lundi 3 août 2009

Félix Galipaux (1860-1931)


  • Galipettes / F. Galipaux ; dessins de P. Baron, E. Béjot, Béthune, Courchet, Detouche, Frim, Gray, Lheureux, L. Loir, Merwart, Mesplès, H. Pille, Ray, Teyssonnière, Valton, [préface d'Aurélien Scholl].- Paris (2, rue Antoine-Dubois) : Jules Lévy, 1887.- III-330 p. : ill., couv. ill. ; 19 cm.

PRÉFACE

Si tous ceux qui ont applaudi Galipaux, tous ceux qu'il a fait rire, achetaient son livre, ce serait — comme le briquet de Fumade — le plus grand succès qu'on puisse voir de nos jours !

Il est si gentil, ce petit Galipaux.

Il y a des jours où on le prendrait pour Déjazet, et on se demande pourquoi il ne joue pas les PREMIÈRES ARMES DE RICHELIEU et le VICOMTE DE LÉTORIÈRES.

Un comique qui n'a rien de grotesque, le cas est presque unique. Hyacinthe avait son nez, Ravel avait sa tournure, Baron a un vice de prononciation qui lui rapporte soixante mille francs par an.

De tous les coniques connus, l'un a la maigreur ; l'autre l'obésité. Galipaux n'a que la gaîté, l'esprit, la finesse des nuances. Il voudrait être ridicule qu'il ne pourrait pas y arriver.

Il justifie le proverbe : Qui peut le plus peut le moins. Un premier prix au Conservatoire lui donnait de droit son entrée à la Comédie Française ; mais Galipaux mesura Coquelin qui signait de la rue Lafayette des décrets de Moscou, et, prudemment, il prit l'autre côté du Palais-Royal. Le premier prix du Conservatoire signa un engagement de cinq ans avec le théâtre où triomphèrent Sainville, Arnal, Alcide Tousez, Achard, Gil-Pérez. Et là, même là, on le tint trois ans sous le boisseau. Les jeunes ont à lutter partout.

Il est cependant méridional, ce jeune comique arrivé à la force du poignet ; mais le midi lui-même est étouffé par les syndicats et les coalitions.

C'est pourquoi Galipaux, désireux d'occuper, ses loisirs, se mit à écrire de petites études, des esquisses, des monologues, des proverbes qui ont prouvé qu'il était capable de débiter autre chose que l'esprit des autres.

Après les DEUX ÉPAVES, saynète en vers, Galipaux se révéla sous trois formes différentes dans le VIOLON SÉDUCTEUR : auteur, comédien et violoniste, il savoura trois succès en une séance.

Pourquoi du Palais-Royal est-il allé à la Renaissance ? Et pourquoi de la Renaissance ne va-t-il pas à la Comédie Française où son début serait une véritable RENTRÉE ? Son professeur, son maître, le grand Régnier, ce comédien qui, sous l'Empire, était plus vénéré qu'un sénateur, n'est plus là pour lui ouvrir la barrière. Et cependant quel Mascarille et quel Scapin ferait ce Galipaux, né pour les planches, qui a dû renoncer provisoirement à Molière et à Regnard pour interpréter Blavet et Bisson ! — Il y a des degrés, disait à Alexandre Dumas le président du tribunal de Rouen. Galipaux les franchira.

En attendant, l'excellent comique, le comédien poète et auteur, offre au public les fleurs de son imagination. La plupart des morceaux qui composent ce volume ont paru dans les journaux de Paris, non point dans les feuilles volantes et éphémères, mais bien dans les journaux qui ont des abonnés — comme l'Opéra. Galipaux a été imprimé tout vif dans le FIGARO, dans l'ÉCHO DE PARIS, dans l'OPINION, dans l'ESTAFETTE. La Renaissance, l'Athénée les Menus-Plaisirs, le théâtre Déjazet ont donné de ses pièces. Il mérite d'être lu, ayant mérité d'être écouté. Et puisqu'il ne joue que le soir, lisez-le le matin.

AURÉLIEN SCHOLL.