samedi 26 avril 2008

Nathaniel Hawthorne (1804-1864)


  • La lettre écarlate / par Nathaniel Hawthorne ; traduit de l'anglais par Henry Langon ; frontispice de Ch.-Ernest Smets.- Bruxelles : Le Carrefour, 1945.- 246 p.-1 f. de pl. en front., couv. cartonnage illustré ; 17,5 cm.- (La perle et l'écrin ; 1).
    • Du présent ouvrage, premier titre de la collection "La Perle et l'écrin", il a été tiré trois mille exemplaires sur velin pelure, enrichis d'un frontispice par Ch.-Ernest Smets, livrés sous une reliure originale réalisée d'après la maquette de José Walraff et numérotés de 1 à 3000. il a été tiré en outre vingt-cinq exemplaires hors commerce marqué H. C. de I à XXV. Exemplaire n°157.


[Avant-propos]

NATHANIEL HAWTHORNE (1804-1864), que l'on a appelé « le plus grand interprète de la vie et de l'esprit de la Nouvelle-Angleterre », naquit à Salem, le 4 juillet 1804, descendant d'une famille de fermiers et de capitaines au long cours, d'origine anglaise. Privé, jeune, de son père, il grandit entre sa mère et sa sœur aînée. Sans doute cet entourage féminin ne contribua-t-il pas peu à affiner sa sensibilité. Après des études au collège de Bowdoin, où il eut pour amis le poète Longfellow et Franklin Pierce, futur prési­dent des U. S., il retourna à Salem, où il vécut douze ans solitaire, partageant son temps entre de longues promenades au crépuscule et des travaux littéraires qu'il ne publiait pas.

En 1830, l'éditeur S.G. Goodrich apprécia ses nou­velles et en inséra une dans son recueil annuel : The Token.

Plus tard, Hawthorne se mit à collaborer au Knicker­bocker Magazine, produisit diverses choses dont une histoire universelle et, avec son ami Bridge, un recueil de Twice-told tales (histoires deux fois dites) qui lui donna quelque réputation. Il travailla encore à la Democratic Review ; puis en 1839, grâce à des appuis amicaux, entra aux Douanes de Boston.

Deux ans plus tard, il perdit sa place et se retira à la Brook Farm, sorte de phalanstère socialiste selon Fourier, qu'avait fondé George Ripley en 1841. Mais il s'en alla vite et, dix ans plus tard, raconta l'histoire de cette bizarre entreprise dans The Blithedale romance.

En juillet 1842, il épousa Miss Sophia Peabody et se retira à Concord, au Vieux Presbytère, où il goûta quatre années d'un bonheur idyllique. Il a évoqué cette époque dans Mosses front an old Manse avec infini­ment de charme et une délicatesse qui fait songer à Daudet.

En 1845, il rentra aux Douanes, mais perdit sa place quatre ans plus tard. Il a raconté comment et pour­quoi dans l'introduction au roman qu'on va lire, ainsi que la façon dont il a eu l'idée de cette étrange histoire qu'est La Lettre Écarlate, et la manière dont cette œuvre s'est imposée à lui. Au printemps de 1850, elle parut. Tout de suite, ce fut un immense succès dans tous les pays de langue anglaise. Désormais, Hawthorne était une gloire internationale.

En 1852, son vieil ami Pierce était élu à la Prési­dence ; il fut nommé consul à Liverpool. Il visita l'Angleterre, puis le continent, et connut l'Italie. En 1860, il revint en Amérique, écrivit encore quelques romans qui, s'ils n'ont pas la profondeur de La Lettre Écarlate, n'en sont pas moins d'une lecture agréable et, le 24 mai 1864, mourut à Plymouth (New Hampshire). Il fut enseveli à Concord, où sont aussi les mausolées d'Emerson et de Thoreau.

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Environ 1860, il a paru en France une traduction de The Scarlet Letter, mais il y règne quelque fantaisie, singulièrement dans la façon dont le traducteur de l'époque a redistribué l'économie du chef-d'œuvre haw­thornien. L'Avant-Propos, notamment, a été tout à fait omis, ce qui enlève au lecteur le bénéfice de cin­quante pages pleines de charme, de piquant, d'intérêt, et que plus d'un bon juge serait tenté de préférer au roman lui-même. Il fit grand bruit à l'époque et valut quelques tracas à son auteur. Aujourd'hui que nous ne connaissons plus ceux qu'il évoque, nous en rions encore, car, enfin, quelque chose est-il plus éternel que la charmante incurie des fonctionnaires ?

On n'ira pas jusqu'à le préférer au roman lui-même. Il n'en a ni la force ni le mordant. Néanmoins, il serait sot de le négliger. Le roman paraît singulière­ment âpre et violent après ses cadences molles et ses évocations mélancoliques ou souriantes. Pour le lec­teur qui aura interverti l'ordre de sa lecture, il paraî­tra rafraîchissant, après les fournaises soufrées du roman.

L'ÉDITEUR.