlesque ; le Mariage de Belphégor et les Épitaphes de M. de Molière. Cologne, Jean Le Blanc, 1677, in-12, avec un frontispice. —Prix: 10 francs.

Le Ballet des Incompatibles, par Molière, 1655. Réimpr. avec Notice de M. P. Lacroix. — Prix: 3 fr.

La Fameuse comédienne ou Histoire de la Guérin , auparavant femme et veuve de Mo­lière (Attribué à Racine et à La Fontaine). Prix: 7 fr.

Zélinde , ou la véritable critique de l'Escole des femmes, comédie. Paris, G. de Luyne, 1663. Réimpression avec Notice. — Prix: 7 francs.

La Critique du Tartuffe, comédie. Paris, G. Quinet, 1670. Réimpression avec Notice. — Prix: 5 francs.

Les Véritables précieuses, comédie en prose. Paris, Jean Ribou, 1660. Réimpr. avec Notice. — Prix: 6 fr.

La Vengeance des Marquis, comédie. Paris, Loyson, 1664, avec Notice. — Prix: 4 francs.